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J'étais perturbé.

Il y a de cela deux semaines, Chan débarquait chez moi, m'expliquait qu'il m'avait vu avec Eunwoo et que, clairement il était jaloux, qu'il était déçu et qu'au fond c'était mieux de finir ainsi. Ça m'avait terriblement fait mal de mettre un terme à notre histoire secrète pas si secrète mais c'était mieux pour nous, pour lui comme pour moi. Peut-être que nous ne le voyions pas encore, mais dans quelques années on se rendra compte que c'était la meilleure chose à faire.

Maintenant, il fallait que j'essaie de l'oublier.

Pourtant, je le voyais devant moi, accueillant les clients et les conseiller sur quel chemin prendre pour différents avocats adéquats pour leurs problèmes.

Bordel de merde.

J'étais très perturbé.

Toujours prostré face à lui, ma main tenait si fort la hanse de ma mallette qu'elles allaient presque fusionnées.

Mais putain, que faisait-il ici ?

Si j'avais besoin de l'oublier, l'avoir devant moi tous les jours allaient être atrocement difficiles.

Après un deglutissement bruyant, j'avais vérifié qu'aucun collègue que je connaissais étaient dans les environs puis je m'étais approché de lui.

- Bonjour Monsieur, bienvenu chez Lam Corporation, comment puis-je vous aider ? lança-t-il avec un air très sérieux.

- Te fous pas de ma gueule Chan, qu'est-ce que tu fous là ? J'avais chuchoté, déjà nerveux.

- Ça ne se voit pas ? Je bosse.

Il avait pris le même ton. Bordel il m'agaçait mais qu'est-ce que j'avais envie de lui chopper sa lanière de badge autour du cou pour l'embrasser.

- Sérieux Chan, pourquoi ici ?

- Ils ont posté une annonce, ils cherchaient un réceptionniste.

- Et ton taf à la salle ?

- J'y vais de quatre heures à six heures puis de vingt heure à vingt-deux heure la semaine. Le samedi j'y suis toute la journée.

J'avais froncé les sourcils, je n'arrivais pas bien à comprendre à quoi il jouait.

- Pourquoi tu enchaînes deux boulots ?

- Pour me faire de l'argent.

- Pourquoi tu as besoin d'argent ?

- Je vais repartir en Australie.

Oh.

Ça m'avait fait l'effet d'un coup de massue sur la tête.

Silencieux, je l'avais regardé de haut en bas. Il était terriblement attirant. Le fait qu'il soit admiré par tout le monde toute la journée ne me faisait pas tellement plaisir.

- Pourquoi tu veux repartir ?

- Parce que je vais avoir du mal à vivre sans toi.

Ça m'avait fait rougir. En plus il était trop mignon, argh !

- Chan... Ça va être encore plus difficile si on se voit tous les jours.

- C'est ce que je me suis dit au début. Il s'était penché, bras croisé sur le comptoir, avec un petit sourire en coin. Mais je me suis dit quitte à me casser encore, autant t'admirer le plus possible avant.

Sa chemise était trop serrée au niveau des biceps. Biceps qui m'avaient soulevé tellement de fois, que j'avais embrassé, qui m'avaient enlacé... Et son sourire, woaw, son sourire.

Je devais m'arrêter maintenant, autrement je lui donnerais rendez-vous dans les toilettes immédiatement.

Pourquoi était-il si craquant soudainement ? Essayait-il de me draguer ? Parce que ça fonctionnait un peu trop bien. C'était injuste de continuer à me séduire alors qu'il prévoyait de partir loin de moi.

- Très bien, j'avais simplement répondu, la tête complètement retournée par les milliers de pensées qui m'avaient traversé l'esprit à la vue de ce beau réceptionniste. À plus tard alors.

- À plus, il m'avait lancé un clin d'œil. Tu es très beau.

Je l'avais toisé une seconde, probablement rouge comme une pivoine, avant de marcher un peu trop vite vers l'ascenseur pour me réfugier dans mon bureau.

Complètement perturbé, j'avais fixé le vide quelques instants tandis que ma main avait légèrement défait ma cravate pour me laisser respirer un peu mieux.

Ce fut le toc-toc sur ma porte qui me réveilla.

- Alors, ça taf dur ?

- Salut Eunwoo, excuse-moi j'ai vu quelqu'un... Quelqu'un que je ne pensais pas revoir donc je suis un peu...

- Qui ça ? Une fille ?

Il avait souri tout en s'asseyant sur le fauteuil en face.

- Non pas une fille, j'avais soupiré. Un vieil ami, notre relation s'était terminée sur une dispute.

- C'est plutôt cool de le revoir alors, vous allez pouvoir terminer cette histoire en bon terme !

- Non, tu ne comprends pas, on s'est énormément blessé, et à la fin j'ai choisi de ne plus le voir parce que je savais que c'était le mieux pour n- moi, mais sans vraiment réussir à lui expliquer.

Sourcils froncés, il m'avait regardé quelques instants puis il avait haussé les épaules.

- Ça arrive, il vaut mieux se protéger, parfois même au détriment de ses amis. Ne t'en fais pas, je suis sûr qu'il ne t'en veut plus.

Hm. J'étais mouvement convaincu.

Puis merde, c'était quoi ce jeu de séducteur qu'il m'avait joué devant tout le monde ? Certes, des gens que je ne connaissais pas mais quand même !

- Bref, ça te dit d'aller manger un bout ensemble à midi ?

- Ouais, bien sûr.

Un sourire échangé, mon collègue était parti aussi vite qu'il était arrivé.

Enfin seul, j'allais pouvoir reprendre mon travail et me vider la tête.

Bon, encore peu passionnant, une jeune femme qui portait plainte car son appartement était plein de moisissure. Ma foi. Elle allait me payer pour rien, un juge rendait rarement justice aux jeunes pas très riches, surtout que son propriétaire était sûrement un multi-propriétaire, donc beaucoup plus fortuné. J'allais devoir la voir pour la dissuader et lui éviter des dépenses inutiles et surtout, un travail inutile.

Alors que j'étais en pleine réflexion, prendre son argent ou lui parler, mon téléphone sonna soudainement.

J'avais pesté une seconde tandis que ma main s'était saisie du combinée.

- Oui ? j'avais marmonné machinalement.

- Hey, plutôt sexy au téléphone, avait grésillé une voix que je connaissais bien.

- Qu'est-ce que- j'avais écarquillé les yeux puis m'étais mis à chuchoter. Qu'est-ce que tu fous ?!

Il avait ri.

- Stresse pas, dans maximum six mois je ne suis plus sur le continent.

- Putain Chan, tu es en train de me dire que pendant six mois tu vas me faire tourner en bourrique ?

- C'est ça.

- Pourquoi ?

- Parce que je t'aime, pardi. Et que j'aimerais boire un verre avec toi.

- T'es bouché ou quoi ? On avait dit plus de contacte, c'est trop dangereux et on n'arrivera jamais à s'oublier si on continue.

- Tu avais dit que tu ne voulais plus, nuance. Moi, je suis toujours à tes pieds.

Ça ne servait à rien de blablater pour rien, j'avais immédiatement raccroché.

Le con, j'étais encore plus perturbé maintenant.

SECRET SECRET. hyunchanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant