SECRET SECRET. hyunchan

28

La sonnerie retentit si soudainement dans tout mon studio que mon verre me glissa des doigts avant de s'exploser sur le sol.

J'avais soupiré puis j'étais allé ouvrir rapidement la porte à Chan qui la referma à clef derrière lui, j'étais allé nettoyer le sol.

Tandis que je cherchais mon balai, mon amant retira ses chaussures et son gilet. Le printemps était arrivé, il faisait frais, c'était agréable.

Je m'étais repris lorsque je m'étais dit que Chan et moi pourrions retourner sur le banc au fond du jardin échanger un écouteur.

Nous ne pourrions probablement plus jamais faire ça. Ça me donnait envie de pleurer.

- Rah putain tant pis, j'avais murmuré en ne trouvant pas mon balai.

- Qu'est-ce que tu cherches ?

- Mon balai. J'ai fait tomber un verre sur le sol à côté de la cuisinière.

- Attends je vais t'aider à nettoyer.

- Inutile. Va te poser.

- Où ?

Je l'avais dévisagé quelques secondes avant de soupirer.

- J'en sais rien, le lit peut-être ? Je ne vois pas où tu pourrais aller.

Chan leva les mains en signe d'abdication sans rien ajouter d'autre, tant mieux.

Après ce que Jeongin m'avait dit, bien que je m'efforçais de me dire qu'il mentait pour me blesser, je n'arrivais plus à m'arrêter de me poser cette question : étais-je réellement qu'un plan cul aux yeux de Chan ? Parce que si c'était le cas, peu importe à quel point j'étais dingue de lui, je ne ruinerais jamais mon amitié avec Jeongin pour du sexe pas sérieux.

Je ne voulais pas n'être qu'un plan cul. Mais je ne voulais pas perdre Jeongin.

Je m'étais baissé pour ramasser les gros morceaux de verre lorsqu'une partie me coupa le bout du doigt, j'avais relâché subitement le verre en gémissant de douleur.

- Ça va ? lança Chan en réapparaissant.

- À ton avis ! j'avais crié avant de me laisser tomber assis par terre pour m'adosser au mur.

J'étais épuisé, triste, je m'étais mis à pleurer, c'était si honteux que mes mains étaient venues couvrir mon visage.

Mon amant n'avait rien ajouté d'autre, je l'avais entendu ramasser les bouts de verre, il s'était sûrement coupé également au son de ses petits « aïe » mais quelques minutes plus tard, il était assis sur le sol à mes côtés, le regard droit devant lui.

Il m'avait laissé sangloter seul dans mon coin sans rien dire, il avait simplement posé sa main sur ma cuisse. Ça m'avait du bien. Je ne voulais pas qu'il parle de ce moment gênant. Peu à peu, je m'étais repris.

- Désolé, j'avais soufflé en nettoyant mes joues.

- T'as un peu de sang là, m'avait-il dit en passant son doigt sur sa langue pour nettoyer les taches rouges sur mon front, juste au dessus des sourcils.

Je l'avais regardé faire, il était si beau. Si doux. Je l'aimais tant. Il allait me briser le cœur, je le sentais venir.

- Pourquoi tu fais ça ? je commençais d'une petite voix.

- Comment ça ?

Il avait l'air réellement confus. Est-ce que Jeongin avait vraiment menti ? On n'est pas si gentil avec un plan cul. Si ? Je n'en savais rien. 

- Apparement tu as dit à Jeongin que notre relation n'était que purement sexuelle.

Il s'était figé, son doigt arrêta de frotter le sang, je l'entendis déglutir avant de souffler en se décalant.

- J'ai paniqué-

- Alors c'est vrai ?! je m'étais écrié. Putain- Chan ! Qu'est-ce que tu fous là avec moi par terre dans ma cuisine ?! Casse-toi !

- Calme-toi ! s'énerva-t-il. Il était sur le point d'aller le dire à mes parents. Je voulais gagner du temps alors j'ai dit la première connerie qui me passait par la tête, ok ?

- Tu penses que tes parents réagiraient mal ?

Il haussa ses épaules.

- Je doute que tu veuilles qu'ils soient au courant en tout cas.

- Pas faux.

Un silence plana quelques secondes.

- Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? j'avais repris.

- Je n'en sais rien. Qu'est-ce que tu veux faire toi ?

À mon tour d'hausser les épaules. Je savais ce que je voulais mais malheureusement c'était impossible. Je voulais remonter dans le temps, ne pas voir Chan après cette soirée de merde, ne pas l'embrasser, ne pas nous faire cramer par Jeongin. Je voulais que tout redevienne comme avant.

- Tu as mangé aujourd'hui ? me demanda Chan en jetant un coup d'œil à la cuisine complètement vide et très propre.

- J'ai eu beaucoup de boulot récemment.

- C'est pour ça que tu ne réponds pas à mes messages ou appels ?

Non, Chan, si je ne te réponds pas c'est parce que j'étais trop occupé à pleurer et à angoisser à l'idée d'avoir été sorti du placard bien malgré moi. Surtout devant mon meilleur ami.

- Je te fais des nouilles instantanées. Ça te va ?

- Je m'en fiche... J'avais soufflé en me redressant.

Chan s'était levé à son tour puis m'avait pris dans ses bras. Cette étreinte me fit beaucoup plus de bien que ce que j'avais cru. Ça m'avait rassuré le temps d'un instant, j'en avais terriblement besoin. Quand il m'avait lâché, je me sentais à nouveau triste alors je l'avais obligé à m'enlacer, encore plus fort, je ne voulais plus qu'il me lâche, jamais.

Si pour lui cette histoire comptait autant que moi, j'étais prêt à tous les sacrifices.

Ses lèvres retrouvèrent les miennes, sans perdre sa douceur il caressa les miennes avec sa langue, quémandant un baiser un peu plus passionné. J'en avais terriblement envie mais avec les récents événements, j'avais peur que Jeongin m'en veuilles de ne pas y mettre un terme. Est-ce que mettre un terme arrangerait les choses ? Je n'avais pas envie d'arrêter. J'aimais trop ça. J'en étais fou.

Notre baiser fit monter la chaleur, ses mains me touchèrent partout avant de m'emmener jusqu'au lit. Cette nuit nous avions fait l'amour mais étrangement, j'avais l'impression que nous étions encore plus connectés et en phase qu'avant. Un peu bizarre.

Le lendemain matin, quand mon réveil avait sonné pour retourner travailler, je l'avais trouvé endormi à mes côtés. Ça m'avait fait sourire. D'habitude, il avait peur de rester ici toute la nuit car sa famille se poserait des questions. Je m'étais penché pour embrasser sa joue avant d'aller sauter dans la douche.