Chapitre 18

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Elijah

Ça fait deux jours que j'ai pas dormi. Comment pourrais-je y parvenir en sachant que mon meilleur ami va peut-être voir ses espoirs et ses rêves voler en éclat ? Comment pourrais-je dormir tranquillement pendant que mon frère est entre la vie et la mort ? C'est impossible.

Cole devrait venir dans ma chambre aujourd'hui. On est en surveillance pendant soixante-douze heures. Nick est encore en réanimation. Ça fait cinq jours que l'accident est passé. Ça fait cinq jours qu'un connard a essayé de nous buter. Et je sais pas pourquoi mais j'ai un mauvais pressentiment. Je ne cesse de me dire que c'est peut-être Jason. Et quand il va apprendre qu'il a échoué, il va recommencer.

Mon cerveau retourne vers Nick. La vision de son corps froid et dur s'impose à moi et me fait gerber. Pas Nick. Tout le monde mais pas Nick. Pas ma famille. Aucun d'eux.

La porte s'ouvre et laisse entrer Cole dont le lit est poussé par les infirmiers.

— Voilà, vous serez tout le deux jusqu'à ce que vous sortiez, vous avez des questions, demande une femme en vérifiant les fils auxquels je suis branché.

— Comment va Nick Davis.

Le silence plombant me fait peur, surtout quand je vois le visage de Cole se fermer. Il n'a pas dit un mot depuis qu'il est rentré dans la pièce et j'ai l'impression que ça va aller en s'empirant.

Cole

« T'as compris le message? J'espère que tes potes ont une bonne mutuelle santé, elle leur servira pour l'avenir. »

C'est le message que j'ai reçu quelques heures après l'accident et que je n'ai pu ouvrir uniquement il y a quelques heures.

C'est le message qui tourne en boucle dans ma tête sans me laisser de repos. C'est le message qui me pousse à faire ce que je m'apprête à faire.

C'est le message qui m'oblige à mettre un terme à cet immense bonheur que j'ai connu auprès d'Elijah.

Je ne peux pas lui infliger ça. Je ne peux pas le condamner à voir ses proches souffrir, se faire agresser ou pire, au même titre que lui, et c'est ce que ma présence offre comme seul cadeau. Et je m'y refuse.

Alors pour le bien de sa famille et du sien, je suis prêt à renoncer à vivre heureux.

J'ai demandé aux médecins pendant qu'Elijah était dans un état semi-comateux si je pouvais sortir de l'hôpital, demande qui m'a été refusée sous prétexte que les séquelles pouvaient être visibles même quarante-huit heures après l'accident et qu'il valait ainsi mieux me garder en observation.

C'est comme ça que je me retrouve dans la chambre de l'homme que je vais quitter parce que je refuse de le faire souffrir, et je ne peux lui apporter que ça : de la souffrance. Et même si je ne veux pas m'en aller, par amour je le fais.

Les infirmières rentrent, sortent, re rentrent et re sortent tandis que je suis toujours dans mes pensées à tenter de démêler ce nœud d'incertitude, de peur, de honte et de tristesse.

Je ne peux m'empêcher de me poser une multitude de questions auxquelles je n'aurais réponse que dans l'avenir. Et si même en sortant de leur vie, Jason décide quand même de leur faire du mal ? Et si m'éloigner ne suffisait pas ? Et si j'étais condamné à faire souffrir les gens, immanquablement ? Et si j'étais juste une merde bonne à se foutre en l'air comme j'ai plusieurs fois tenté ?

La peur m'assaille tandis que je rumine. Il va me tuer. Il va nous tuer. Mais je ne veux pas les perdre. Je ne veux pas qu'ils souffrent. Ils avaient une vie avant moi, une vie qu'ils doivent retrouver.

Un jour, tu sauras (MM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant