SECRET SECRET. hyunchan

17

Jeongin sirota son soda une nouvelle fois sans se priver de faire un maximum de bruit bien que je lui répétais sans cesse que ça me dégoûtait, Il n'y avait rien à faire, il avait le même QI que ses élèves.

- Comment tu trouves Chan en ce moment ? Me demanda-t-il sans décrocher son regard de la télévision avant de lâcher un rototo.

Charmant.

Étrange, d'habitude c'était moi qui posais mille questions sur Chan.

- Bah j'en sais rien... Comme d'habitude. Pourquoi ?

En réalité, cela faisait presque un mois que j'avais découvert des milliers de nouvelles facettes que mon amant cachait précieusement.

Chan était doux, romantique, drôle, il aimait parler de tout et de rien... J'avais un tout nouvel individu dans mon lit.

- Il a l'air ailleurs.

- C'est Chan. Il est toujours ailleurs..

Nous étions toujours au septième ciel.

- Oui mais là il y a quelque chose d'autre. J'ai l'impression qu'il n'est pas bien, que quelque chose le tracasse.

- Hein ? Pourquoi ?

- Il se mure dans un silence, je ne le vois plus jamais sourire ou même la moindre émotion. Soit il est crevé soit il a un problème.

- Tu penses à quoi ?

- Franchement, il avait haussé les épaules, signe qu'il ne savait pas. Je l'ai soupçonné de vouloir retourner en Australie après l'avoir vu consulté des prix de billets d'avion mais c'était il y a plus d'un mois je crois, depuis plus rien.

- Tu n'as pas essayé de lui demander ?

- Si mais comme toujours, il n'a rien dit d'intéressant, juste « rien je regarde c'est tout » et basta.

J'avais simplement haussé les épaules. Qu'est-ce que je pouvais dire ? Chan et moi faisons l'amour tous les jours, parfois deux fois par jour, je priais tous les dieux pour qu'il ne reparte plus, je voulais qu'on soit un couple, non tout ça n'allait pas l'aider. Jeongin était mon meilleur ami, je le connaissais par coeur, je savais que question lgbt il n'était pas contre dehors mais pas pour dans la famille. C'était un peu hypocrite mais bon, je n'avais jamais trouvé le courage de lui faire part de mes préférences amoureuses et sexuelles, il n'a jamais eu l'occasion d'y réfléchir plus que ça.

- Tu penses que Chan est dépressif ? continua mon ami.

- Quoi ?

J'avais ricané mais au fond, ça n'était pas une question stupide. Au contraire, ça faisait sens. Il avait tous les symptômes. Et même s'il n'en avait aucun, il pourrait l'être. Mon père était dépressif et pourtant, je ne l'avais jamais vu dans la lune, pleurer ou être triste. Un jour il a peté les plombs et il s'était tiré. J'ignorais où il était aujourd'hui, peut-être mort ou guéri à l'autre bout du monde.

- Depuis que je le connais, et Dieu sait que ça fait un bail c'est mon frère, je crois qu'il n'a jamais été vraiment heureux ou en tout cas il ne l'a jamais montré. Ça me rend triste. C'est mon frère après tout, c'est normal que je m'inquiète, non ?

- Oui oui...

- Toi aussi tu peux t'inquiéter, c'est comme ton frère aussi.

-Ah non, ce n'est pas mon frère et ça ne le sera jamais ! je m'étais exclamé un peu trop fort.

Jeongin m'avait dévisagé quelques secondes puis il avait soupiré.

- J'aimerais l'aider mais je n'ai aucune idée par quoi commencer. Il ne parle pas et encore moins à moi. J'ai l'impression qu'il ne veut parler qu'à maman.

- Ils ont une relation spéciale.

- C'est ma mère aussi ! On vient tous les deux d'elle ! Pourquoi c'est qu'avec elle qu'il sourit ou qu'il accepte de faire des trucs débiles ?

- Quels trucs débiles ?

- Bah... Par exemple à Noël, il met un bonnet de lutin et il fait des cookies avec elle. Il regarde des films de Noël avec elle sous un plaid. Ils vont faire les courses pour les cadeaux ensemble... Tout ce genre de trucs qu'il ne réserve qu'à maman.

J'étais resté muet parce qu'encore une fois, qu'est-ce qu'il voulait que je dise ? Je le savais qu'ils étaient proches, mais là ça ressemblait à de la jalousie mais j'ignorais de qui était-il jaloux. De sa mère car elle était proche de Chan ? ou de Chan car il était proche de sa mère ? Aucune idée.

- T'es jaloux ? j'avais tenté sans oser le regarder.

- Non, j'aimerais être proche de mon frère et de ma mère, c'est pas un crime ! Je pense que je vais essayer de l'inviter à dîner et d'avoir une vraie conversation avec elle. Au moins une fois dans ma vie, ça ne nous fera pas de mal.

- Non non...

Jeongin avait soupiré en levant les yeux au ciel. Je pense qu'il était aussi perdu que moi.

- T'inquiètes pas pour Chan. C'est dans sa nature d'être comme ça.

- Aucun de nous n'est comme ça. C'est bizarre non ?

C'est vrai que c'était étrange. Taegwon était toujours plein de vie, Jeongin toujours une pile électrique, leurs parents pareils. Alors pourquoi Chan était le total opposé ? Rien de grave n'était arrivé dans leur vie, du moins je l'aurais su car Jeongin me disait tout. Je l'espérais.

- Bon et ta patronne ? reprit Jeongin. Toujours rien entre vous ?

- Elle ne m'intéresse pas.

- Mouais... D'après les maigres informations de Chan, elle a des gros nichons.

- Super.

- Ça ne t'intéresse pas ?

- Pas du tout.

- Mais qu'est-ce qu'il t'intéresse ? Après toutes ces années, je ne t'ai jamais vu t'intéresser à une nana !

C'était à mon tour de soupirer.

- Parce que je suis full boulot. C'est tout.

- Mais t'as toujours été full boulot ! Même quand tu n'étais pas employé tu étais full boulot. Et avant tu étais full étude.

Il était temps qu'il comprenne. En fait il était temps que je lui dise, non ? Un coming-out n'est jamais facile mais à son meilleur ami, ça devrait mieux passer. N'est-ce pas ?

- Écoute Jeong', je n'ai jamais eu de copines parce que...

- Parce que quoi ?

On s'était regardé dans le blanc des yeux durant de longues secondes. Je sentais mon cœur battre à mille à l'heure, j'ignorais pourquoi c'était si stressant de s'assumer face à son meilleur ami. Peut-être parce que c'était mon meilleur ami depuis toujours. Parce que je vivais pratiquement ici avec lui. Parce qu'il était tellement important pour moi. Son rejet me ferait trop mal. Voilà pourquoi je n'avais jamais trouvé le courage de lui avouer.

- Parce que ça ne m'intéresse pas. Pas encore en tout cas. Quand je rencontrerai quelqu'un, je te le dirais.

Il avait levé les épaules en acquiesçant, rien à ajouter.