Au fer rouge (Mikey Manille x OC)

24 : Déchéance

- Madame ?

Mort.

- Madame, est-ce que vous m'entendez ?

Chifuyu est mort.

- Murata, tu vois bien qu'elle est en état de choc...

- T'es sûr qu'elle est pas sourde ?

Mikey a tué Chifuyu. Mikey a tué tout le monde.

Une main chaleureuse se pose alors sur mon épaule. Battant des paupières plusieurs fois, je me tourne vers la personne qui s'accroupit en face de moi. Ses yeux bleus sont légèrement cachés derrière quelques mèches de cheveux noirs. Cet homme dégage une certaine tendresse qui m'incite à essayer de reprendre pieds.

- La police est avec vous, vous ne craignez rien, dit-il d'une voix douce. Comment vous vous appelez ?

- Isuzu, je réponds difficilement, la bouche pâteuse. Isuzu Hanemiya.

- Très bien, Isuzu. Moi, je m'appelle Naoto Tachibana. Vous vous sentez en état de me suivre ?

Je hoche la tête avec lenteur. Tout autour de moi est devenu étrangement irréel, comme si je flottais dans un rêve. Chacun de mes membres sont cotonneux et ma vision est floue.

Peut-être que je ne vais pas tarder à me réveiller ?

Oui ça ne peut qu'être un cauchemar... Mikey n'est pas un meurtrier, et Chifuyu m'attendra demain à l'animalerie pour me lancer ses stupides sorts de sa saga préférée...

- On l'emmène au poste ?

- Il faut qu'on lui pose quelques questions tant que c'est encore récent, répond Tachibana en passant mon bras sur ses épaules. Si elle n'est vraiment pas en mesure de nous répondre, on la confiera à l'hôpital pour la nuit.

Il me relève lentement avant de faire quelques pas en direction d'une voiture de police. Je n'essaie pas de me dégager tout comme je ne fais aucun effort pour avancer ; je me laisse simplement porter, incapable de plus.

Tachibana dégage une odeur de parfum pour homme tout à fait agréable et sa chaleur corporelle réchauffe mes membres glacés. Une chance que ce soit lui qui ait décidé de me prendre en charge plutôt que son collègue ; ce dernier perdait déjà patience face à mon manque de réaction.

Mais j'étais dans l'incapacité la plus totale de lui répondre. C'est comme si j'étais engloutie par des eaux profondes et tourmentées, avec une ancre m'attirant toujours plus bas. Je ne peux pas remonter à la surface. Je suis complètement noyée dans cet océan. Si seulement personne n'était arrivé... Peut-être aurais-je pu me laisser mourir ici ?

Tandis que Tachibana me fait entrer avec délicatesse à l'arrière de la voiture, je jette un dernier regard à Chifuyu ; son corps a été recouvert d'un drap blanc. Son sang forme à présent une large mare autour de lui, mais celle-ci a cessé de s'étendre. Combien de temps suis-je restée assise à côté de lui ? J'ai l'impression qu'une éternité s'est écoulée depuis que Mikey lui a tiré dessus.

En parlant de Mikey... Où est-il, à présent ?

- Vous le connaissiez ?

Tirée de mes pensées, je me tourne vers Tachibana.

- Pardon ?

- Chifuyu Matsuno, vous le connaissiez ? répète-t-il en mettant le contact.

- C'est mon meilleur ami.

- Oh, je vois..., souffle-t-il, penaud. Je suis désolé.

Quelques minutes défilent dans le silence. Bien que j'ai toujours cette sensation de flottement, mes esprits commencent à revenir petit à petit.