Au fer rouge (Mikey Manille x OC)

17 : Tête de mule

12 ans plus tôt, Août 2005

- Mais tu fous quoi ici toi ?!

- À ton avis, abruti ? Je me bats, ça se voit non ?

Tout en donnant un coup de poing en pleine tête d'un assaillant, Baji me lance un regard noir.

- Chifuyu ! rugit-il à l'adresse de son vice-capitaine. T'étais au festival avec Isuzu et tu l'as même pas mise à l'abri ?!

- Bien sûr que si ! couine ce dernier, attaqué par deux Moebius à la fois. C'est elle qui m'a suivie !

- J'allais pas rester bien sagement les bras croisés ! je riposte. Je suis pas une petite chose fragile !

Désormais devenue cible facile pour les Moebius, mes adversaires se font de plus en plus nombreux. Ayant cependant été entraînée par les soins de Mikey, je réplique en quelques coups bien placés pour les mettre momentanément à terre. Baji, qui continue de se battre en me jetant des coups d'œil réguliers, ne peut s'empêcher de sourire malgré l'agacement.

Au départ, je n'étais venue ici que pour leur prêter main forte et ne pas attendre qu'ils se fassent massacrer tout en étant planquée dans un coin. Finalement, je commence à prendre un plaisir fou à me bastonner aux côtés de mes amis.

- T'es au courant que Mikey va jamais accepter ça ? me fait Baji en se rapprochant de moi.

- C'est pas comme si c'était la première fois, je rétorque, sourire en coin.

- Une vraie tête de mule.

- La ferme, le dalleux.

- Putain, j'ai vraiment la dalle en plus.

- Vous voulez que je vous serve un thé et des petits gâteaux, aussi ? s'impatiente Chifuyu, nous rejoignant également. Je vous rappelle qu'on est en pleine bataille.

Baji et moi nous apprêtions à répondre mais de nouveaux adversaires surgissent et nous sommes contraints de nous séparer. Je m'attendais à les rétamer avec autant de facilité que les précédents, mais c'est complètement différent ; cette fois, ils n'ont pas du tout la même carrure. Il était évident que je ne pourrai pas continuer à faire la maligne longtemps...

- Une si jolie gazelle qui fait partie d'un gang, quel dommage, soupire tristement le Moebius qui me fait face.

J'esquive son poing en me baissant, mais il enchaîne aussitôt avec un coup de genou dans mon menton. Feignant d'être étourdie pour gagner du temps, j'essuie rapidement les larmes de douleur naissantes. Tête toujours baissée, je lance ma jambe en plein dans ses bijoux de famille.

- Ça t'apprendra à prendre les femmes pour des animaux, je crache.

- C'est pas un animal que t'es toi, c'est carrément autre chose, marmonne-t-il.

Bien qu'il soit plié en deux, il parvient à se jeter sur moi en enroulant ses bras autour de mes hanches pour me faire tomber en arrière. Je heurte cependant un type qui passait derrière moi au même moment. Tout autant surpris par la présence de l'autre, nous sursautons brusquement. Ce geste fait échapper de ses mains un objet métallique qui atterrit au sol dans un bruit argentin.

J'écarquille les yeux en reconnaissant un couteau. Même mon adversaire initial s'est figé.

- Tu comptais planter qui avec ça ? je m'exclame, ahurie.

Pour toute réponse, il lève son poing en l'air pour me frapper. N'ayant ni le temps ni l'espace de riposter, je ferme les yeux pour me préparer au choc... qui ne vient pas.