Chapitre 5

243 17 5
                                    

Toutes les têtes se tournent vers moi. J'ai pas de sac, aucune affaire. Juste mon corps meurtri et c'est tout. Je vais vers mon casier et prends ma tenue d'entraînement.

Heureusement que je l'ai laissé là.

J'enlève d'abord mon jogging, l'endroit où il y a le moins de marques puis enfile vite mon bas puis enlève mon pull et mon t-shirt et mets toutes les protections ainsi que mon t-shirt à l'effigie de l'équipe de l'université.

Je mets mes chaussures et, en voulant sortir, je rentre dans un torse. Et, sans le casque, je me défonce le nez.

- Si jamais tu as besoin, hésite pas, me dit Elijah avant de courir rejoindre le reste des gars.

Je sors sur le terrain, la gueule éclatée je le sais, j'ai pas eu le temps de me soigner et Elijah n'a, je pense, pas voulu parler de ce qu'il s'est passé. A juste titre.

Je sens des regards sur moi et surtout ma tête mais je fais semblant que ça ne me perturbe pas. On s'entraîne pendant 2 heures qui me paraissent être des décennies, puis, quand l'entraînement est fini, j'enlève mon casque qui appuyait sur mon arcade et je vois du sang, beaucoup de sang couler de ma plaie.

- Putain ! je jure avant de plaquer ma main contre mon sourcil pour arrêter les saignements.

Certains gars froncent les sourcils, d'autre me dévisagent, mais seulement deux viennent m'aider : Nick et Elijah.

Nick prend mon casque de ma main, Elijah me fait avancer vers les vestiaires. Une fois à l'intérieur, je m'assois, enfin, m'affale comme une vache sur un banc, plaquant ma tête contre le mur de derrière.

J'ai fermé l'œil droit, celui tuméfié, pour éviter d'avoir du sang dedans. J'ai pas envie de devoir aller chez l'ophtalmo parce que j'suis devenu malvoyant.

Le coach arrive à ce moment pour dire son discours pour demain pendant que Elijah me soigne. Il met du désinfectant sur une compresse et l'applique sur mon arcade.

- Vous le savez tous, commence le coach. Demain on affronte, vous affrontez les Shadows White, une putain d'équipe très, très forte. On joue pour les 8e de finale les gars. 5 ans qu'on est pas arrivé aussi haut dans le championnat. 10 ans qu'on a pas été jusqu'en quarts. C'est à vous de changer ça, et vous en avez les capacités. Pas de fête ce soir, vous vous reposez, prenez un bon bain chaud et massez vos muscles. Je vous veux en forme. Tous. Il faut les éclater, et on va les éclater. Vous m'avez compris ?

- Oui coach, on répond tous en même temps.

- J'AI PAS ENTENDU ! VOUS AVEZ COMPRIS ?! hurle-t-il.

- OUI COACH ! on hurle à notre tour.

Il sort après notre réponse et nous nous changeons tous. En allant aux douches, je remarque des coups d'œil indiscrets qui me font me sentir oppressé.

Je déteste être le centre du monde. Encore plus parce que j'ai la gueule éclatée.

Je rentre dans une cabine et me déshabille. Je commence à me savonner et, au bout de quelques minutes, je suis seul dans les douches. Et même dans les vestiaires.

La lumière est allumée mais il n'y a aucun bruit, pas de mec qui rigole fort, pas de porte de casier qui claque. Rien. C'est un silence de mort. Très oppressant.

Je m'habille et, sans m'y attendre, je sens une poigne attraper mon t-shirt et me coller violemment à mon casier.

Ce dernier fait un bruit et le verrou métallique s'ancre dans ma peau, me faisant grimacer de douleur.

Je lève la tête et remarque des yeux. Des yeux que j'aurai aimé ne plus avoir à regarder. Les siens. Il est venu me chercher. Je vais mourir.

Un jour, tu sauras (MM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant