19 : Pourquoi t'es venu ici ?

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Cela fait maintenant une bonne demi-heure que je suis Mikey à la trace. Bien que je conserve une bonne distance entre nous, il doit sentir que quelque chose cloche ; depuis que je l'ai rattrapé, il ne cesse de regarder à droite et à gauche, et se retourne même parfois vers moi. Par miracle, il ne s'est pour l'instant aperçu de rien. Ou, en tout cas, il fait semblant de ne pas m'avoir vue...

Il ralentit dans un quartier résidentiel, légèrement à l'écart des rues passantes de la ville. Les maisons, calmes et silencieuses, contrastent avec les grands immeubles aux couleurs criardes et le bruit infernal de la circulation.

Éclairée par les quelques lampadaires blafards, la silhouette de Mikey continue nonchalamment d'avancer. Je me rapproche de quelques pas en faisant le moins de bruit possible. Une seule erreur de ma part et je suis foutue.

J'ai l'impression d'entendre mon cœur battre dans mes oreilles tant il cogne fort contre ma poitrine. Mon corps est gelé et en ébullition, peinant à décider s'il est glacé par la peur qui l'emprisonne ou dévoré par un stress brûlant.

Quelle merde. Ça faisait longtemps que j'avais pas eu une trouille pareille.

Mon estomac se serre lorsque Mikey quitte mon champ de vision pour entrer dans une grande maison de brique. Contrairement au reste des habitations, celle-ci n'a rien de rassurant ; austère et sombre, sans aucune lumière chaleureuse, j'en aurais presque la nausée. Jouer aux espionnes ne me réussit vraiment pas.

À pas feutrés, je prends la même direction que lui. J'entre dans un petit jardin quand une ombre apparaît derrière moi, reflétée par la lumière du lampadaire. Un frisson d'effroi me parcourt l'échine tandis que je la regarde s'agrandir sur le sol.

Putain. Mikey n'était pas entré dans la maison ? C'était un piège ?

- Dis donc, petite demoiselle... On t'a jamais appris que c'était mal de suivre les gens ?

Je fais volte-face mais mon crâne rencontre une barre de fer au même instant. Incapable de rester debout, je me laisse tomber sur les pavés gelés, à la manière d'une vulgaire marionnette à qui on aurait coupé les fils.

Comme si j'étais dans un bateau qui naviguait en pleine tempête, le sol se met à tanguer. Des chaussures noires et cirées apparaissent devant mes yeux avant d'être suivies par une mèche rose, indiquant que la personne vient de se pencher vers moi.

- Tu pionces pas encore ?

Des doigts froids dégagent quelques cheveux de mon visage.

- Vraiment pas mal... Dommage que ça soit fini pour toi.

L'homme continue de parler mais mes sens s'éteignent un à un, me coupant du monde. Les paupières lourdes, j'ai beau lutter elles finissent par se clore d'elles-mêmes.

Et puis plus rien.

Juste le néant.

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PDV Mikey

- C'est vraiment la fin pour moi, hein ?

Mikey ne répond pas. Sa migraine lui en empêche. Il sait qu'il a cédé il y a peu ; le feu qu'il a fait prendre aux bidons d'essence à côté d'eux en est la preuve malheureuse.

Les phalanges encore rouges, il desserre sa cravate.

- C'est comme ça que tous les autres sont morts ?

- C'est pas le moment de blablater, Hakkai.

Les lèvres ensanglantées d'Hakkai s'étirent en un sourire triste. Malgré la faucheuse qui attend patiemment de l'emporter avec lui, il ne semble pas paniqué le moins du monde. Non, étonnamment, il a plus l'air de l'accueillir comme une vieille amie.

Au fer rouge (Mikey Manille x OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant