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À peine avais-je raccroché que j'avais poussé un petit cri de joie, c'était absolument fou !

J'avais un entretien lundi matin, et c'était eux qui m'avaient appelé en premier ! Incroyable ! Bon ce n'était pas aussi prestigieux qu'à mon ancien travail mais au moins, j'avais de l'argent à la fin du mois, et ça c'était tout ce qui m'importait.

Maintenant le plus important, je devais vite me refaire une beauté. J'avais passé les derniers mois comme un ermite, si je voulais le décrocher ce taf il fallait faire une bonne présentation.

J'étais trop sexy. Sexe du sexe. Là si le patron ne tombait pas amoureux de moi c'est qu'il était hetero.

Je m'étais pointé vingt-cinq minutes plus tôt, on m'avait fait poireauté vingt-sept minutes dans une salle d'attente un peu trop clean pour que ce soit normal.

Il y avait une autre femme à côté de moi, tout aussi silencieuse et stressée que moi au vu de sa jambe qui sautillait sur elle-même sans arrêt. C'était insupportable.

Vingt-sept minutes après mon arrêt, une autre jeune femme était venue me chercher. Elle abordait un grand sourire, des dents parfaitement blanches et alignées, des lèvres pulpeuses et des doubles paupières. Un nez visiblement refait il n'y a pas si longtemps au vu des très légers bleus sous ses yeux qu'elle avait essayé de camoufler sous un fond de teint.

Elle marcha du haut de ses longs talons à aiguille devant moi jusqu'au bureau du patron puis me laissa entrer avec un nouveau grand sourire. Très agréable. Et très belle.

Le patron, un certain Kim Junsu, m'avait accueilli avec un grand sourire. C'était la parade du sourire ou quoi. Il se leva pour me serrer la main avant de me dire de m'assoir en face de lui.

On parla un long moment de mon ancien travail, de mes compétences, de tout ce que j'avais accompli là-bas.

Puis il laissa glisser le nom de Kim Seungmin.

- Kim Seungmin ? J'avais répété en fronçant les sourcils.

Qu'est-ce que ce guignol foutait ici.

- Oui, mon neveu. Oh putain. Il vous a chaudement recommandé et effectivement vous avez l'air plutôt doué.

La gorge nouée, j'avais terminé l'entretien en essayant de faire comme si de rien n'était et des que j'avais passé la porte, sans dire au revoir à la jolie dame ni à la jolie candidate qui était a côté de moi.

Putain j'étais trop con. Un énorme con.

Je ne devais absolument pas mon poste grâce à mes compétences, simplement parce que monsieur Seungmin avait fait appel à son réseau, sûrement suite à un excès de sentiment de culpabilité.

J'étais qu'un gros con.

Pourquoi j'avais cru qu'on voudrait de moi grâce à mon travail acharné ? Grâce à mes études ? Grâce à mes centaines d'heures supplémentaires par mois. Tout ça ne valait rien.

Assis dans ma voiture, je m'étais mis à fixer le vide quelques secondes avant de prendre mon téléphone et d'appeler Seungmin.

Aucune réponse. Eh bah ça partait sur une visite surprise. Dix-huit heures, il n'allait sûrement pas tarder à partir.

J'avais roulé un peu trop vite et j'avais attendu qu'il sorte pour le chopper en plein vol.

Il avait mis presque une heure à sortir. Comme quoi, être sans emploi ça donne du temps, peut-être trop de temps d'ailleurs. Je m'étais fait chier, comme je ne voulais pas le louper je n'avais pas osé jouer sur mon téléphone.

Il se faisait attendre le salaud, peut-être qu'il était déjà parti.

Au moment où j'allais redémarrer ma voiture, je l'avais vu sortir. Enfin putain ! Il discutait avec un collègue, quelqu'un que je ne connaissais pas. Peut-être celui qui avait pris ma place.

Je m'étais empressé de sortir de ma voiture avant de crier « Hé ! » trois fois, comme un abruti.

Seungmin leva la tête, devint blême avant de faire quelques pas en arrière.

- Je t'ai vu ! Viens ici ! j'avais à nouveau hurler, sans faire attention aux regards indiscrets autour des moi.

Posés dans ma voiture à l'arrêt, le regard perdu sur la plaque d'immatriculation de la voiture garée en face, un long silence s'était installé entre nous. Seungmin n'était pas à l'aise, presque angoissé à l'idée de me revoir. Pourtant je m'étais fait tout beau !

- Alors comme ça tu me pistonnes ? j'avais lâché, agacé de le voir rester sans voix, les yeux écarquillés comme un abruti.

- C'est pas ce que tu crois... Marmonna-t-il.

- Ce que je crois c'est que t'as les boules de m'avoir fait perdre mon job et du coup tu essaies de soulager ta conscience en me trouvant un autre travail.

Il haussa les épaules.

- Bon bah c'est exactement ce que tu crois...

Il avait dégluti. Je détestais ce bruit.

- T'es gentil Seungmin, mais je suis grand. Je peux me débrouiller seul. Et le fait que tu me pistonnes me vexe plus qu'autre chose.

- Désolé... J'essayais juste de réparer mon erreur...

- Je sais que tu voulais bien faire mais pitié, arrête de te mêler de ma vie.

Il avait fait une petite moue boudeuse, comme un gamin.

- Tu me fais de la peine-

- Arrête, je l'avais coupé avant de sourire brièvement, c'est encore pire.

- Je dis juste que je trouve ça injuste c'est tout. Que tu sois viré juste parce que tu es gay, je trouve ça injuste. On est avocat, l'entreprise a pas le droit de te renvoyer pour ça, me dis pas que y a pas moyen de leur coller un procès au cul, non ?

- Laisse tomber Seungmin, j'ai aucune envie d'annoncer au monde entier que je suis gay.

- Et pourquoi ? s'exclama-t-il. Ça aiderait les autres gay de l'entreprise à savoir qu'ils ne sont pas en danger juste pour leur orientation !

- Tu crois ça ? j'avais pouffé. Tu vis vraiment dans un monde de bisounours.

- Pourquoi ?

- Parce qu'à part encore plus nous faire détester, ça ne changera rien. C'est comme ça, le monde est comme ça.

- Mais je veux t'aider !

- Mais je ne veux pas de ton aide !

Seungmin s'était remis à bouder, bras croisés sur son torse en bougonnant tel un gamin.

- Alors on fait quoi ? marmonna-t-il.

J'avais haussé les épaules.

- Accepte le travail de mon oncle, s'il te plaît. Tu finiras bien par être à court de fric, non ?

Après un énième soupire, j'avais fini par accepter.

- Ok, mais vraiment parce que j'ai peur d'être bientôt à court.

Il avait ricané avant d'hocher la tête de bas en haut.

- Et moi je veux t'aider ! reprit-il.

- Pourquoi ? Je t'ai déjà dit, j'ai pas besoin de pitié.

- Pas de la pitié Hyunjin, on s'entendait bien au travail tu crois pas ? il m'avait souri. On peut être des potes.

Mes sourcils s'étaient levés puis j'avais souri avant d'accepter en lui tendant ma main pour serrer la sienne.

J'avais un ami. Étrangement, ça me fit encore plus de bien que ce que je ne m'autorisais à croire.

SECRET SECRET. hyunchanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant