𝑫𝑬𝑪𝑨𝑫𝑬𝑵𝑪𝑬

Chapitre 12

Aleyna

          Je dois avouer que le réveil a été plutôt brutal. Je n'ai même pas entendu le téléphone de Nick sonnait, mais la voix masculine hurlant dans le combiné, oui. Je me frotte les yeux et me décale sur le côté. Il me regarde, puis il raccroche. Il se rapproche de moi en me serrant contre lui. J'ai le droit à un baiser sur le front en guise de bonjour. Je souris, ça me plait. C'est comme s'il ne voulait pas que le moment s'arrête, comme s'il voulait mettre le temps sur pause. Mais voilà, la réalité nous a rattrapé.

- Alors, qui a un couvre-feu déjà ? Ricane-je dans son torse.

- Il va falloir qu'on rentre, désolé. Il commence à se faire tard.

Il est tellement sérieux, et limite froid. Hier, il m'a confié qu'il ne s'entendait pas avec son père. Du peu que j'ai pu en entendre, je crois que je comprends pourquoi. On dirait un père étouffant et manique du contrôle. Il y a étouffant et étouffant. Le mien l'est, mais raisonnablement et de façon parfaitement saine. Le sien... et bien, on ne dirait pas.

- Quel heure est-il ? finis-je par demander.

- Presque onze heures et demi.

- Mais non ?

Je me redresse en retenant la couverture, puis attrape mon téléphone sur la table de chevet, au bord du lit. J'ai plusieurs appels manqués de mon père et quelques messages, dont un de Lina.

- Je vais aller prendre une douche. Tu veux venir ?

Il me sourit en passant sa main dans mes cheveux. Je frisonne, c'est tellement tentant. Mais je dois moi aussi faire volte-face et revenir à la réalité. Je ne suis pas rentrée de la nuit, et je n'ai même pas prit le temps de prévenir mon père. Il doit être mort d'inquiétude, ou pire encore, j'ai peur qu'il est passé la nuit au casino, à jouer de l'argent que nous n'avons pas.

- J'ai un appel à passer. Mais vas-y toi !

- D'accord.

Il se redresse pour se lever, mais me vole un baiser en passant. Je lui souris avant de le voir disparaitre dans la pièce d'à côté, qui à mon avis, est la salle de bain. J'attends qu'il ferme la porte pour composer le numéro de mon père. Ça sonne plusieurs fois, mais je suis dirigée vers la boite vocale. Bordel ! J'espère sincèrement qu'il dort. Je regarde rapidement les messages de Lina. J'ai le droit à pleins d'emoji paniqué dont plusieurs « attention ». Je l'appelle, ça ira beaucoup plus vite.

- Meuf, où tu étais passé ? me siffle-t-elle déjà après avoir à peine décrocher.

- Et bien, j'étais avec Nick, Lina. Et je le suis toujours d'ailleurs.

- Ton père s'est fait un sang d'encre une bonne partie de la nuit. Il a cherché à te joindre mais sans succès. Je crois qu'il a fait une connerie. Mon oncle l'a vu au casino... J'ai été le voir pour essayer de le ramener chez lui, mais... Il ne voulait rien entendre.

- Okay... Je m'en doutais de toute façon. Il est où exactement ?

- Je t'envoie l'adresse par texto. Ça va aller ?

- Oui, oui. Ne t'en fait pas. Je vais demander à Nick de me ramener rapidement, et j'irai le chercher.

- Je vais aller t'attendre chez toi. Je suppose que tu n'en as pas parlé à Nick, il trouverait ça sans doute bizarre que tu lui demandes de te déposer au casino. Les clefs sont toujours sous le paillasson ? On ira ensemble.

- Oui. Merci beaucoup ma biche. Je t'envoie un message un quart d'heure avant d'arriver pour ne pas te faire attendre.

- C'est normal, chérie. A tout à l'heure ! Oh eh.... Je sais que ce n'est pas le moment, mais j'espère que ça s'est bien passé avec Nick.