Chapitre 28

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Elijah

     En sortant de la salle après trois heures de défouloir, je suis lessivé. Trois heures où mes poings n'ont cessé de fracasser le sac de frappe uniquement lorsque je ne sentais plus mes mains, ou qu'elles étaient trop en sang pour que je les ignore. 

     C'est au moment où je m'apprête à quitter la salle de sport que les voix de l'équipe retentissent. Merde. C'est jour d'entraînement aujourd'hui. Et c'est session muscu. Et ça fait une semaine que je n'ai pas donné de signe de vie.

—    Tiens, un revenant, s'étonne mon coach. Dans mon bureau.

     Je me retourne lentement, craignant les regards de mes coéquipiers. 

—    MAINTENANT ELIJAH, hurle Jeff, emportant mes tympans avec sa voix.

     Sans même broncher, je m'exécute. Si j'ai bien appris une chose pendant mes trois années dans cette équipe, c'est qu'il ne faut jamais énerver le coach, et si jamais on a le malheur de le faire, ne jamais aller à l'encontre de son autorité. C'est jamais bon. 

—    Tu commences à me péter les couilles Elijah, commence-t-il après deux bonnes minutes de silence. Une semaine qu'on t'a pas vu. UNE PUTAIN DE SEMAINE. EN PLEIN TOURNOIS. T'ES CON OU TU LE FAIS EXPRÈS ? Tu croyais quoi ? Que tu pouvais revenir comme une fleur alors que tu as planté TOUTE L'ÉQUIPE ? Alors c'est simple, tu as intérêt à avoir une putain de bonne excuse sinon tu dégages ! Je suis clair ou pas ?!

     Je prends conscience de ses mots et de leurs conséquences après quelques secondes d'assimilation. Je redresse ma tête et le regarde dans les yeux. Il n'a pas le droit de me priver de ça. Il n'a pas le droit. Pas le droit, pas le droit, pas le droit.

—    Nick ne pourra peut-être plus marcher. Par ma faute. Parce que je l'ai pas protégé. Cole est en plein procès parce que son connard de mec le violait et le tabassait. Alors ouais, j'ai pas trop le temps d'aller à l'entraînement parce que PUTAIN MA VIE PART EN LAMBEAU, TU PIGES ?!

—    Ne me crie pas dessus Elijah, je ne suis pas un de tes amis. Alors voilà ce qu'on va faire. Tu vas tout m'expliquer concernant Nick et on ira le voir avec l'équipe ; c'est aussi leur pote. Par rapport à Cole, je vais l'appeler. Plus aucune vague, sinon tu déguerpies. Compris ? Il est bien évident que tu ne joueras pas le match de la semaine prochaine. Peut-être que ça te remettra les idées en place. Plus de solo Elijah. Quand t'as une galère, TU M'EN PARLES. Et tu me gères tes mains. Il est hors de question que tu retournes sur le terrain avec des boules de bowling à la place de tes doigts. Tu vas venir t'entraîner avec nous. Je ne te laisse pas sortir d'ici dans cet état. On dirait que tu vas tuer quelqu'un. D'ailleurs, qui garde ton frère ? Et ta sœur ?

—    Ma sœur garde mon frère et elle se garde toute seule. J'ai jamais été très bon dans mon rôle mais je fais au mieux, lui indiqué-je en sortant du bureau.

     Tous les regards sont sur nous, et je sais qu'ils nous ont écouté plus qu'ils n'ont travaillé leurs abdos mais je m'en tape. De toute façon, ils l'auraient su un jour ou l'autre. 

—    Putain, j'ai pas envie de faire celui qui ne sait rien alors que c'est horrible, ce qu'il se passe, déclare Dean. Comment va Nick ? Il va jamais remarcher ?

—    Les médecins disent que si, mais je ne pense pas qu'il pourra rejouer au foot. Un de ses bras est presque condamné.

—    Et Cole, demande soudainement James, me faisant froncer les sourcils.

     Il veut quoi lui ? Il l'insulte de tous les noms et maintenant il s'inquiète ?

—    Quoi ? Tu t'inquiètes pour lui ? C'est pas toi qui l'insultais de salope, de pédale et de sale pédé, m'exclamé-je, acerbe.

Un jour, tu sauras (MM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant