Chapitre 5

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Nick



Les jours passent, les semaines passent et rien n'avance. On est presque arrivé au bout des deux mois de délais que mon père m'avait donné pour trouver une femme à épouser, et j'en suis toujours au point mort. Je n'ai trouvé personne d'acceptable. J'ai envie d'épouser quelqu'un que j'aurai envie de voir tous les jours, pas une fille qui me satisfait pour une nuit. Et j'estime que ce n'est pas en deux mois que je peux trouver cette personne-là. Je ne suis pas comme Josh avec Lina. Depuis presque deux mois, ils ne se lâchent plus. Je n'ai pas revu Aleyna pour autant. Notre dernière et unique rencontre a été un vrai fiasco, j'aurai au moins aimé réparer les choses et ne pas rester sur un conflit. De toute façon, je ne vois pratiquement plus Josh ces temps-ci.

Mon téléphone vibre dans ma poche, je le prends pour décrocher. Tiens quand on parle du loup.

- Mec, dis-je dans le combiné.

- Nick, ça va ? T'es occupé ce soir ?

- Ça va. Rien de spécial, j'ai passé tous mes examens.

- Cool. Sortons fêter ça comme il faut ! Je passe te prendre à vingt heures, ok ?

- Vas-y !

Et sur ces paroles, je raccroche. J'ai rendez-vous avec mon père au bureau dans moins de quinze minutes. Je me regarde dans le miroir, centre mon costume, applique une délicate couche de parfum sur mes poignets, et descend en trompe les clefs de la voiture dans une main, mon portable dans l'autre. Il fait un temps superbe, mes lunettes de soleil sont les bienvenus. Je marche d'un pas décidé jusqu'à la voiture de sport et sort rapidement de la propriété. Mn père a horreur des gens en retard. Je roule le plus rapidement possible pour arriver dans les temps.

Une fois sur place, c'est plutôt facile d'accéder au bureau de mon père. Pas besoin de passer par l'accueil ou de me présenter, tout le monde me connait déjà. J'ai juste à me diriger vers les ascenseurs, à monter dans l'un d'eux et aller jusqu'au dernier étage du gratte-ciel. Les portes s'entrouvrent à peine que son assistante est déjà debout, prête à m'accueillir.

- Bienvenue Monsieur Williams.

- Gabrielle, vous allez bien ? Souris-je. Et ne m'appelez pas Monsieur Williams. Il s'agit de mon père, pas de moi.

- Et pourtant c'est comme ça que les employés t'appelleront quand tu commenceras à travailler avec moi, intervient mon père sorti de nulle part.

- Bonjour, père.

- Fils. Allons dans mon bureau.

Il guide le pas et je me contente de le suivre. Mon père m'a que très rarement convoqué dans son bureau. La première fois j'avais 13 ans. J'avais frappé un garçon à l'école, et au lieu de me mettre une soufflante à la maison, il m'avait fait venir ici avec la gouvernante. C'était plus imposant, et un meilleur moyen pour lui de me faire comprendre que c'est lui qui règne.

- Je te félicite pour tes résultats à ton Master.

- Mais je viens tout juste de terminer les épreuves, nous n'avons pas encore reçu les notes.

- Et bien, j'y ai eu accès. Je suis fier de toi, Nick.

Il ne m'a que très rarement dit qu'il était fier de moi. Ça me touche beaucoup, mais je me contente d'hocher la tête et de ne rien laisser paraitre.

- As-tu fait ce que je t'avais demandé ? Les deux mois vont s'achever, et je n'ai eu le plaisir de rencontrer quelqu'un. Il n'y a jamais de femme que je croise à la maison.

- Je n'ai pas encore... trouvé.

- Peut-être n'as-tu pas suffisamment chercher.

Là, il a totalement raison. Je dois bien l'avouer, je n'ai pas fait beaucoup d'effort. J'ignore pourquoi, mais à chaque fois que j'essaie d'y penser, mes pensées se tournent instinctivement vers Aleyna. Même si on a eu une rencontre tumultueuse, je n'arrive pas à me la sortir de la tête.

- Je vais être transparent avec toi, Nick. Si tu n'as pas trouvé d'ici moins de quinze jours, je serai forcé de choisir à ta place.

- Vous me feriez épouser une femme que je ne connais pas ?

- Tu apprendras à la connaître et à l'aimer par la suite.

Je crois qu'au fil des années mon père est devenu comme moi, côté sentiment. Je doute qu'il pense que l'amour existe encore. Je ne l'ai connu ou vu avec personne depuis que ma mère est partie. Il aime sa solitude. Rien d'autres que son entreprise ne compte. Vu la tournure que prend les choses, je pense même que l'entreprise passe au premier plan, avant son fils.

- Bien, me contente-je de dire.

Parfois, j'aimerai réagir autrement et laisser ressortir ma colère. Mais il reste mon père, il m'a élevé et apporté tout ce que je pouvais désirer, je lui dois le respect.

Je me lève, il me raccompagne jusqu'à la porte, en me disant à ce soir. Mais rapidement, je l'informe que je sors, et qu'on ne se verra probablement que demain. On se serre la main, comme une sortie de rendez-vous d'affaire. Je contracte la mâchoire en me dirigeant vers les ascenseurs. Je n'arrive pas non plus à cesser de desserrer les poings. Je regarde droit devant moi, perdu dans mes pensées, sans vraiment regarder où je mets les pieds. Je bouscule quelqu'un, reprends mes esprits et me rend compte que je l'ai faite tomber. Je me baisse en m'excusant pour l'aider à se relever. La personne prend ma main, remonte ses lunettes sur le bout de son nez, puis mes yeux rencontrent les siens. Je me décompose sans pouvoir contrôler quoique ce soit. Je n'aurai jamais pensé tomber sur elle de nouveau, encore moins ici, à quelques pas du bureau de mon père.

- Que fais-tu là ? murmure-je, encore abasourdi.

- C'est plutôt moi qui devrais te poser la question.

𝑫𝑬𝑪𝑨𝑫𝑬𝑵𝑪𝑬Où les histoires vivent. Découvrez maintenant