Gagner contre le temps

Prologue

Chloé se réveilla à 8h précise ce matin là. Elle devait se lever tôt parce qu'elle avait un rendez-vous important. Du haut de ses 25 ans, elle était diplômée de l'école d'infirmières depuis seulement quelques mois, et elle avait un entretien ce matin à 10h30. Selon ce qu'elle avait comprit de l'annonce, elle devrait être présente h24 pour une personne gravement malade, qui dépendrait entièrement d'elle. C'était un peu spécial, mais elle tenait à avoir ce travail, même si elle ne savait pas trop pourquoi. Après tout, elle gagnerait plus d'expérience comme ça. Mais avant tout, il fallait qu'elle soit à l'heure. Et comme l'adresse était en dehors de la ville, elle avait deux bus à prendre, et plus d'une heure de route. Donc il valait mieux qu'elle se prépare et vite.
À 10h27 elle sortait du bus. Il y avait eut du trafic sur la route, et elle se mit à courir sur un chemin de terre. Elle adorait le paysage, que de la nature de tous les côtés, mais elle n'avait pas le temps de s'attarder pour regarder. Au bout du chemin se trouvait la maison qu'elle devait rejoindre, et elle avait plus de dix minutes de marche.
 
Forcément, il fallait que ça arrive... je vais être en retard pour mon entretien. Merde ! J'ai vraiment la poisse...
 
Quand elle arriva devant le portail l'heure était passée de deux minutes à peine. Peut-être qu'on ne lui en voudrait pas pour si peu de temps. Elle resta cependant figée devant l'imposante demeure qui se trouvait devant elle. Une maison, vraiment ? Un manoir serait plus exact !
       
Oh putain ! C'est immense ! Et... magnifique. Ouah !
 
Elle reprit ses esprits et sonna à ce qui lui semblait être l'interphone. Quelques secondes plus tard, la grille s'ouvrit pour la laisser entrer, ce qu'elle fit. Elle se sentait pas vraiment à sa place ici, ce n'était pas du tout son monde, et elle avançait avec prudence. Comme si elle avait peur d'abîmer un truc précieux en se pressant. Quand elle arriva à la grande porte, elle n'eut même pas le temps de toquer que quelqu'un lui ouvrit.
 
- Mademoiselle Beale ? Demanda la femme.
- Oui. C'est moi. Répondit la rouquine.
- Je suis Kate, suis-moi. Monsieur et madame Mitchell t'attendent dans le salon. Tu es en retard.
- Seulement de quelques minutes. Il y avait des embouteillages, et l'arrêt de bus n'est pas à côté.
- C'est pas à moi qu'il va falloir t'expliquer.
 
Kate la guida jusqu'au salon, et Chloé vit deux personnes assises dans le canapé. Elle se sentit immédiatement impressionnée. L'homme était en costume bien taillé, sûrement fait sur mesure, et la femme avait une jolie robe et de magnifiques bijoux. Ils se tenaient tous les deux bien droit, et la dévisageaient comme si elle était la dernière attraction à la mode. D'un geste de la main, monsieur Mitchell l'invita à s'asseoir en face d'eux, ce qu'elle fit sans attendre. Elle se sentait vachement ridicule dans son tailleur acheté en soldes.
 
- Chloé Beale c'est bien ça ? Demanda-t-il.
- Oui. Répondit-elle simplement.
- Je suis Benjamin Mitchell et voici ma femme, Justine.
- Enchantée.
- Bon, et bien comme vous êtes déjà en retard, ne perdons pas plus de temps et commençons maintenant.
- Oh je suis désolée. Mais il y avait des embouteillages et le bus...
- Ce n'est rien. Intervint Justine. Mon mari est très stricte sur la ponctualité, même un peu trop. Ne faîtes pas attention à lui.
 
OK, donc elle est sympa et lui... ben j'arrive pas à le cerner lui.
 
- Je tiens seulement à ce que la personne qui s'occupera de ma fille, soit quelqu'un de bien et de ponctuelle. Précisa Benjamin.
- Votre fille ?
- C'est vrai qu'on ne l'a pas précisé sur l'annonce. On avait peur que ça freine pas mal de monde. À cause de son âge. On l'a déjà fait, mais les gens recule car ils trouvent ça injuste et qu'ils ont peur de s'attacher à elle. Expliqua la femme.
- Comment ça ?
- Notre fille est gravement malade Chloé. Mortellement malade. Son corps la lâche petit à petit. À la fin elle finira alitée et sera là physiquement, mais son esprit sera ailleurs. Je préfère te prévenir, parce que si on t'engage, tu dois savoir ce qui t'attends. Il lui reste moins d'un an à vivre. Et tu vas la voir partir de plus en plus à mesures que les jours passeront. Tu ne pourras pas lier de liens avec elle, vaut mieux pas.
 
