La tête basse, Lina posa une main sur la porte de sortie de l'aile de détention. Elle la fit glisser jusqu'à la poignée et posa son front brûlant sur la surface métallique en soupirant.
Pourquoi avait-elle perdu le contrôle d'elle-même ? De ses émotions ? Elle avait laissé passer sa seule chance d'en apprendre plus de la bouche de cette fille ! Si elle n'était pas capable de calmer ses petites colères personnelles, comment pouvait-elle imaginer ensuite être capable de rester calme et lucide plus tard, si elle devenait télékinépathe au GISEM ?
Un léger goût métallique pointa sur le bout de sa langue. Sans s'en rendre compte, elle s'était mordue jusqu'au sang.
« 'Faut vraiment que je perde ce tic, » marmonna-t-elle pour elle-même avec un sourire amer.
Elle prit une longue inspiration, et se retourna à-demi pour contempler le couloir désert.
Il fallait qu'elle en ait le cœur net.
Avant de commencer à douter et de changer d'avis, elle reprit la direction qu'elle avait emprunté auparavant mais changea d'intersection jusqu'à se perdre totalement et déboucher sur un cul de sac, dans un couloir désaffecté. Priant pour que personne ne parvienne jusqu'ici, elle se laissa glisser au sol, le cœur battant, et posa son front sur ses genoux, les enserrant de ses mains tremblantes et moites.
Si Madame Rita apprenait ce qu'elle faisait, elle ne donnait pas cher de ses rêves d'intégrer un jour le GISEM pour reprendre le flambeau de son grand-père.
Elle ferma les yeux et se concentra sur les ondes cérébrales de son cerveau. Il ne fallait pas que d'autres télékinépathes puissent les remarquer, elles ou sa panique qui devait rayonner aux alentours, sinon elle se ferait repérer.
Elle se concentra pour les ralentir et les disperser lorsqu'elles franchissaient la frontière de son esprit. C'était un exercice que son grand-père avait insisté pour lui enseigner. Il avait été amené à le pratiquer de nombreuses fois durant ses années de services et jugeait qu'il n'était pas assez employé. Cependant, elle le maîtrisait encore mal et il pouvait s'avérer dangereux si elle ne le faisait pas correctement.
Son grand-père ne serait pas là pour l'aider à stopper le sortilège s'il lui échappait. Elle se devait donc d'être très prudente, ne tenant pas à tomber dans le coma ou à perdre la raison.
Elle commença à agir, doucement, prenant d'infinies précautions. Peu à peu, elle entra dans une sorte de transe, et se perdit complètement dans le lancement du sortilège. Plus rien d'autre n'existait à ses yeux. Ni la lumière des néons au-dessus de la tête, ni les lointains bruits de pas, ni même sa propre respiration, à présent lente et profonde.
Lorsqu'elle sortit enfin de sa léthargie, son premier réflexe fut de regarder l'heure. Près de deux heures s'étaient écoulées. Son sort interrompu, elle sentit une vague de douleur envahir son crâne. Il lui avait demandé énormément de magie, et elle l'avait prolongé un peu plus longtemps que ce qu'elle aurait dû... Elle espérait juste ne pas conserver ses cheveux mauves plus d'un quart d'heure.
Elle se releva doucement et sonda les environs en grimaçant lorsque la douleur s'intensifia. Dire que lundi, elle devrait remettre ça pendant les cours de magie de l'esprit du pensionnat...
Il n'y avait plus personne. Plus de personne mobile en tout cas. Et celles qui restaient étaient sûrement les nécro-mages.
La télékinépathe respira profondément pour lutter contre l'appréhension et l'adrénaline qui l'envahissaient. Elle se mit en route.
Peu de temps après, elle arriva dans le couloir contenant les cellules de détention. Les quelques chuchotements qu'elle avait perçus en arrivant s'évanouirent. Lina frissonna puis releva le menton, décidée à faire comme s'il était tout à fait normal qu'elle se trouve ici.
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Mages - 1. Le complot des nécro-mages
FantasíaDécouvrir un jour que l'on possède des pouvoirs magiques, entrer dans une école spéciale pour apprendre à les maîtriser, se faire de nouvelles amies et passer du temps avec ce mystérieux jeune homme aux cheveux pâles... Depuis qu'elle est toute peti...