Les ombres du lendemain

Chapitre 36

Louis Fowler

J'enlève ma veste ainsi que mes chaussures avant de pénétrer dans l'appartement. Il est penché sur la table, regardant son téléphone toujours en chemise et pantalon. J'ai la sensation que plus rien n'est chaleureux ici. Alors que rien n'a changé.

- J'ai appelé Elliana, dis-je en m'approchant de lui.

- Oh, comment elle va ?

- Bien.

Il est encore sur son téléphone alors je décide de me lancer.

- Je sais. Que tu vas te marier.

Je vois ses doigts se figer sur son écran et son expression changer. Il éteint l'appareil et le pose sans pour autant se redresser ou dire quoi que ce soit.

- Tu n'as rien à dire ?

- Tu...comment tu sais ?

- Le contrat que tu as laissé en évidence sur ton bureau. Je venais juste récupérer ma serviette. Et je l'ai vu.

- Je comptais te le dire la dernière fois mais tu as dis que–

- J'ai dis ?! J'espère que c'est une blague ! Ça va être de ma faute maintenant ?

- Je n'ai pas dit ça !

- Depuis quand est ce que c'est prévu ?

- Officiellement, officiellement ?

- Oui.

- Un an. Et...je sais que j'allais le faire à la mort de mes parents.

- Depuis tout ce temps ?

Il se redresse enfin se plantant face à moi.

- Ouais.

- Tu m'as menti. Droit dans les yeux, tu as couché avec moi, tu m'as embrassé, et même avant ça tu es censé être mon meilleur ami. Et tu ne me l'as pas dit ? A quel moment tu as pensé que ça passerait. Tu te rends compte de ce que tu vas faire ?

Il croise enfin mon regard et je vois passer toutes nos années de partages de rires pleins, je vois tout ça. Je vois de la tristesse.

Je commence à pleurer.

- Alors quoi ? Ce qu'on a partagé n'était rien à tes yeux ? Je ne suis rien ?

- Bien sûr que non ! Je t'aime c'est indéniable mais...je ne peux pas d'accord. Je ne peux pas.

- Tu m'aimes, je répète figé de choc.

Il fronce les sourcils avant d'hocher la tête.

- Bien sûr que je t'aime bordel. Tu es...tu es l'amour de ma vie. Mais je ne peux pas.

- Alors quoi tu préfères qu'on souffre tous les deux ?!

- Je suis désolé Louis. Vraiment. Mais je ne peux pas.

- Pourquoi est-ce que tu fais ? Pourquoi est-ce que me fais ? Pourquoi tu t'infliges ça ? Pourquoi tu te maries avec ?

- Parce que ! Parce que mon père me l'a demandé il ne l'a pas exigé ou autre mais il me l'a demandé et j'essaye de réparer mon erreur toutes nos disputes tout ce que je lui ai dis pour oui avoir la conscience tranquille, j'essaye de rendre fière mon père parce que..., je suis pathétique je sais ça d'essayer de rendre quelqu'un heureux quelqu'un qui est mort. J'essaye de me dire que si je fais ça peut-être que je compterai un peu pour lui. Et j'ai peur de...

Il pleure. Tout comme moi. On ne se touche pas. Nous restons face à face pour pleurer sur notre sort. Sur les incompréhensions de nos vies, sur nos douleurs, sur notre amour. Sur la mort.