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Ses yeux, noirs comme l'ébène, profond comme l'océan, magnifique comme la galaxie, s'étaient encrés dans les miens et j'avais bien du mal à m'en défaire.

Prostrés depuis bien une bonne minute face à l'autre, sa main tenait encore la poignée de la porte d'entrée de la maison, et je rêvais que l'autre prenne ma joue pour approcher nos visages et nous permettre un nouveau baiser.

Putain j'en rêvais tellement. 

Après avoir longuement hésité, j'avais finalement fait un pas pour entrer dans la maison et ainsi, me rapprocher de lui.

- Salut... Murmura-t-il tandis que son regard se détacha du mien pour se focaliser sur mes lèvres.

- Salut... J'avais répondu sur le même ton.

- Yo mec, avait surgi Jeongin derrière Chan, la bouche pleine d'une pomme.

Chan leva les yeux au ciel, puis, bien que j'envoyais toutes les énergies du monde pour qu'il comprenne que je ne voulais pas ça, il avait fait un pas en arrière pour laisser Jeongin se mettre en nous.

Avec sa pomme là, comme un porc qu'on ferait rôtir au feu de bois.

- Woaw y a une tension là, c'est se-xu-el ! s'exclama la voix de Taegwon tandis que ce dernier s'approchait de nous. Je vous ai maté, vous avez fait presque deux minutes trente à vous bouffer du regard, épatant !

- Salut Taegwon, j'avais répondu machinalement sans faire attention à sa remarque débile.

D'un coup de pied, je m'étais déchaussé puis avais baissé la tête pour ranger mes chaussures sur le côté. En relevant la tête, j'avais eu la tristesse de constater que Chan était déjà en train de marcher loin de moi.

- Viens, c'est jour de fête ici, m'avait dit Jeongin en prenant une bouchée de sa pomme tandis que son bras s'était mis sur mes épaules.

- Pourquoi ?

- Mon daron a fait ses ramen.

Effectivement.

J'allais répliquer lorsque soudainement, la maman de mon meilleur ami avait débarqué.

Elle n'avait pas bougé d'un poil. Toujours aussi belle, aussi douce. Elle avait souvent cet air sévère quand elle s'adressait à Jeongin et Taegwon mais elle était d'une patience sans égale avec Chan. Elle savait parfaitement comment agir avec chacun de ses fils. J'aurais aimé avoir ce genre de mère aussi.

Doucement, elle s'était approchée de moi, puis ses deux mains s'étaient posées sur mon visage pour l'admirer une seconde avant de venir me prendre dans ses bras.

Bordel j'allais me mettre à chialer.

- T'es gonflé quand même ! s'était elle exclamée alors que j'étais toujours contre elle. Même pas un SMS ! Ni un appel ! On s'est horriblement inquiété !

Ça m'avait fait rire, mais je l'avais serré un peu plus fort contre mon cœur. Nous étions restés ainsi le temps de souffler un peu, histoire de nous dire que tout allait bien, puis elle s'était petit à petit défait de l'étreinte.

- Allez, allez, dépêche toi de te préparer, on va passer à table.

J'avais acquiescé puis étais parti dans les toilettes pour aller me laver les mains.

C'était presque irréel, j'avais la sensation qu'il ne s'était rien passé, qu'ils ne savaient rien, qu'on était toujours en hiver, que Chan était toujours ce beau gosse qui m'impressionnait, que je rentrais à la maison comme d'habitude.

Ça m'avait tellement manqué.

Après avoir ravalé les quelques larmes qui menaçaient fortement de tomber sous l'émotion, j'étais venu m'installer à table, à ma place habituelle.

Leur père arriva avec le plat de ramen, me lança un « ah bah te voilà toi ! on attendait plus que toi. » avant de me servir un bol rempli à ras bord et de continuer la distribution pour le reste de la tablée.

Les conversations fusèrent, Chan resta en retrait comme toujours, mais il était plus souriant qu'à l'accoutumée.

Ça me faisait plaisir.

La soirée avait suivi son cours, rien n'avait changé malgré tous ces longs mois de torture.

J'avais longuement observé chacun d'entre eux puis m'étais attardé sur Chan.

Lui aussi me regardait. Il avait perdu son sourire mais ses traits du visage trahissaient un apaisement.

- Dîtes-le si on vous gêne, hein, gloussa Taegwon avant d'enfiler ses baguettes dans la bouche pour lécher les derniers morceaux de sauce.

- Crétin, rétorqua sa mère en lui tapant la paume de la main, ne mets pas tes baguettes dans la bouche tu vas t'étouffer.

- Et fous-leur la paix un peu, râla son père. Est-ce qu'on te fait chier quand Nanhui est là ?

- Euh.. Oui ? répondit-il en posant ses couverts sur la table. L'autre soir, tu as osé lui parler de mon asthme !

- Et alors ? ricana Jeongin. Elle doit bien savoir que tu tiens pas sur la longueur.

- Jeongin ! cria sa maman, sourcils froncés. On ne parle pas de l'intimité des autres, c'est malpoli !

- Mais j'y peux rien si il est précoce !

Elle allait répliquer mais le rire hilare de leur père la coupa net dans son élan.

Il lui fallut une bonne minute pour se calmer.

Comme quoi, la pomme ne tombait jamais loin du pommier, je m'étais dit en repensant à l'humour douteux de mon meilleur ami.

- Bon et vous alors, reprit le paternel en me regardant droit dans les yeux. Vous en êtes où ? Tu dors où ce soir ? Chez Jeongin ou Chan ?

Oulah.

- Tu te fous de moi ou quoi ? Râla la maternel. Je viens de dire que c'était malpoli de parler de l'intimité des gens !

- On parle de l'intimité de mon fils aîné quand même, excuse-moi de m'y intéresser !

- Moi aussi j'ai une intimité ! s'exclama Jeongin.

- Mais putain ! J'ai dit quoi ?!

SECRET SECRET. hyunchanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant