Chapitre 1

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Nick



J'allais sortir faire une course, mais au moment où je pose ma main sur la poignée de la porte, mon père m'appelle de l'autre bout du hall. Je crispe la mâchoire, gonfle le torse avant d'exhaler un bon coup et de me retourner, tout sourire, vers mon père. Il a à me parler, et je pense déjà savoir ce qu'il va m'annoncer. Je suis certain qu'il s'agit de remariage. J'ai toujours eu des relations très compliquées avec mes parents, mais plus particulièrement avec ma mère, qui nous a abandonné, mon père et moi quand j'étais tout gamin. Je ne lui ai jamais pardonné, et je ne l'a vois plus. Aujourd'hui, je vis dans cette grande villa avec mon père, son majordome, la bonne et son chauffeur. Je fais des études pour reprendre la boîte de mon père. Mon chemin est tout tracé depuis la seconde où ma mère était enceinte de moi et qu'ils ont appris que j'étais de sexe masculin. Au moins, ta mère aurait fait un truc bien, n'arrête pas de répéter mon père depuis que je suis gosse.

- Assieds-toi, m'ordonne-t-il. Il faut que je te parle d'une chose importante.

- Je t'écoute. J'allais sortir.

- Tu vas bientôt avoir vingt-trois ans, et d'ici quelques semaines, tu vas obtenir ton diplôme.

- Oui, ça, je le sais déjà.

Je n'aime pas quand il tourne autour du pot. Ça ne lui ressemble pas du tout, il ne le fait que très rarement. Soit il a quelques choses de grave à m'annoncer, soit il sait d'avance que ça ne va pas me plaire. J'inspire doucement, pour tenter de ne pas lui montrer que cette discussion m'énerve déjà.

- Tu vas bientôt pouvoir obtenir un poste au sein de l'entreprise.

- Oui.

- Mon fils, il est tant pour toi de te marier.

- Pardon ?

- Les actionnaires majoritaires de Fuerza Mayor doutent de tes capacités à diriger un jour l'entreprise. Ils ne connaissent pas comme moi je te connais. Ils se fient à ce qu'ils ont pu voir à une époque dans la presse people.

- Tu n'as qu'à leur parler. Puis c'est toi qui détiens les plus grosses parts de l'entreprise, non ? Ils n'ont pas à décider quand est-ce que je dois me marier, ou non. On est plus au Moyen-Age.

- Tu sais parfaitement que ce n'est pas comme ça que ça fonctionne. Tu devrais déjà t'estimer heureux qu'ils ne choisissent pas ta prétendante.

- Et en plus, qui veux-tu que j'épouse ? Je ne suis pas prêt pour ça.

- Nick, tu te marieras. Un point, c'est tout. Tu as jusqu'à la remise des diplômes pour trouver la femme avec qui tu partageras ta vie.

- Deux mois ? Mais c'est du grand n'imp-

- Maintenant, ça suffit Nick. Tu fais ce que je dis, ose-t-il le ton en se levant.

Et je compris tout de suite que c'était la fin de la discussion. Aucune négociation possible. J'hoche la tête en me levant à mon tour, puis je sors de la pièce d'un pas décidé. Il m'appelle d'un air dépité, mais je suis déjà dans l'escalier. Je vais m'enfermer dans ma chambre comme un gamin de quinze ans qui boude, mais je m'en contre fou. J'ouvre le premier site de rencontres installé dans mon téléphone et je commence à swiper. Aucune femme ne me convient, je leur trouve toujours un petit défaut. Aucune ne m'attire suffisamment pour que j'ai envie de me marier avec l'une d'entre elles un jour. Je grogne en balançant mon téléphone à l'autre bout du lit. Je prends ma tête dans mes mains, je suis complètement dépassé par tout ça. Je réfléchis quelques minutes à un échappatoire possible, mais je n'en vois aucun. Je décide finalement d'appeler mon meilleur ami, et de lui proposer une soirée bourbier. Il accepte sans hésiter.

Près de trente minutes plus tard, je suis douché et préparé à sortir. J'ai sorti un jeans noir et une chemise blanche. Assez basique. Mes cheveux court sont même coiffés et retombe légèrement en arrière. Je m'admire un moment dans le miroir et décide de déboutonne un bouton de ma chemise sur le haut de mon torse. Mon téléphone vibre, il arrive. Je descends deux à deux les grandes marches en L de la maison. Je fais mon possible pour ne pas avoir à recroiser mon père, mais il devait s'attendre à ce que je réagisse comme ça. Je prends souvent la fuite quand une situation ne m'enchante pas.

- Nick, où vas-tu ?

- Josh est devant, il m'attend.

Et je sors en claquant bêtement la porte. Je sais que ma réaction est immature et indique d'un héritier d'une aussi grande entreprise que celle de mon père, mais je ne contrôle rien quand je suis en colère.

Je rejoins Josh à l'entrée. Je saute dans sa décapotable et lui ordonne de rouler. Je ne veux pas rester là une minute de plus. A peine a-t-il appuyer sur l'accélérateur qu'il me demande déjà ce qu'il m'arrive. Bah oui, il me connait depuis le jardin d'enfant. Je vide mon sac, et lui raconte tout. Bien que ce ne soit pas très compliqué à comprendre, il reste bouche bée, surpris, choqué, mais fini par exploser de rire.

- Il n'y a rien de drôle, mec.

- Tu sais quoi ? Je vais t'emmener dans un endroit qui te fera oublier tout ce merdier.

- Merci, mec. Je savais que je pouvais compter sur toi.

On finit par se garer dans une sorte de zone industriel. Je ne connais pas du tout cet endroit. Je fronce les sourcils en scrutant les lieux. Je lui demande où nous sommes, il se contente de me sourire avant de descendre de la voiture et de me demander de le suivre. Je m'exécute. Il me fait passer entre deux gros bâtiments avant de pouvoir accéder à une petite porte garder par une sorte de gardien. Josh donne son nom et l'accès nous est autorisé. Le type ouvre la porte et je comprends rapidement qu'il s'agit d'un videur, et non d'un gardien. On entre rapidement, et je comprends grâce à la musique est aux bars que nous sommes dans une boîte de nuit, avec beaucoup de bar de pole dance.

- Mec, c'est quoi cet endroit ?

- C'est là que bosse ma nouvelle conquête.

- C'est laquelle ? l'interroge-je en observant les filles derrière le bar.

- Elle n'est pas barmaid, rit-il. Viens, prenons un verre et allons nous installer. Le spectacle va commencer.

- Le spectacle ?

Il nous commande des verres, et je le suis en ayant l'air de savoir ce que je fais. Ma confiance en moi est mon plus grand atout, et elle est infaillible. Je ne montre jamais quoique ce soit, et il ne m'est jamais arrivé de douter de moi. Ça peut paraître prétentieux, mais mon père m'a appris à ne jamais avoir peur de rien. Nous nous asseyons dans une banquette, juste devant la scène avec les podiums et les barres de pole dance. La musique est coupée, les lumières s'éteignent puis une nouvelle commence au bout de quelques secondes. Une lumière tamisée me permet d'apercevoir des filles à moitié à poils arrivant de part et d'autre de la scène. Je me tourne vers mon pote, il explose de rire en voyant ma tête.

- Josh, bordel, t'abuse !

Je ne peux pas m'empêcher de rire avec lui, même si je sais que ça tuerait mon père si la presse à scandale apprenait que je suis venu dans ce type d'endroit. Je me détends dans la banquette, trinque rapidement avec Josh et prend une longue gorgée d'alcool avant d'observer ce beau spectacle. Elles sont plutôt pas mal, je les détaille une à une. Il y en a pour tous les genres, mais une en particulier retient mon attention. Sur la gauche, à l'opposé de là où on est placé, une petite brune se tortille sur ses talons haut et virevolte sur la barre au rythme de la musique. Je souris, puis finalement je n'arrive pas à décrocher mon regard d'elle.

𝑫𝑬𝑪𝑨𝑫𝑬𝑵𝑪𝑬Où les histoires vivent. Découvrez maintenant