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« Réponds moi Jeongin. »

« Il faut qu'on parle. »

« S'il te plaît. »

« Je suis désolé que tu l'aies après de cette manière. »

« Réponds. »

« Je sais que tu lis mes messages. »

Rien à faire, mon cher meilleur ami n'avait pas répondu à un seul de tous mes messages durant tout le week-end, j'allais devoir retourner au travail malgré l'énorme boule au ventre que je me trimballais.

J'étais triste. Triste et en colère, déçu.

J'avais eu du mal à répondre aux nombreux messages de Chan également, je pense que mettre un peu de distance entre nous en ce moment était la meilleure chose à faire, au moins jusqu'à que je puisse avoir une vraie conversation avec mon meilleur ami.

J'avais passé la journée dans la lune, tous mes collègues ne comprenaient plus mes changements d'humeur quelques peu radicaux mais ça ne les regardait pas. J'avais le droit d'être joyeux ou triste quand ça me chantait.

« Si tu persistes à m'ignorer je vais devoir te chopper par la peau du cul. »

Vu. Ok très bien.

Il veut jouer au gamin, allons voir les gamins.

J'étais parti très tôt du travail, juste assez pour arriver à l'école de Jeongin au moment de la sortie des classes.

Quand il était sorti accompagner ses élèves à retrouver ses parents, il était tout content. Il souriait, discutait avec les parents, faisait des checks avec ses petits élèves.

Pourquoi il semblait être aussi heureux ?

Ça lui faisait tant plaisir que ça de s'embrouiller avec son frère et son meilleur ami ?

Ou peut-être qu'il avait pu enfin nous écarter de sa vie, peut-être même que c'était ce qu'il attendait depuis le début.

Eh bien mon coco, ça n'était pas mon cas alors tu vas me supporter jusqu'à ta mort que tu le veuilles ou non.

Lorsque le dernier enfin rejoignit son papa, je m'étais précipité vers la porte pour être bien visible face à lui.

Ça n'avait pas loupé.

Son sourire se fana à la seconde. Il me dévisagea avant de retourner dans l'école.

Très bien, je m'en fiche j'ai toute la nuit.

Bon, peut-être pas autant mais Jeongin partait aux alentours de 18 heures, j'avais largement le temps et de quoi attendre.

Je m'étais posé sur les petites marches, à attendre qu'il daigne enfin sortir. Passé 18 heures 30 j'avais même presque failli abandonner mais il était finalement revenu d'entre les morts, son sac à dos sur les épaules, le visage toujours aussi fermé.

- Qu'est-ce que tu encore fous là, je pensais avoir attendu assez longtemps pour ne pas te croiser, balança-t-il sèchement.

Aïe, ça commençait mal.

- Jeongin-

- Je t'ai dit de ne plus jamais m'appeler par mon prénom.

- Tu veux que je t'appelle comment alors ?

- Ne m'appelle plus. Tu me dégoûtes.

Aïe, ça faisait mal.

J'avais dégluti, la douleur blessait mon coeur et tenait ma gorge entre ses fils de barbelé mais je ne voulais pas perdre la face devant lui, je voulais resté digne afin qu'il accepte de m'écouter.

Par amitié, j'avais tenté de rester calme et souriant mais bordel que c'était difficile. Je sentais que j'étais sur le point de perdre ma dignité.

- Je suis désolée que tu l'aies appris de cette manière, j'avais lancé sans trop savoir où ça allait me mener. Il fallait bien commencer par quelque chose de toute façon.

Il ricana sarcastiquement avant de me faire dos et de s'en aller. Quoi ? C'est tout ? Non.

- Putain écoute moi ! je m'étais écrié avant d'écarquiller les yeux lorsqu'il était revenu à la charge vers moi.

- Toi écoute moi, s'écria-t-il avec une telle rage qu'il me fit sursauter, tu es mon meilleur ami depuis toujours, je pensais qu'on se disait tout, qu'on partageait tout, putain- Putain ! hurla-t-il en laissant tomber son sac par terre pour se tirer les cheveux. Je t'ai laissé vivre avec ma famille, dormir avec moi, je te faisais confiance ! Merde !

- Qu'est-ce qui te dérange ? Que je ne t'ai rien dit ou que je sois gay ?!

- Tout ! explosa-t-il à nouveau tandis que ses mains attrapèrent le col de ma chemise. Tu baises avec mon grand frère dans ma maison, tu t'envoies en l'air avec la personne que j'admire le plus et tu ne me dis rien ?! Tu n'es qu'un sale pédé, tu comprends ça ?!

- Arrête !

Ça faisait pitié mais je ne savais pas quoi dire d'autre.

Son agressivité était un peu effrayante, ses yeux remplis de haine me terrorisaient et je ne savais pas quoi dire d'autre que « arrête ».

J'étais pathétique.

- Arrête de pervertir mon frère et ne reviens plus jamais vers moi. Compris ?!

- Non !

Il fronça les sourcils.

- Comment ça non ?

- Tu es mon meilleur ami. La raison pour laquelle on ne t'a rien dit c'est parce qu'on savait que tu réagirais aussi mal. Que ce soit ton frère, tu n'en as rien à foutre. Ce qui te dérange, c'est qu'on soit tous les deux des hommes !

Il lâcha ma chemise, recula d'un pas puis pouffa.

- Évidemment.

Bon, facile à avouer.

- Tu me dégoûtes, répéta-t-il en ramassant son sac.

- Arrête putain !

- Arrête de coucher avec mon frère !

- Je l'aime ! je m'étais écrié, presque désespéré.

Il écarquilla les yeux, puis il se mit soudainement à rire, à rire si fort qu'il me fila la chair de poule.

- T'es tellement con en plus...

- Qu'est-ce que tu racontes ?

- Réveille toi. Chan m'a dit que ce n'était absolument pas sérieux, que vous étiez juste plan cul et toi, tu me dis que tu l'aimes, il rit encore plus fort, c'est hilarant !

Chan avait dit quoi ?

Non non, je ne devais pas croire tout ce que disait Jeongin, encore moins quand il était énervé.

J'avais tenté de rester calme, je me l'étais promis mais quand je le vis soupirer en se tournant à nouveau pour s'en aller, il me lança un dernier.

- Dégage Hyunjin. Ne te gêne pas pour te casser en Australie toi, tu ne manqueras pas. À personne.

Là, je m'étais mis à chialer.

J'étais pathétique, putain de pédé que j'étais, je n'arrivais même pas à m'empêcher de pleurer et espérer regagner un minimum de respect aux yeux de Jeongin.

Celui-ci n'avait pas bougé d'un pouce mais il ne s'empêcha pas de me regarder pleurer comme un gamin. Est-ce qu'il était satisfait de me voir ainsi ? Est-ce qu'il culpabilisait pour les mots cruels qu'il venait de me balancer en pleine tronche ? Sûrement aucun des deux. Il aurait ri ou il serait venu me prendre dans ses bras.

Non, il ne faisait rien parce qu'il ne ressentait rien.

Il n'en avait rien à faire de moi, ça n'était plus son problème. J'étais déjà épuisé de cette situation.

SECRET SECRET. hyunchanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant