Chapitre 5 [Le Chant du Loriot.]

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Nous sommes le lundi 9 octobre... Météo du jour : soleil, prévoir les vêtements de 21°... Rappel : l'exécution de Lullaby Melritch, leader des Dissidents, aura lieu à 10 heures dans la cour extérieure du BADGE.

Le matin de son exécution, Lua reçut plusieurs messages sur son Tech'let. En tant que prisonnière, elle pouvait en réceptionner, mais pas en envoyer. Certains étaient brefs, d'autres s'étendaient sur plusieurs pages ; tous la touchèrent. C'étaient des mots sincères, la preuve qu'elle avait été aimée pendant sa courte vie.

Plus qu'une meilleure amie, tu as été pour moi une véritable sœur. Je préfère que tu aies une vie écourtée et heureuse plutôt qu'une longue et douloureuse existence... J'ai eu l'occasion, en te voyant, de constater à quel point le malheur détruisait une personne. Merci pour cette leçon. Nous nous sommes quittées enfants ; nous deviendrons adultes séparément...

Loanne Périsse

Ils n'avaient pas à faire ça, à t'emprisonner avec autant de violence. Ils n'avaient pas à t'arracher à moi. Je me suis battu, j'ai insisté auprès de mes parents, j'ai voulu voir les responsables : je me suis heurté à des portes closes. Alors comme ça, je dois accepter de te voir mourir ?

Je ne viendrai pas à ton exécution, Lullaby. Je n'en ai pas la force.

Léno Melritch

Nous n'avons pas toujours été de bons parents, mais au moins t'avons-nous aimée de tout notre cœur... Aédé nous a rapporté ta décision, de donner tes poumons à Yun. Nous la respecterons. Tu as certainement raison, c'est le seul moyen de le sauver.

La seule erreur que tu as commise, c'est de vouloir vivre le rêve de ton frère... Au nom de la famille Bell dans son intégralité, nous te remercions. Nous sommes ravis que tu aies enfin trouvé ta voie.

Ophélie & Oreste Bell

Lua avait les larmes aux yeux quand Melwire vint la chercher. Elle glissa un paquet dans sa cellule.

— Change-toi, ordonna-t-elle.

Lua ouvrit le colis et y trouva une robe noire, assez courte. Elle ôta son pyjama pour enfiler le vêtement qu'on lui proposait. Il était ample et confortable. Melwire entrebâilla la porte.

— Tu es prête ?

— Oui.

— Alors allons-y.

Melwire n'oublia pas de passer les menottes aux poignets de Lua. Cette dernière trouva la démarche inutile. Elle n'avait plus envie, plus besoin de se battre. Tous ses objectifs étaient remplis. Elle pouvait s'en aller l'esprit léger et le sourire aux lèvres.

— Pourquoi es-tu si souriante ? questionna Melwire, un brin agacée par l'attitude de sa prisonnière.

— Parce que j'ai des ailes, répondit-elle.

— Je ne les vois pas.

— C'est que vous êtes prisonnière, vous aussi.

Melwire fronça les sourcils et n'osa plus le moindre commentaire. Elles s'engouffrèrent dans l'ascenseur. Plus la cabine montait et plus Lua avait la sensation de s'élever.

— Franchement, Lua, je ne te comprends pas. Tu avais tout pour mener une carrière brillante, devenir la plus grande des Chasserêves. Tu aurais pu mener une vie tranquille, entourée de l'amour des tiens. Alors pourquoi ?

— Il y a quelque temps, vous m'avez dit que je n'étais pas moi-même, répondit-elle. Avez-vous toujours cette impression ?

Elle ne trouva rien à répondre.

Le Chant du LoriotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant