- Bois ça, ça ira mieux.
Grimaçant de douleur, Mikey prend le verre d'aspirine que je lui tends. Il l'avale d'une traite, puis affiche une moue dégoûtée face à l'amertume du médicament.
- Quelle heure il est ? demande-t-il d'une voix pâteuse.
- 8 heures. Il faut que j'aille travailler.
Il tourne la tête vers moi. Il n'y a plus aucune trace du chagrin d'hier soir sur son visage. Non, à cet instant précis, Mikey paraît totalement vide.
- Comment tu m'as retrouvé ?
- C'est Chifuyu qui t'a vu couché sur un banc public, complètement saoul. On t'a ramené chez moi tous les deux.
- Pourquoi vous avez fait ça ? souffle-t-il, à présent agacé.
- Je t'avais dit que j'avais pas l'intention de partir, je rétorque.
Mikey se lève pour manifester son énervement mais se rassoit aussitôt, la main sur le front.
Il n'a vraiment pas l'air en forme... Je me demande sincèrement ce qui l'a poussé à prendre une cuite pareille...
Prêtant finalement peu d'attention à son état, je lui lance la veste de costume qu'il portait hier. Incrédule, il relève la tête vers moi. Mon geste a effacé son agacement.
- Viens avec moi, dis-je.
- On va où ?
- À l'animalerie.
- J'ai pas d'animal de compagnie.
Je pousse un soupir et attrape son poignet pour l'entraîner jusqu'à l'entrée. Tandis que je ferme la porte à clé derrière nous, il reprend l'expression vide qu'il affichait tout à l'heure.
- Tu tiens pas à ta vie ou quoi ?
Je me fige à ces mots. L'interrogation de la veille revient hanter mon esprit.
- C'est quoi cette question de merde ? je réplique cependant d'un ton sec.
- Ça fait 10 ans que je m'efforce de te protéger, alors arrête de vouloir tout gâcher. Tu ne sais pas à quoi tu t'exposes.
- Arrête de dire des c...
- Isuzu, me coupe-t-il d'une voix froide, je te le répèterai autant de fois qu'il le faudra. Plus tu te tiens loin de moi, mieux ça vaut pour toi.
Je ne réponds pas et me contente de l'entraîner dans l'ascenseur avec moi. Mikey baisse la tête et la secoue, poussé à bout par mon entêtement.
- Manjirô.
Nos regards se croisent. Le fait d'avoir prononcé son prénom semble avoir changé quelque chose en lui. Le chagrin refait surface au creux de sa pupille noire.
- Laisse moi faire, dis-je. Juste pour cette fois.
Les portes de l'ascenseur s'ouvrent sur le hall de l'immeuble. Je tends une main à Mikey, la paume tournée vers le ciel. Il la fixe un moment avant de passer devant moi sans la prendre, puis sort en mettant les siennes dans ses poches.
Je me dépêche de le suivre mais il accélère le pas. Bien plus rapide que moi et malgré mes multiples interpellations, il disparaît au milieu de la foule de travailleurs pressés. Plus énervée que jamais contre moi-même, je continue de le chercher parmi les passants durant de longues minutes, détaillant chaque visage... Mais aucune trace de lui.
C'est une blague ? Il s'est encore barré aussi facilement ?
- Espèce d'imbécile ! je m'exclame, plus pour moi-même que pour lui.
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Au fer rouge (Mikey Manille x OC)
Fanfiction« Isuzu. Il faut qu'on arrête de se voir. » Voilà 10 ans que Manjirô Sano a prononcé ces mots avant de disparaître. Malgré de multiples recherches, je n'ai jamais réussi à retrouver sa trace, et cela fait maintenant longtemps que j'ai abandonné l'id...