La rouquine comprenait pourquoi madame Mitchell lui disait tout ça. Elle cherchait à la préparer après tout. Mais ça faisait quand même mal au cœur de Chloé de savoir que, quelque part dans ce manoir, une jeune fille n'avait plus beaucoup de temps à vivre. Mais il y avait autre chose que la rousse savait aussi, c'est que cette personne avait besoin d'aide. Elle y avait même le droit. Et peu importe elle pouvait trouver ça dur, la jeune fille trouverait ça sûrement encore plus dur.
 
- Je pense que je pourrais m'occuper d'elle quoi qu'il arrive. Affirma la rouquine.
- Elle est vraiment jeune Chloé. Et tu as le droit de trouver ça injuste. On pense tous que c'est injuste. Mais il ne faut pas lui montrer. Fit Benjamin avec tristesse.
- Elle a quel âge ? Ça me fait peur là...
- Elle a 17 ans.
- Maman ?
 
Ils se tournèrent tous vers la personne qui était rentré dans la pièce. C'était une jeune fille brune, incroyablement belle. Peut-être même un peut trop pour le bien de Chloé qui se sentait soudain très attirée par la personne qui se trouvait face à elle.
 
- Beca ! Tu devrais être au lit ! S'exclama Justine en se précipitant vers sa fille.
- Mais maman, tu me couves trop... je suis pas en mousse. Et je veux être là pour l'entretien. Ce sera quand même mon infirmière après tout.
- Dans ta chambre ! Cria sa mère.
 
La brune abandonna et elle se retourna pour faire demi-tour. Seulement elle se sentit soudain prise d'un vertige, et ses jambes la lâchèrent. Elle s'effondra sur le sol et tout le monde se précipita autour d'elle. Chloé ne savait pas si c'était son instinct d'infirmière ou autre chose, mais elle ressentait le besoin et l'envie de s'occuper de cette jeune fille. Elle s'agenouilla et posa la tête de la petite brune sur ses genoux.
 
- Hé... hé, ça va aller d'accord ? Tu m'entends ? Fais un signe de tête si oui.
 
La jeune fille obéit et hocha la tête. La rousse sourit et posa sa main sur son front pour vérifier sa température. Puis elle vérifia que son rythme cardiaque était bon et régulier. Elle soupira de soulagement en voyant que c'était bien le cas.
 
- Tu peux te lever ?
- Je crois...
 
Chloé l'aida à se remettre debout, et elle la soutenue le temps que la tête de la brune cesse de tourner. Puis elle vérifia qu'elle voyait correctement.
 
- Combien de doigts tu vois ? Demanda la rouquine.
- 3. Répondit la brune.
- C'est bon. Putain, elle m'a fait peur...
 
Beca la regarda plus attentivement. Elle ne savait pas trop pourquoi, mais elle l'aimait bien. La rouquine lui sourit et se tourna vers ses parents.
 
- Elle va bien, c'était juste un petit vertige. Il y a eu plus de peur que de mal. Annonça-t-elle.
- Vous êtes engagée. Annonça Benjamin. Vous commencez demain, dès 9h si possible.
- Euh... Et bien, je n'ai pas de voiture, et le bus...
- Vous avez votre permis au moins ?
- Oui, mais je n'ai jamais eu assez de sous pour m'acheter la voiture.
- Dans ce cas vous aurez un véhicule de fonction. Vu ce que vous allez vivre, je trouve normal de vous assurer certains avantages. Donc... demain, 9h. Possible ?
- Avec une voiture oui.
 
Il sortit des clés de sa poche, comme s'il l'avait prévu depuis le début. Elle n'en crut pas ses yeux en voyant le logo BMW sur les clés.
 
- C'est la rouge dehors. À demain Chloé. Et merci beaucoup.
- Euh... Ben de rien.
 
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« Il y a toujours un avenir pour ceux qui y pensent. »
 
≈ François Mitterrand ≈