Chapitre 21

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Cole

     Quand j'arrive chez Mike, c'est seul que j'entre. Je pose ma veste mais très vite, James et Dean s'approche de moi. Ils me sourient, je leur souris en retour et finalement, ils m'entraînent à leur suite sur la piste de danse improvisée. 

     J'avoue que j'ai du mal à comprendre pourquoi ce rapprochement soudain. Je ne leur fais pas confiance, pour autant je ne dis pas non à du lâché prise. Dean s'en va aux chiottes, nous laissant seuls ensembles James et moi. 

—    Viens, on va dans le jardin, il y a trop de monde ici.

     Je fronce les sourcils, ne comprenant toujours pas pourquoi. Il me sourit et se retourne, me tirant doucement avec lui après avoir attrapé ma main. Pourquoi il veut aller dans le jardin ? Il est habitué à être entouré comme un animal de foire. Peut-être qu'à force ça le pèse et il a besoin d'en parler ? On verra bien.

    Quand il trouve un endroit assez bien pour lui, il lâche ma main et s'installe, m'invitant à faire de même à côté de lui. 

     Puis, qu'est-ce qu'il peut m'arriver si je m'assois à côté de lui. Il ne va pas me manger.

—    Je voulais te dire que j'étais désolé. Pour ce que je t'ai dit sur ton homosexualité. Je... je voulais juste que tu saches ce que je m'apprête à te dire avant que tu me pardonnes ou pas. Je sais que c'est pas excusable mais... en fait, mon père est militaire, et ma mère d'origine musulmane. Et je sais que tu vas te dire « j'en ai rien à foutre tu m'as tabassé parce que je suis gay » et tu aurais raison. Mais le truc c'est que, dans l'armée et chez les maghrébins, t'as pas trop le droit d'aimer les mecs quand t'en es toi-même un. Sauf qu'un jour, mes parents étaient en voyage chez la famille de ma mère. Et j'ai ramené un mec que j'aimais vraiment bien à la maison et, bref je vais pas te faire un dessin de ce qu'on allait faire, je pense que tu vois.

     Je hoche la tête pour lui dire que oui mais il s'interrompt quand même en regardant autour de nous s'il n'y a personne. 

—    Je l'aimais vraiment beaucoup mais je savais pas que ses parents étaient des amis du travail de mon père. Je l'ai revu plusieurs fois, on l'a fait plusieurs fois, c'était génial. En plus de désobéir à mes darons, j'aimais ce mec avec qui je faisais ce qui était interdit tu vois. Sauf qu'un jour, je lui ai demandé s'il voulait venir chez moi parce que mes parents étaient pas là. Il m'a dit qu'il était chaud parce que les siens étaient pas là non plus et qu'il voulait pas être tout seul. C'était mignon de nous voir faire. On agissait comme des ados qui faisait un truc illégal alors qu'on s'aimait juste, enfin bref. Tu t'en doutes, ses parents étaient avec les miens. On était sur le point de... bref, et ils sont rentrés tous les quatre. Sauf qu'on les a pas entendu, tu te doutes de pourquoi je pense. Mais mon père m'a appelé et comme j'ai pas répondu, il est monté. Il nous a vu tous les deux à moitié à poil sur le point de faire l'amour et ça lui a pas plu. Il a compris. Toutes les fois où je disais que j'allais faire une soirée chez une meuf, en fait on se retrouvait dans un parc où personne n'allait jamais. Il l'a pas accepté. Mais il savait toujours pas à ce moment là que le mec à qui j'étais sur le point de faire l'amour était le fils de ses amis. Il nous a ordonné de nous habiller et de descendre. Quand on s'est retrouvé devant nos parents respectifs dans le salon, en jogging pour ma part et lui avec mon t-shirt, ma mère s'est mise à hurler que j'étais pas son fils, qu'elle n'avait pas mis un pédé au monde, et la sienne a vomi. Son père s'est levé et lui a foutu une gifle monumentale. J'ai cru que j'allais tuer quelqu'un. Si tu savais comment je l'aimais... le mien, en voyant que je m'apprêtais à me jeter sur son connard de pote, m'a tabassé comme il l'avait encore jamais fait devant tout le monde. Mais c'était pas ça le plus douloureux. Nan, ce qui m'a fait le plus de mal, c'était entendre ses pleurs. Les pleurs de mon mec, celui dont j'étais amoureux comme un fou. Celui pour qui j'aurai pu tout faire sauf le protéger de nos parents. Ils sont partis de chez moi, l'emmenant avec eux sans même nous laisser nous enlacer ou nous dire au revoir. Je l'ai regardé quitter ma maison, mais lui n'a même pas pu se retourner. Je l'ai plus jamais revu. Je l'ai croisé quelques fois au lycée mais il avait peur de son père, je le sais parce qu'il me l'avait dit, donc il baissait les yeux dès qu'on se croisait dans les couloirs et il changeait même de direction quand c'était trop pour lui. Depuis ce jour, chaque soir, mon père m'insultait de pédale et me frappait. J'ai plus jamais touché un homme. Je me suis forcé à pas gerber quand la meuf que mes parents m'ont ramené pour me marier a essayé de me toucher. Elle m'aimait pas non plus. Mes parents voulaient me caser pour éviter que je puisse aller voir un mec. Ils ont réussi. J'avais à peine dix-huit ans quand ça s'est passé, j'en ai bientôt vingt-deux et j'ai plus jamais eu de rapport avec un mec ou juste eu un mec. Si tu savais le nombre fois où j'ai chialé comme une merde seul, dans mon lit parce que je pouvais plus le sentir contre moi, poser ma tête contre son cœur qui m'apaisait énormément et m'endormir entre les bras de celui pour qui j'étais tombé amoureux...

Un jour, tu sauras (MM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant