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La voiture garée, le moteur coupé, j'avais enfin pu lâcher un long soupir.

Quelle soirée étrange.

Déjà, j'essayais de me la jouer hétéro. Ensuite, Eunwoo s'était révélé être très intéressant, gentil et amusant. J'étais rentré en voiture malgré les bières ingurgitées, un peu de stresse au volant mais j'étais bien arrivé à destination.

En sortant de ma voiture, j'avais croisé le regard d'un mec habillé en jogging et sweat noir, bonnet et masque de la même couleur.

Je connaissais ce regard, un peu trop bien.

- Qu'est-ce que tu fous là ? j'avais lancé en marchant vers Chan.

- Qu'est-ce que tu foutais avec ce mec ?

Son ton dur et énervé m'avait surpris, mais ce qui m'étonnait le plus était : comment le savait il ?

- Tu me suis maintenant ?

J'avais sorti les clefs de mon sac pour entrer dans l'immeuble, suivi de près par mon amant.

- Je suis allé prendre l'air, première fois depuis des semaines, et je tombe sur toi avec un mec près à te sauter dessus.

Une fois dans le studio, il avait retiré son bonnet et masque, me laissant l'admirer.

Bordel qu'il était beau.

Fatigué, amaigri, mais magnifique.

Si j'étais fou je serais déjà en train de l'embrasser à pleine bouche, en lui répétant à quel point il m'avait manqué. J'aimerais perdre la tête à cet instant, mais tous mes efforts et douleurs me l'interdisaient.

- Qu'est-ce que tu fais Hyunjin ? Qu'est-ce qu'il se passe ? reprit Chan en allant s'allonger sur mon lit.

Je m'étais allongé à ses côtés, le regard fixé au plafond.

- J'ai retrouvé du travail.

- C'est super. Et du coup, tu préfères te taper un collègue plutôt que de m'envoyer un message ? Juste me voir ? Putain Hyunjin ! avait-il crié.

- C'est juste un collègue, Chan, un putain de collègue ! On a bu des bières avec sa copine et ses amies, quel mal il y a à ça ?!

- Le mal ?! Tu te fous de ma gueule ?! Il s'était relevé sur ses genoux pour me regarder dans le blanc des yeux. Putain- tu m'ignores du jour au lendemain, tu dis que tu ne veux plus me voir pour l'instant à cause de cet abruti de Jeongin, et quand je force pour avoir ne serait-ce qu'une conversation tu m'expliques que tu as juste un nouveau travail mais que je fais tâche dans le décor ?!

J'étais resté silencieux, parce qu'au fond c'était un peu ça.

Enfin, ce n'était pas lui la tâche dans le décor, mais plutôt notre relation. J'avais réussi à retrouver un endroit où tout le monde me traitait comme égal, où j'étais respecté, personne ne savait rien et c'était exactement ce que je voulais.

- Chan, toi et moi c'est... On ne pourra plus...

- Mais putain ! hurla-t-il en se levant pour sortir du lit. Tu m'as vraiment pris pour le roi des cons !

- Arrête de dire des conneries ! je m'énervais à mon tour en me levant pour être face à lui. Il était en train de remettre ses chaussures. Qu'est-ce que tu fous ?

- Je me casse, ok ?! T'inquiètes pas, maintenant t'auras plus ton boulet, t'as raison toi et moi c'est mort.

- Tu n'es pas un boulet Chan, arrête de dire n'importe quoi !

- Ah ouais ?! On baise comme des oufs pendant des mois, et à la première contrainte tu m'abandonnes comme un vieux clebard sur le bord de la route parce que je suis devenu gênant ! Tu appelles ça comment toi ?!

- Ça me rend dingue que tu n'arrives pas à comprendre, même une seconde, que Jeongin me déteste, que j'ai perdu mon putain de travail, que je me suis retrouvé complètement seul, juste parce qu'on est con !

- Ah parce que pour toi tout ce qu'on a vécu c'était con ? Super on en apprend tous les jours, ricana-t-il sarcastiquement.

Il m'agaçait à ne pas comprendre tout ce que j'ai dû vivre pour lui, à quel point j'ai été misérable pour la seule raison d'être tombé amoureux de lui. Alors oui, retomber aussi vite dans ses bras me faisait peur, peu importe à quel point j'en avais envie.

- Je suis tellement déçu, Hyunjin, souffla-t-il en passant ses mains sur ses tempes. J'étais prêt à affronter le monde entier pour être avec toi et toi... Putain je suis vraiment con, avait-il conclu en remettant son bonnet.

- Ne pars pas maintenant, on doit encore discuter.

- Je crois que j'ai eu les réponses que j'attendais.

- Non- Putain Chan tu ne comprends rien, bien évidemment que je t'aime mais merde, c'est difficile de faire comme si tout allait bien alors que j'étais au trente sixième dessous ! Tu ne t'en rends pas compte parce que toi, tu as toute ta famille, ton boulot à la salle, tu es entouré et aimé mais- Moi ?! Tu crois que quelqu'un est venu me réconforter quand on m'a rejeté de partout ?!

- Moi ! s'écria-t-il en s'approchant soudainement. Moi j'aurais pu être là pour toi, si tu m'avais laissé le faire !

- J'avais besoin d'être seul ! De réfléchir, de remettre les choses en place !

- Super, remettre en place c'est te taper un autre ?!

J'avais écarquillé les yeux avant de soupirer.

- Pourquoi tu es persuadé qu'il s'est passé quoi que ce soit entre mon collègue et moi ? Je ne peux pas avoir des amis ?

Il était resté silencieux quelques instants puis avait baissé la tête.

- J'étais simplement inquiet... J'avais plus la force de rien et te voir aussi.. bien, ça m'a fait prendre conscience que notre relation n'était pas aussi importante pour toi au fond... En tout cas pas autant qu'elle l'était pour moi. C'est tout.

- Tu te fous de moi ? Bordel je t'aime Chan, je t'aime tellement, je pense à toi sans arrêt, je rêve de vivre dans un monde où je pourrais être avec toi librement partout !

Il m'avait regardé sans rien ajouter. Parce qu'on savait tous les deux que ce monde n'existerait jamais. En tout cas pas pas dans cette vie.

- Moi aussi, reprit-il d'une voix soudainement douce.

Cette voix rassurante que j'aimais qui m'avait tant manqué.

- Quoi ?

- Moi aussi je t'aime.

Ça m'avait fait sourire.

- Je t'aurais protégé de tout le monde si tu m'avais laissé faire.

- Je ne sais pas si je suis prêt à vivre dans un monde où tu dois constamment me protéger. Ce n'est bon ni pour toi ni pour moi.

Il avait à nouveau baissé la tête avant de la hocher doucement, puis il avait choppé rapidement son masque lorsqu'il avait ouvert la porte pour quitter mon studio soudainement.

C'était la meilleure chose à faire, pour lui comme pour moi. Au fond je le savais, si je voulais nous protéger, il fallait mettre fin au peu de bonheur que nous avions connu, peu importe à quel point j'avais le cœur brisé.

SECRET SECRET. hyunchanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant