Chapitre 2 - Le manoir

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Ambre regardait le paysage défiler devant ses yeux mi-clos. Les derniers rayons du soleil avaient disparu depuis longtemps maintenant, ne laissant que des ombres froides et hostiles recouvrir la terre. Les arbres dénués de feuilles semblaient se tordre de douleur et étendaient leurs branches griffues vers le ciel comme pour implorer un salut qui ne viendrait pas.

La jeune fille frissonna et attrapa son gilet, sur la banquette à côté d'elle, dont elle se drapa dans l'espoir de se réchauffer un petit peu.

« Tout va bien ma chérie ? lui demanda son père.

- Oui, ça va. Est-ce qu'il nous reste beaucoup de route ?

- Non, plus que quelques minutes. Nous serons bientôt arrivés. »

Ambre soupira et s'enfonça un peu plus dans son siège. Ce n'était pas de cette manière qu'elle avait envisagé son vendredi soir. Elle aurait espéré passer la soirée à chatter avec ses copines, mais elle se retrouvait sans réseau au beau milieu de la campagne, en route pour rencontrer des soi-disant « amis de la famille » dont elle ne connaissait rien, et avec qui elle devrait passer tout son weekend.

N'ayant rien d'autre à faire, elle attrapa une mèche de ses longs cheveux couleur miel et les tortilla entre ses doigts, attendant leur arrivée avec impatience.

La voiture finit par traverser une allée de graviers et se stopper devant une grande maison en pierre rongée par la mousse et la vigne vierge.

Ambre ramassa ses affaires et ouvrit la portière. Le froid la saisit immédiatement et elle enfila son manteau en vitesse avant de se couvrir la tête de sa capuche.

Elle aida ses parents à sortir les valises du coffre et grimpa les quelques marches du perron, réalisant soudain à quel point la bâtisse était immense.

Plus qu'une simple maison, c'est un véritable manoir, pensa-t-elle, impressionnée.

« C'est vraiment grand, hein ? commenta son père, faisant écho à ses propres pensées.

- Je ne m'attendais pas à ça », avoua Ambre.

Il la dépassa et appuya sur la sonnette. Quelques instants plus tard, la porte s'ouvrit, dévoilant un vaste vestibule brillamment éclairé. Le sol était couvert d'un parquet bien lustré, sur lequel courait un grand tapis rouge se perdant dans les méandres d'un double escalier et disparaissant à l'étage. Les murs étaient ornés de toutes sortes de motifs, et de grandes moulures s'épanouissaient au plafond, soutenant d'épais lustres de cristal.

« On dirait un château... murmura Ambre, subjuguée, en faisant quelques pas dans la pièce.

- Bienvenue, jeune demoiselle », la salua une voix amusée derrière elle.

L'adolescente sursauta et rougit. Elle avait été tellement impressionnée par l'intérieur de la demeure qu'elle en avait complètement occulté la personne qui venait d'ouvrir.

L'homme n'était pas particulièrement grand, brun, avec des yeux de la même couleur. Une barbe naissante dévorait le bas de son menton. Il était tout ce qu'il y avait de plus banal, et pourtant, on sentait chez lui quelque chose de différent. Quelque chose de si indéfinissable qu'Ambre n'aurait su dire s'il s'agissait d'un tour de son esprit ou de quelque chose de réel.

Gênée, elle ouvrit la bouche pour présenter des excuses à son hôte, mais ne trouva pas ses mots. Le sourire de ce dernier s'élargit.

« Tu dois être Ambre, si je ne m'abuse. Bienvenue. Il me tardait de pouvoir te rencontrer.

- Euh... Enchantée, bredouilla finalement cette dernière.

- Va t'installer dans le salon et fais comme chez toi, nous te rejoindrons juste après, l'invita-t-il en la débarrassant de sa valise et de son manteau.

Mages - 1. Le complot des nécro-magesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant