Chapitre 19

131 8 6
                                    

Elijah

J'ai très mal dormi. Le manque de Nick et de Cole s'est fait ressentir, ma gorge était tellement serrée que respirer devenait une épreuve surhumaine. La rage n'a eu de cesse que d'augmenter dès que je pensais à l'abandon de Cole, le coma de mon meilleur ami et de nos rêves qui se retrouvaient maintenant compromis à cause d'un malade mental.

Demain aura lieu le match qui nous emmènera ou pas aux Demi-Final et je ne sais toujours pas si je vais y aller. Ma carrière, je devais la vivre avec mon meilleur ami à mes côtés, mais maintenant qu'il n'est plus là, j'ai juste envie de tout envoyer valser. Cette envie de cogner dans quelque chose ou quelqu'un n'a jamais été aussi vive et je me fais peur. La dernière fois que je me suis battu, mon adversaire s'est retrouvé à l'hôpital et est mort suite à ses blessures qui étaient trop importantes. Je lui ai cassé sept côtes, dont l'une a perforé son cœur. La liste d'attente pour une greffe était trop longue. Il est mort sur un brancard, par ma faute, agonisant et se noyant dans son propre sang.

Actuellement, je suis vautré dans mon canapé, attendant un signe de l'Univers ou une connerie comme ça qui je le sais, n'arrivera jamais, pour que Nick se réveille sans séquelles. En plus d'être impossible, ça montre à quel point je suis minable. Mais à ce moment précis, j'en ai rien à foutre. Je souhaite juste que tout s'arrête, que mon frère se réveille et que mon mec revienne ; ce qui, sans aucun doute n'arrivera jamais. Ils sont tous les deux partis, m'abandonnant comme la merde que je suis pour vivre une meilleure vie, l'un au Paradis, l'autre loin de moi. Je ne sais pas comment je dois le prendre. Deux des personnes les plus chères de ma vie m'ont laissé sans même se poser la question de comment moi je le vis.

Même si je sais que Nick est dans l'impossibilité de ne serait-ce que me parler, je ne peux m'empêcher de lui en vouloir d'être si loin de moi. Et Cole, je ne pensais pas qu'il était possible d'avoir une telle colère envers une personne que l'on aime. Je leur en veux de laisser ma tête me faire souffrir comme ça. Non, pas ma tête. Mon cœur. Je leur en veux de laisser souffrir mon cœur comme si c'était pas grave que je veuille juste me foutre en l'air.

J'en veux à Cole d'avoir laissé mes mains ne plus se souvenir de la sensation de sa peau chaude contre elles, mes lèvres oublier la forme, le goût et la chaleur des siennes, mes narines son odeur et mes yeux de sa beauté presque divine. Je lui en veux de ne pas avoir compris qu'il était un Dieu et moi son disciple. J'aurais pu tout faire pour lui, mais il est parti, me forçant à oublier tout son être qui me faisait tant de bien. Et tout ça sans la moindre explication. Il a pris son manteau, a ouvert la porte et est sorti, me la claquant au nez alors que j'avais à peine ouvert la bouche pour tenter de comprendre ce qu'il n'allait pas. Il m'a fermé la porte à la gueule sans même m'écouter et n'a plus donné aucun signe de vie depuis maintenant huit jours.

Et Nick, il m'a laissé oublier les mêmes choses que pour Cole, mais aussi m'a fait douter de son amour pour moi parce que, s'il m'aimait vraiment, il serait déjà réveillé, non ? Il ne serait pas encore dans ce putain de coma en train de rêvasser de licornes, d'elfes et de forêts violettes pendant que moi je lutte pour ne pas sauter d'un pont. Et j'essaye de me convaincre que c'est parce qu'il n'est pas encore mort et que mon frère et ma sœur ont besoin de moi, la vérité, c'est que si je ne l'ai pas encore fait, c'est parce que je veux attendre de revoir Cole, de peut-être même l'embrasser avant de tout quitter. Mais il paraît que Dieu n'aime pas le suicide, que c'est pêcher. Mais il n'a pas dit comment on pouvait partir sans lui faire de tord. J'attends toujours le mode d'emploi pour quitter ce bas-monde sans que tous pensent que je crache sur Jésus. Mais je crois que je peux attendre longtemps. Personne ne va donner un protocole pour se foutre en l'air dans les règles de l'art. Personne ne serait assez fou pour faire ça.

Un jour, tu sauras (MM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant