26 : Dernière solution

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- Vous savez comment il est mort ?

- Étranglé, paraît-il... Le coupable est toujours en fuite.

- Quelle tragédie, un si beau garçon...

- Beau garçon, certes, mais il faisait partie d'un gang ! Il fallait bien s'attendre à ce qu'il meurt de façon prématurée...

Relevant les yeux du visage pâle de Mitsuya, j'oriente mon regard vers les deux personnes âgées qui entretiennent leur conversation non loin de moi. Se rendant compte que je l'ai entendu, l'homme s'empourpre et laisse ses doigts tapoter nerveusement sur son verre. Plantée à côté de lui, la vieille femme ne semble plus savoir où se mettre.

- Vous connaissiez Takashi ? je demande froidement.

- Hum..., toussote l'homme. J'étais un ami de sa mère, je le voyais régulièrement lorsqu'il était petit...

- Je vois... Et vous pensez que c'est une bonne excuse pour avoir une conversation aussi dégradante autour de sa tombe ?

Ayant haussé le ton, quelques visages indignés se tournent vers nous. Le teint de mes interlocuteurs vire soudain au rouge vif et je ne peux m'empêcher d'en ressentir une certaine satisfaction.

Tout en leur lançant un dernier regard noir, je tourne les talons pour sortir du lieu de cérémonie. De toute façon, rester plus longtemps devant le corps sans vie de Mitsuya aurait été au-dessus de mes forces. Voir ses traits figés dans une expression de plénitude remue le couteau dans une plaie déjà béante.

J'aperçois quelques personnes me suivre des yeux alors que je prends la direction de la porte.

- Qu'est-ce que vous regardez ? je leur lance d'un ton sec.

Penauds, ils se détachent finalement de moi. Ces imbéciles hypocrites... Je suis persuadée que la moitié d'entre eux n'ont pas vu Mitsuya plus d'une fois au cours de leur vie...

Un homme passe la porte au moment où je quitte l'endroit. Ses yeux bleus se posent un instant sur moi mais ne s'y attardent pas ; la respiration haletante, il s'avance d'un pas rapide vers la tombe de bois lisse de Mitsuya.

Je fronce les sourcils. Il dégage une aura qui m'est bien trop familière pour que je n'y prête pas attention. Perplexe, je l'observe se piquer devant le corps de mon ami, farfouillant dans ma mémoire où j'ai déjà pu le rencontrer.

Ce n'est que lorsqu'il fait demi-tour que je le reconnais ; malgré une apparence globale plus mature et des cheveux redevenus noirs, il est le genre de personne à posséder un regard qu'on ne peut pas oublier.

Chifuyu avait raison. Il est le même qu'à l'époque.

- Takemichi, je souffle.

Lui ne s'est cependant aperçu de rien. Tout en sortant son téléphone de sa poche, il se met à courir dans la rue et je me dépêche de le suivre.

Il est enfin revenu. Ces dernières semaines ont été les plus longues de mon existence. Je me suis efforcée de continuer de vivre, mais je n'étais plus qu'enveloppe charnelle qu'il fallait entretenir. Mon cœur a cessé de battre le soir de la mort de Chifuyu, et le départ de Mikey l'a réduit en cendre. Mais à présent, Takemichi est de retour... Après une éternité, voilà une première lueur d'espoir, une faible lumière éclairant la sortie du tunnel...

- Putain ! Fait chier !

Se laissant tomber à quatre pattes sur le sol, Takemichi frappe violemment le béton de ses poings. Son corps tout entier est secoué de sanglots alors que je m'approche lentement de lui.

- Chifuyu ! crie-t-il, désespéré. Naoto ! Vous êtes où, les gars ?!

- Tu m'as déjà oubliée ?

Son visage ruisselant de larmes s'illumine lorsqu'il se tourne vers moi. J'essaie de lui adresser un sourire, mais les muscles de mes joues me paraissent si raides que j'ai l'impression d'esquisser une grimace.

Au fer rouge (Mikey Manille x OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant