Chapitre 19

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Never fin u

Timothé Blacke

Je pose ma veste sur mon canapé en soupirant. Je m'étire et craque mes doigts. Mon téléphone sonne et je vois qu'Elliana m'a envoyé une photo du paysage qu'ils ont avec leur voyage de noce. Je lui réponds rapidement lui disant que je suis heureux pour elle. Elliana et Tom se sont mariés il y a une semaine et ils devraient revenir dans quelques semaines.

Et ça fait une semaine qu'il y a eu ce...truc avec Louis. J'ai dû rappeler Emma après la soirée et prendre deux jours pour me rendre chez elle afin de régler quelques trucs. J'aimerai en parler à Louis, vraiment, ça me tue de savoir qu'il ne sait de ce qu'il se passe mais je n'y arrive pas. C'est comme si à chaque fois que j'essayais de lui en parler, ma langue se coupait et ma gorge se bloquer et l'envie de pleurer montait en force dans mon corps.

Alors je repousse encore et encore, mais ça va se savoir un jour, et là il m'en voudra de n'avoir rien dit. Personne n'est au courant, même pas Lukas.

Ensuite, il y a ce truc qui s'est passé à la fête d'Elliana, à la fin, c'était comme si on était dans une bulle, inconscient de ce que nous faisions, je me demande ce qu'il se serait passé si Louis ne m'avait pas repoussé. Est ce que ça aurait été comme la dernière fois ?

Ça me tue de lui faire mal alors j'essaye de ne pas trop lui en faire mais ça empire tout à chaque fois.

Je vais prendre une douche pour me détendre, Louis est allé voir ses parents et ne rentre que lundi. Nous sommes vendredi. Être seul est étrange, ça ne m'a jamais dérangé mais depuis quinze ans je suis collé à Louis. Le silence dans la douche est malaisant, à part le bruit qui coule il n'y a pas un bruit, pas le bruit de la télé qui est mis trop fort, pas de Louis qui crie sur des chansons ou qui me demande ce que je veux regarder.

L'eau est brûlante sur ma peau jusqu'à en devenir rouge. Je ferme les yeux quelques secondes en subissant la chaleur de l'eau en me demandant combien de temps je peux tenir. Je force mon corps à rester sous l'eau brûlante jusqu'à me brûler. Je me lave et me rince.

Enroulant une serviette autour de ma taille tout en prenant une deuxième pour me sécher les cheveux je passe devant mon miroir et évite le retour de mon corps. J'enfile un jogging, un sweat et repars dans le salon. J'ouvre le frigo qui est vide me rappelant que je dois aller faire des courses demain, il reste qu'un plat préparé que je sors et mets au micro-onde. J'allume la télé en mettant une chaîne au pif sachant que je ne regarderai pas, je mange silencieusement en pensant à Emma. Elle doit venir lundi pour voir quelques trucs et il y aura sûrement Louis.

Je me demande ce que ma mère aurait pensé de ça, de ce que papa me fait faire même mort.

Je finis de manger et laisse la télé allumée sans pour autant regarder. Je me lève et retourne dans ma chambre, sous mon lit se trouve une boîte que je sors, je ne prends jamais le risque de la sortir lorsque Louis est ici mais il ne risque pas de débarquer d'un moment à l'autre. Je m'assois en tailleur et l'ouvre, dedans se trouve les documents avec Emma, les lettres de mes parents que je n'ai toujours pas ouvertes, nombre de fois où j'ai voulu les brûler.

Louis n'a jamais compris pourquoi je me déteste autant, je ne lui ai jamais dit, je ne lui ai jamais parler de lui, ou des paroles que j'ai dites à mes parents. Il m'a demandé, beaucoup de fois, ce qu'il se passait, ce que je ressentais, il m'a même fait voir une psy à qui je n'ai rien dit. Je suis une tombe, je ne lui dirais jamais.

Et pas par manque d'envie, je sais que la résolution de problèmes commence en parlant avec quelqu'un, parler de ses émotions mais je n'y arrive pas. C'est comme ça, c'est moi, même jeune je n'ai jamais réussi à exprimer ce que je ressentais, peut-être par peur que les autres sachent et se moque de moi. Ou peut-être c'est mon corps, car dès que j'essaye d'en parler je me bloque, ça ne veut juste pas sortir même les rares fois je tente d'en parler avec Louis je n'y arrive juste pas. Je suis parcouru d'un frisson de peur, ma gorge se bloque, mon ventre se serre et aucune parole ne sort.

Les ombres du lendemainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant