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Il était pratiquement minuit, j'étais allongé en slip sous mes draps, il commençait à faire bien trop chaud pour dormir avec une couette. Note à moi-même : retirer cette couette bien que c'était mon refuge préféré.

En train de scroller sur les réseaux sociaux, j'étais bien au calme lorsqu'un tambourinement me fit sauter d'effroi.

J'avais entendu quelques cris en plus, tout ça ne me donnait absolument pas envie d'ouvrir mais je percevais très distinctement la voix de Jeongin en train de se plaindre, pire, en train de crier sur quelqu'un d'autre.

En ouvrant ma porte, légèrement terrifié par le spectacle que j'allais y trouver, j'avais finalement failli lâcher un rire en voyant Jeongin en train de se débattre, visiblement plus qu'énervé, Chan qui le tenait par le teeshirt au niveau de la nuque, comme s'il se trimbalait un gamin qui venait de faire une bêtise.

- Mais lâche-moi espèce de gros demeuré ! Répéta Jeongin en boucle.

Perplexe, j'avais regardé vaguement mon ancien meilleur ami avant d'interroger Chan du regard.

- Mon petit frère a deux mots à te dire, avait-il simplement répondu, suivi d'un clin d'œil.

- Oui, si tu me lâches déjà !

C'était sa dernière plainte avant d'être, enfin, libéré par son grand frère.

Jeongin lui lança un regard noir, Chan répondit en haussant les épaules, visiblement bien amusé.

- Non mais tu te rends compte, pesta mon ancien ami en me regardant dans les yeux, dépassé par les événements, tu cherches à t'excuser ça t'attrape comme un lapin qu'on va abattre pour la soupe.

Ça m'avait fait rire.

Bordel qu'il m'avait manqué.

- Et encore, t'as pas vu le cirque qu'il m'a fait quand on est parti de la maison ! Il avait grogné avant de rentrer pour retirer ses chaussures. J'te jure, un fou furieux ! Eh oui Chan, eh oui, je l'ai dit ! Tu as un pète au casque mon très cher ami !

Chan avait soupiré lourdement mais n'avait pas sorti un mot. Après un léger bisou sur le front, il était parti pour nous laisser discuter calmement.

En refermant la porte, j'avais trouvé Jeongin adossé à l'évier, un verre d'eau à la main.

- Pfiou, 'fait une chaleur j'te raconte pas...

- Qu'est-ce que tu fous là Jeongin ? j'avais interrompu, les bras croisés sur le torse.

Il avait murmuré « ah oui c'est vrai » puis avait posé son verre sale dans l'évier avant de s'approcher de moi.

Soudain, il s'était mis à genoux, bras en l'air, tête baissée.

Mais il n'avait rien dit.

Un peu... Étrange.

- Qu'est-ce que tu branles ? j'avais ajouté, à deux doigts d'exploser de rire.

- J'accepte mon châtiment de gros connard de l'année. Tu as droit à trois claques, une pour chaque mois où je t'ai blessé.

Sourcil arqué, je l'avais observé faire l'abruti avec un petit sourire en coin.

- À quoi ça sert ?

- Je me suis dit qu'en me baffant, peut-être tu comprendrais à quel point je m'en veux, ça fait trois mois que je dors super mal, et tu me manques. Je déteste la vie sans toi 'jin.

Ça m'avait énormément perturbé mais bordel que ça faisait du bien. J'étais sur le point de pleurer, ou de rire, j'en savais rien mais ça faisait longtemps que je n'avais pas eu tous ces sentiments à la foi.

- Pardonne-moi 'jin, pardonne-moi pour mon ignorance et toutes les horreurs que je t'ai dit. Bon certes, il releva les yeux une seconde pour les croiser avec les miens, j'aurai dû venir depuis longtemps mais déjà, j'étais trop chamboulé, ensuite j'étais en embrouille constante avec Chan et je te prenais pour responsable et pour finir, tu sais que m'excuser n'a jamais été mon fort, bien que ça ne me gêne pas de le faire mais je n'arrive jamais à trouver les bons mots. Alors, il avait reprit une grande respiration, je te prie de bien vouloir excuser mon horrible comportement que j'ai eu envers toi ces derniers mois.

Waw.

Effectivement, Jeongin était nul pour les excuses mais celles-ci étaient parfaites. Tellement que j'avais cru lâcher un sanglot.

- C'est bon relève toi imbécile, j'avais pouffé malgré ma gorge serrée par l'émotion.

- Ah tu me frappes pas ?

- Mais je m'en fous de te taper t'es bizarre avec ça.

- Non mais c'est Chan qui m'a dit que tu voulais absolument le faire.

Ça m'avait fait rire mais sans perdre de temps, j'étais allé me poser sur mon lit en allumant la télévision. Jeongin était venu me rejoindre, il avait saisi une manette puis nous avions repris une partie sauvegardée il y a trois mois.

***

En arrivant au travail ce matin, j'avais croisé le regard de Chan. Je lui avais souri sans me cacher, bien que crevé comme jamais je sentais une telle force, un tel bonheur, au fond de moi que je me fichais de sourire comme un abruti à tout le monde.

Alors que j'allais continuer mon chemin, je vis Chan me faire signe de la main d'approcher.

- Alors ? avait-il souri.

- Chan, je ne sais pas comment te remercier... On a passé la nuit à jouer aux jeux vidéos, on a tellement ri aussi, vraiment je ne m'étais pas senti aussi bien depuis tellement longtemps... Tout ça grâce à toi, et ta poigne de fer.

Il avait gloussé en levant les yeux au ciel.

- Je suis content que ça se soit bien passé. Ça faisait plusieurs semaines qu'il me posait des questions sur toi et hier soir il m'a juste dit « j'en ai marre, je vais voir Hyunjin », sauf qu'après il a eu les jetons, d'où notre arrivée un peu chaotique.

Ça nous avait fait rire.

- Jeongin a mis du temps à comprendre mais je crois que désormais, c'est l'hétéro le plus calé sur l'histoire des LGBT. Au début il regardait du porno, heureusement que je suis vite intervenu pour lui montrer du contenu un peu moins étrange.

Rah Chan j'avais envie de te galoche comme jamais là.

- Mais aussi, merci à toi, reprit il.

- Pourquoi ?

- Tu as accepté ses excuses, il se rongeait tous les ongles en se disant que c'était normal que tu ne veuilles plus jamais lui parler. Et je le comprends, à ta place j'aurai eu du mal quand même.

- C'est mon meilleur ami, avais-je répondu en haussant les épaules, je comprenais même si ça m'a fait beaucoup de mal. Aujourd'hui, je veux profiter du positif, passer pleins de soirées avec lui, et tout le tralala Jeongin.

- Tu sais que tu n'aies pas obligé de lui pardonner dès à présent. Si tu sens que tu as besoin encore de temps pour digérer ses conneries, dis-lui, il comprendra parfaitement.

Ça m'avait fait plaisir qu'il me dise ça. C'est vrai que c'était important de savoir qu'on n'est jamais obligé de devoir excuser quelqu'un, mais Jeongin m'avait blessé simplement parce qu'il était con. Désormais qu'il l'était moins , tout ce qui m'intéressait était de rattraper le temps perdu.

SECRET SECRET. hyunchanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant