Les ombres du lendemain

Chapitre 40

Timothé Blacke

Flashback, avant l'accident.

J'ouvre la lettre de mon père. Je ne l'ai jamais ouverte. Par peur, pour beaucoup de raisons. Mais je pense être prêt aujourd'hui.

Cher Timothé,

Si tu lis cette lettre c'est que je suis mort j'espère que ça ne sera pas pour tout de suite. Nous venons de nous disputer. Encore une fois. Et...j'en suis désolé, je sais que je peux être dur, par rapport à beaucoup de choses mais n'oublie pas que je t'aime. J'espère que tu n'oublies pas ça. Je t'aime, tu es mon fils, je sais que nous avons une relation compliquée et je m'excuse, j'essaye, je tente maladroitement de me rapprocher de toi. Je sais que Louis est très important pour toi, je pense que tu n'as pas encore réalisé que tu l'aimais mais c'est le cas. J'ai écrit dans mon testament que j'aimerais que tu te maries avec Emma, mais je pense que tu ne devrais pas.

Louis est l'amour de ta vie, ta mère et moi le voyons, grâce à vos regards, à tes morts, tes réactions. Prends soin de lui et aie une belle vie.

Prends soin de tes frères, Sevan a besoin d'un grand frère, et Lukas a besoin d'un peu d'aide. Tu es le seul un peu stable dans la famille. Et je sais que tu te sens un peu à l'écart parfois mais tu ne l's pas, tu mérites cette place dans cette famille, j'espère que tu seras encore amis avec Eli, Simon, Tom et Elliana et qu'ils auront une belle vie.

Ta mère et moi t'aimons de tous nos coeurs.

Prends soin de toi.

Je referme la lettre avec quelques larmes, la remets à sa place avant de prendre un petit temps pour réfléchir. J'ai l'impression d'être réconcilié avec moi même.

Je suis en paix.

Je me dépêche de descendre ayant hâte de retrouver Louis.

Louis Fowler

Présent

Ça fait une semaine que Timothé a été enterré et...j'ai la sensation que le temps s'est suspendu. Ça ne peut pas être vrai. Et pourtant, je me réveille chaque matin dans son lit. Mais sans lui. Je ne réalise pas que je ne le verrai plus jamais, que je ne lui parlerai plus jamais, je ne l'embrasserai plus jamais je ne le verrai plus sourire.

Il n'est que souvenirs à présent.

Et c'est dur.

Je suis sur son lit en fixant la boîte. Je l'ai ouverte et découvert qu'il m'a écrit des lettres. Pendant dix ans. Dix ans.

Il m'a écrit pendant dix ans alors que j'étais là. Me confiant ses malheurs ses pensées tout.

Je n'ai pas tout lu, la plupart sont sur ses pensées, elles sont courtes, il relate des souvenirs et d'autres sont des déclarations.

Il m'en a écrit une avant de mourir, juste avant de me rejoindre.

Cher Louis, je ne pense pas que tu liras un jour cette lettre. Je viens de lire la lettre que mon père a écrite pour moi. Et je réalise que...je me sens bien, je me sens en paix avec moi même, je t'ai écris pendant une dizaine années sur diverses sujets allant de la chose des plus banales à mes pensées les plus intimes.

Je t'aime depuis notre rencontre, depuis nos premiers regards, nos premiers sourires.

Je te l'ai déjà assez dit ces derniers jours je pense, ce que tu as à retenir c'est que je suis désolé de t'avoir fait souffrir, je vais essayer d'aller mieux, de faire des efforts, pour toi, de faire la paix avec moi même. Pour toi.

Je me suis détesté toute ma vie alors que tu as le contraire toute ta vie. Alors merci, de m'avoir accueilli, dans ton cœur, dans ton monde. Je suis le plus chanceux des hommes. Je sais que tu as peur, de beaucoup de choses, de grandir, mais ça ira je te promets, ça sera dur parfois, mais souviens-toi de respirer. Les choses iront mieux au bout d'un moment. Les gens t'aiment, tu es une personne incroyable et tu mérites d'être heureux.

Je voulais désespérément tomber amoureux sans savoir que je l'étais déjà, j'étais je suis et je serai toujours amoureux de toi, Louis. Je ne sais pas comment c'est possible, d'ignorer que l'on ai amoureux de son meilleur ami depuis toujours

Je me demande à présent comment j'ai pu ne pas remarquer l'amour que je portais à mon meilleur ami.

Je te choisis.

J'ai hâte de te le dire et de vivre une belle vie à tes côtés.

Tu es mon âme sœur.

Avec tout mon amour.

Timothé.

Je n'ai pas la force d'en lire d'autres.

J'éclate en sanglots parce que je viens de perdre mon meilleur ami, mon âme sœur, mon tout. Mon âme s'est déchirée en deux. Et personne ne peut la réparée.

Je ne veux pas faire, faire mon deuil cela voulait dire oublier Timothée et je ne veux pas je ne peux pas l'oublier car à présent il vit simplement dans mes souvenirs.

Je suis coincé dans cette vie sans ma raison de vivre. Comment je suis supposé aller de l'avant quand toute ma vie se trouve derrière moi derrière moi

Tout est différent et rien n'a changé, j'essaye de te laisser partir, j'ai essayé si fort de te laisser partir, de te laisser en paix, loin de moi, mais je retourne toujours à la case départ. Quand je vois un vélo, quand je vois les étoiles, quand je vois une plage, ton souvenir revient vers moi. Tu es encore ici. Mais tu n'es pas là. J'ai encore l'impression que ce n'est qu'un cauchemar et quand je me réveillerai tu seras là. Ti et Lou. Comme avant. Tu es parti et j'ai l'impression d'être encore à toi.

J'ai tenté de me débarrasser de tous les morceaux de ta personne, tous les souvenirs, tout pensant que ça ferait une différence comme si je pouvais te couper de moi, couper ton cœur ton âme brisant la mienne au passage mais non.

À la place je vois tout en silence, sans toi, je vois partout ou tu devrais être mais ou tu n'es pas.

Et ça fait mal.