Chapitre 20

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Quelques heures plus tôt, milieu d'après-midi
Elijah

Mon téléphone se met à sonner. Sans même réfléchir, je me jette dessus et regarde qui m'appelle. Un numéro inconnu. La tristesse mêlée à la honte m'obstrue la gorge et me donne envie de pleurer et de gerber le peu de nourriture que j'ai ingéré aujourd'hui.

Déçu que ça ne soit ni Cole, ni Nick, je repose mon téléphone et me recouche. La sonnerie s'arrête pendant que ma porte d'entrée s'ouvre sur mon frère, mon chien et Anastasia qui part dans la cuisine sans même me regarder. Nate, lui, s'approche de moi et après m'avoir fait un bisous sur la joue, il s'installe à côté de moi.

Anastasia revient avec un plateau remplit de bonbons, de chips, et trois tasses de café et de chocolat chaud pour mon petit frère. Elle se pose et sirote sa boisson comme si elle payait le loyer, qu'elle était mariée et avait trois gosses.

Finalement, elle se tourne vers moi après avoir posé sa tasse et me regarde fixement, comme si elle cherchait ses mots.

— Qu'est-ce que t'as sale russkof ? T'as cru tu t'appelais Marie-Hélène, quarante-six ans, daronne de trois mômes ou quoi ? Tu t'appelles Anastasia, t'as quatorze ans et t'es au collège, dis-je en riant.

Mais elle ça la fait pas rire, alors je redeviens sérieux et me redresse sur le canapé où Cole a plein de fois dormi blotti dans mes bras.

— Elijah, je rigole pas. Il faut qu'on parle sérieusement. Ça fait une putain de semaine que vous avez eu ce foutu accident et quatre jours que t'es vautré dans ce putain de fauteuil à rien foutre ! Nick va peut-être mourir mais j'ai l'impression que tu l'es déjà ! Vous avez un match aujourd'hui à seize heure, t'as intérêt à y aller. Je vais y aller avec Johan et Nate. Le rêve de Nick, c'est de faire carrière dans le sport, avec toi. Sauf que si ça se trouve, il pourra pas, alors j'espère que tu auras assez d'amour pour lui pour réaliser vos rêves.

Elle se lève et après avoir ranger ce qu'elle a ramené dans la cuisine, elle prend la main de Nate et l'emmène avec elle.

— Allé viens, crapule. On va se préparer.

Je savais qu'elle avait du caractère mais je ne pensais pas autant. Elle a raison, je dois me bouger le cul. Pour Nick, pour moi, pour nous. Mais c'est plus simple à dire qu'à faire. Plus rien ne va dans ma vie. Cole et Nick m'ont abandonné mais je me rends compte que j'ai délaissé pendant presque une semaine et demis mon petit frère et ma petite sœur. Je suis quel genre de personne pour faire ça à des enfants qui ont encore besoin de moi ? Quelle image de moi je leur donne. Je dois aller m'excuser de m'être comporté comme un ado en crise existentielle. Après avoir pris une douche et t'être lavé tout court parce que là tu pues tellement la mort qu'ils vont avoir l'impression d'être dans une morgue.

Je me lève et comme à chaque fois que ce genre de périodes arrive, je vais directement dans la salle de bain pour prendre une douche, me raser, me laver les dents et mettre des vêtements propres. Une fois ça fait, je me dirige vers la seule chambre de l'appartement où nous allons finalement rester, faute au manque de moyen dû à l'absence de Nick et de Cole.

Faut que j'arrête d'y penser. Que je passe à autre chose au moins aujourd'hui. Je dois garder la tête froide pour le match.

Parce que si on perd, je peux dire adieu à ma bourse ainsi qu'à ma carrière. Adieu à tout. Et il est hors de question que je reste dans cette ville de merde sans avoir la possibilité de voyager, de faire plaisir à ma famille et d'avoir un appartement assez grand pour ne pas être obligé de squatter le canapé pour pouvoir dormir sur un matelas — matelas même pas confortable.

Un jour, tu sauras (MM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant