Le paysage défilait devant les yeux de Lina sans qu'elle ne le voie réellement. Son souffle formait un petit nuage de buée sur la vitre contre laquelle elle avait posé la tête. Ses écouteurs vissés sur les oreilles, elle essayait de se focaliser sur ses propres émotions, apportées par le morceau qu'elle écoutait plutôt que sur celles des passagers voyageant autour d'elle.
La voix féminine de la rame annonça l'arrivée prochaine du terminus. L'adolescente se leva et alla patienter devant les portes de son wagon. Lorsqu'elle put enfin descendre, ce fut bien pire que tout ce qu'elle avait imaginé. Des dizaines, voire peut-être même des centaines de personnes se pressaient en tous sens, où que se portât son regard.
Elle commença à sentir son crâne pulser et se massa les tempes. En grognant, elle se rangea dans un coin et sortit de son sac une petite gourde et sa boîte d'aspirine. Elle avala un petit comprimé puis se remit en route. Plus vite elle aurait atteint sa destination, mieux ce serait.
Mais ce n'était pas seulement la bibliothèque qu'elle était venue visiter. Il y avait également une autre place importante qu'elle tenait à voir de ses propres yeux.
Elle se mit en quête des panneaux annonçant le métro correspondant et traversa plusieurs couloirs carrelés de blanc et bleu sous la lumière aveuglante des néons. Heureusement, les personnes empruntant ces couloirs étaient plus rares. Au loin, elle entendit les crissements d'un train arrivant à quai.
Un homme pressé la bouscula violemment avant de disparaître à une intersection. Lina en manqua de tomber à la renverse et se rattrapa de justesse sur un mur. Elle reprit sa marche en pestant contre les personnes qui ne regardaient pas devant elles en marchant, avant de constater que la main avec laquelle elle tenait son billet était vide.
Affolée, elle revint sur ses pas et scruta les environs. L'aurait-elle fait tomber lors de sa chute ? Où avait-il bien pu aller ? Soudain, elle aperçut un petit carton s'envoler un peu plus loin, poussé par le vent créé par les différentes rames.
Elle se mit à sa poursuite. Mais au moment où elle se baissait pour le récupérer, un autre souffle de vent le poussa à travers un portique voisin. Lina jura entre ses dents. Elle hésita un instant, puis, sans attendre que le doute la fasse changer d'avis, regarda autour d'elle. Personne. Elle cacha rapidement sa chevelure sombre sous sa capuche et attira le ticket à elle avec la magie de l'esprit. Il s'agissait bien du sien.
Elle se releva et s'éloigna rapidement. Elle n'était pas censée faire de la magie hors de l'école tant qu'elle était mineure, et encore moins dans un lieu aussi public que le métro parisien. Mais personne ne l'avait vue, donc ce petit incident resterait secret. En théorie.
Le soleil éblouit l'adolescente lorsqu'elle quitta enfin les tunnels du métro. Elle sentit un léger courant d'air soulever les mèches rebelles de ses cheveux et inspira une grande goulée d'air, avant de se mettre à tousser. À sa droite, un homme adossé à un panneau de circulation soufflait sa fumée en plein sur les passants sortant du métro.
Elle le fusilla du regard et avança de quelques pas. Devant elle s'étendait la fameuse place de la République. L'endroit même où la Révolte avait commencé, et s'était achevée dans la violence avec la disparition ou la mort de plusieurs dizaines, voire de centaines de personnes.
La nécro-mage traversa la route et s'approcha de l'immense statue racontant l'histoire de la France, et les différents événements ayant conduit à en faire une République. Elle était composée d'un pilier central orné de scénettes en bas-relief et de trois immenses représentations des idéaux de la devise de la France. Une Marianne, surplombant toutes les autres, se dressait fièrement au milieu, brandissant un rameau d'olivier.
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Mages - 1. Le complot des nécro-mages
FantasyDécouvrir un jour que l'on possède des pouvoirs magiques, entrer dans une école spéciale pour apprendre à les maîtriser, se faire de nouvelles amies et passer du temps avec ce mystérieux jeune homme aux cheveux pâles... Depuis qu'elle est toute peti...