BURNING

08. angela

"𝐼 𝑝𝑎𝑖𝑛𝑡𝑒𝑑 𝑡ℎ𝑖𝑠 𝑏𝑖𝑔 𝑜𝑙𝑑 𝑠𝑚𝑖𝑙𝑒 𝑜𝑛 𝑚𝑦 𝑓𝑎𝑐𝑒 𝑡𝑜 ℎ𝑖𝑑𝑒 𝑚𝑦 𝑏𝑟𝑜𝑘𝑒𝑛 ℎ𝑒𝑎𝑟𝑡"

Cameron
❆

Lentement, je parcourais du regard ce ciel rosé nous envelopper l'espace de quelques minutes avant de nous abandonner et de nous plonger dans une obscurité angoissante des heures durant.

Elle était là, elle aussi.

De l'autre côté de la petite ruelle, assise près de son piano. Tel un sortilège, il m'était presque impossible de détourner les yeux de ce visage caché par de longues boucles d'un blond soyeux. Ce qu'elle jouait ce soir était semblable au remuement des vagues de la mer. S'écrasant brutalement contre le sable avant de se retirer doucement et revenir reproduire à nouveau le même schéma.

Inlassablement.

Je fus tout à coup tirée de mes pensées à l'entente de la sonnerie d'un appel vidéo Skype. Je soupirais, refermais ma fenêtre avant de m'asseoir sur mon bureau face à mon ordinateur déjà allumé.

Je tapais machinalement mon mot de passe sur le clavier afin de déverrouiller l'écran de verrouillage puis vis s'afficher en grand un nom plus que familier :

𝐉𝐨𝐫𝐝𝐚𝐚𝐧 

À la vue du prénom de mon meilleur ami, je sentis comme une vague de soulagement m'envahir. Je décrochais à son appel et activais ma caméra.

La sonnerie cessa et fut remplacée par un silence quelques interminables secondes. Je fronçais mes sourcils, perplexe de ne voir aucune tête depuis la caméra de Jordaan. Tous ce que je voyais sur mon écran était son lit mal fait de loin ainsi que l'armoire au bout de sa chambre. Son ordinateur, avec lequel il m'appelait actuellement, était posé sur son bureau alors je me demandais ce qu'il fabriquait.

- Arrête de faire le pitre là, montre toi, je soufflais.

Toujours rien.

J'essayais de l'appeler une fois de plus par son prénom.

Le néant total.

- Bon, je vais raccrocher connard, m'impatientais-je en posant ma main sur ma souris.

Au moment même où je comptais cliquer sur le bouton rouge, j'entendis la porte de sa chambre grincer et un corps apparaître.

- Ahh merde t'es là ! Excuse, j'étais descendu pisser.

Irrattrapable celui là.

La nuit était déjà tombée à New York à en voir l'obscurité engloutissant sa pièce. Le décalage horaire entre ma ville et la sienne n'était pas énorme. Seuls deux heures nous différenciaient.

Lorsque mon meilleur pote s'assit sur sa chaise, je pus enfin voir son visage. Il n'avait pas changé. Toujours cette même peau métisse, cette coiffure aux contours irréprochables et ces yeux marrons qui semblaient me poser en cet instant même milles et unes questions.

Un bol à la tronche de bob l'éponge en main, il me sourit excessivement et je levais les yeux au ciel. Je connaissais ce regard et ce débile sourire.