Chapitre 7

2.5K 145 107
                                    

Paris, Texas

Timothé Blacke

Flashback, 14 ans

- Je m'en fous !

Allez vous faire foutre.

Sevan est assis sur le canapé m'observant avec de grands yeux brillants. Je lui lance un petit sourire tentant de le rassurer comme je peux. Il est encore assez petit et n'assiste jamais à mes prises de tête avec mes parents.

Je suis dos à la porte d'entrée la nuit est déjà tombée, tout comme la pluie qui pointe peu à peu le bout de son nez.

Sevan me sourit en retour malgré la tension qui règne dans le salon.

Je pivote vers la porte pour sortir mais la voix tranchante de ma mère me coupe.

- Timothé.

Je me fige dans mon geste et déglutis.

Mes parents ne sont pas méchants. Loin de là. Ils m'aiment et je les aime. Mais ça va plus loin. Ceux qui pensent qu'il suffit d'aimer pour entretenir une bonne relation sont naïfs.

On ne déteste que ceux qu'on a aimés.

Je finis par me détourner de la porte. Ma mère est tout ce qu'on peut qualifier d'une belle femme, de longs cheveux sombres, de beaux yeux marrons et surtout une élocution extraordinaire. Ma mère a commencé ses études alors que toute sa famille était contre lui reprochant que le rôle d'une femme était d'être à la maison avec les enfants. Elle ne s'y est pas soumise. Dès ses 18 ans elle est partie faire ses études de droit à l'université de New York et elle est tombée sur mon père qui est tombé follement amoureux d'elle et lui a couru après pendant des mois. Il a même attendu qu'elle finisse ses études pour la fréquenter car elle voulait avoir le moins de distractions possibles et blablablabla ils se sont retrouvés et nous ont eu. Fin de l'histoire.

Mon père est tout le contraire, né d'une famille déjà aisée, beau garçon dès le lycée,  il n'a jamais eu de difficulté à obtenir son diplôme ni à trouver un travail. Mais ayant de l'ambition il a fondé son propre cabinet que Lukas mon grand frère reprendra à sa mort blablabla.

Et puis il y a moi. Le cadet de la famille. Je suis là. Et...c'est tout.

Je passe la plupart de mon temps dehors avec Elliana, Louis et quelques fois Simon et Eli qui nous rejoignent de temps en temps. Je continue de sortir même quand mes parents rentrent ce qui les énerve. Mes notes baissent aussi. Et quand ils rentrent à la maison je ne suis pas là pour passer un moment en famille. Même Sevan qui est toujours collé à Thomas et Hector prend la peine de venir. 

Je serre le bout de mon sweat et enlève la bague qui orne mon index avant de la remettre puis de la remettre. J'observe mon père positionné derrière ma mère en silence me fixant.

Ma mère s'avance vers moi et avec délicatesse entoure mes joues de ses mains avec douceur.

- Ne te perds pas, fais attention à toi.

- Promis.

Elle me fait un signe de tête et se recule pour me laisser partir. Mon père m'adresse un petit sourire et je sors.

Je monte sur mon vélo et quitte la maison. Je roule pendant plusieurs minutes avec pour seule compagnie la lune et les lampadaires qui éclairent ma route. Très vite, sans que mon cerveau ait eu le temps de réaliser, je me retrouve devant chez Louis. Habitant dans une grande maison assez ancienne. Elle est entourée d'un portail qui fait tout le long ou derrière se trouve leur jardin puis la maison. Je longe le portail passant devant l'entrée observant les lieux. À l'intérieur, seule la lumière du salon est allumée et lorsque j'arrive devant la fenêtre de Louis je remarque que la sienne est aussi allumée.

Les ombres du lendemainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant