En arrivant au manoir, Beca monta directement dans sa chambre pour se coucher. Tous les examens l'avait épuisée, alors elle avait hâte de pouvoir dormir un peu. Enfin... un peu beaucoup en fait. Car dès qu'elle fut dans son lit, elle ferma les yeux, et elle sentit le sommeil l'emporter presque aussi vite. Sans remarquer que Chloé l'avait suivit et qu'elle souriait en la regardant dormir. La rouquine s'approcha d'elle et lui embrassa le front.
- Reposes-toi mon ange... Murmura-t-elle en lui caressant le front.
Beca eut un léger mouvement, accompagné d'un petit gémissement. Comme si elle l'avait entendu. Chloé sourit en voyant ça, et la laissa seule pour qu'elle puisse se reposer. Elle rejoignit Kate dans la cuisine, elle était en train de préparer le dîner.
- Je crois que Beca ne mangera pas ce soir. Prévint la rouquine.
- Je sais. C'est toujours comme ça pour ses bilans. Elle s'est endormie c'est ça ? Vérifia Kate.
- Oui.
- Elle ne se réveillera pas avant demain matin. Je sais pas ce qu'ils lui font comme examens mais ça l'épuise toujours. C'est pour ça qu'elle déteste tant ces bilans mensuels.
- Je vois... Beca... ma pauvre Beca. Elle doit pas aimer ça, et je l'ai forcée à y aller... Oh mais faut que j'arrête de culpabiliser, c'est pour son bien.
- Je nous prépare une omelette au bacon, j'espère que tu aime.
- Oui j'aime bien. Je suis vraiment pas difficile. Tu le sais depuis le temps, non ?
- Ouais. Mais je préfère toujours demandé.
C'est vrai que, contrairement à Jessica, Kate faisait toujours attention à ce qui plaisait aux autres avant de faire à manger. Surtout à Beca en fait. Mais comme la brune ne mangerai pas ce soir, elle faisait plus attention à Chloé. Le repas fut prêt rapidement et Kate fut surprise de voir que la rouquine avait mit la table. Elle l'aidait toujours, et ça lui faisait chaud au cœur. Elle sourit pour la remercier et servit les assiettes avant de s'asseoir face à elle.
- Alors ? Ils ont donné quoi ses bilans ? Demanda la blonde en prenant une fourchette d'omelette.
- Bof... Répondit la rouquine.
- Comment ça ?
- Disons que pour le moment ce qu'ils ont vu n'est pas grave, et sans conséquences.
- Mais ça va empirer c'est ça ?
- Ouais... Malheureusement.
- C'est quoi ? Encore le cœur ?
- Non... Les muscles moteurs. Ils ont perdus un petit peu de sensations. Mais c'est infime pour le moment. C'est juste que... plus le temps va passer, plus ils vont perdre... et ils finiront par être complètement mous, ou paralysés.
- Ouais, je vois. Dans tous les cas ils finiront par la lâcher eux aussi.
- Oui... Fit la rouquine tristement.
- Comment c'est possible de vivre alors que son propre corps la laisse tomber ? C'est pas juste.
- C'est pour ça que nous, on doit pas la laisser tomber Kate.
Elles s'entendaient bien, elles étaient de bonnes amies. Et le point sur lequel elles s'entendaient le mieux, c'était celui-ci. Elles savaient toutes les deux qu'elles ne laisseraient jamais tomber la petite brune. Parce que l'une la considérait comme sa fille, et que l'autre en était follement amoureuse. Et si Beca devait se faire lâcher par son propre corps, elle se ferait pas lâcher par ses proches. Il en était hors de question.
À la fin du repas, Chloé remonta dans la chambre pour vérifier que Beca allait bien. La brune dormait toujours, mais elle avait l'air de ne pas avoir de problème. Elle posa sa main sur son front, par précautions, et fut soulagée en ne constatant aucune fièvre. Alors elle soupira de soulagement, et ressortit de la pièce. Elle rejoignit Kate au salon, et vit que Benjamin et Justine étaient rentrés de leurs travail respectifs. Elle leur sourit poliment et alla s'asseoir dans le canapé.
- Alors ? Ce bilan ? S'empressa de demander le père de Beca.
Chloé souffla, et elle expliqua de nouveau ce que les médecins avaient dit. Elle n'aimait pas trop parler de ça, mais elle n'avait pas le choix. Les parents de Beca avaient tout de même le droit de savoir pour l'état de leur fille. Alors elle leur expliqua, tout, dans les détails. En essayant d'être le plus claire possible. Quand elle en eut finit, Justine était en larmes, et Benjamin lui tenait la main. Certes ce n'était rien pour le moment, mais la rouquine avait tenu à les mettre en garde, et leur avait également expliqué ce qui allait arriver à l'avenir. Et comment ça allait se passer. Et savoir ce qui allait arriver à leur fille, les rendait triste autant que ça les mettait en colère. En colère contre la vie, contre le sort. Personne dans cette pièce n'arrivait à comprendre pourquoi tout ça devait arriver. Et pourquoi à Beca ? Elle qui faisait sans doute partie des meilleures personnes sur Terre. Pourquoi elle devrait mourir si jeune ?
Puis une idée traversa l'esprit de Chloé. Une idée totalement farfelue, mais complètement possible, et pas si illogique que ça... Elle commençait à croire que Beca était celle qu'elle était aujourd'hui, justement parce qu'elle savait qu'elle allait mourir jeune. Après tout, elle était née avec cette maladie, et elle savait depuis toujours qu'elle allait en mourir rapidement. Alors ça avait très certainement eut un impact dans sa vie. Logique non ? Beca vivait au jour le jour, et profitait autant de la vie, parce qu'elle savait qu'elle ne le pourrait peut-être plus le lendemain. Elle était aussi généreuse, aussi bonne avec les gens, parce qu'elle se souciait sûrement du fait de leur laissé une bonne image d'elle quand elle partirait. Ce qui risquait d'arriver sans prévenir, à tout moment. Alors comme elle ne savait pas quand elle partirait exactement, elle était aussi incroyable en permanence. Ça aussi c'était normal non ?
Mais si elle n'avait pas été malade... qui pourrait dire si elle serai la même personne qu'aujourd'hui ? Sa maladie fait d'elle ce qu'elle est. Celle dont je suis tombée amoureuse. Mais s'il n'y avait pas eu de maladie ? Est-ce que je serai quand même tombée amoureuse d'elle ? Ou bien tout aurait été totalement différent ?
Et cette pensée la perturba plus que nécessaire. Elle commençait à imaginer un monde où Beca n'aurait pas été malade. Un monde où la jeune brune était totalement différente de ce qu'elle était aujourd'hui. C'était complètement idiot d'y penser autant, car ça n'arriverait jamais, et il valait mieux vivre le moment présent. Mais Chloé ne pouvait pas s'en empêcher.
- Je vais aller me coucher. Fit la rouquine en se levant.
Elle avait le regard vide, ce qui inquiéta Kate. Mais cette dernière ne dit rien. Elle avait comprit que quand elle était comme ça, il fallait la laisser seule. Chloé lui en était silencieusement reconnaissante, car elle savait que son amie avait vu son regard. La rouquine monta alors dans sa chambre et s'allongea dans son lit. Elle regarda le plafond, se mettant à réfléchir de nouveau. Mais c'était des questions sans réponses qu'elle se posait. Et elle savait qu'elle ne pourrait jamais en avoir. Personne ne savait ce que Beca serait si elle n'avait pas été malade. Parce qu'il s'avérait qu'elle l'était, et qu'elle le serait toujours. Elle soupira, et finit par sortir de son lit. Elle rejoignit la brune dans sa chambre. Elle était toujours endormie paisiblement. Alors Chloé se mit en sous-vêtements et alla s'allonger à ses côtés. Elle l'attira dans ses bras en faisant attention à ne pas la réveiller, et lui embrassa le front. Beca gémit en sentant ses lèvres sur sa peau, et elle ouvrit doucement les yeux pour la regarder.
- Hummm... Tu te couche tôt ce soir. Remarqua la brune.
- Ouais. Je suis fatiguée moi aussi. Pardon de t'avoir réveillée, je voulais pas. S'excusa la rouquine.
- C'est pas grave. Je dormais plus réellement depuis quelques minutes en fait.
- Tu es sûre ?
- Certaine. Et puis... je peux t'embrasser comme ça.
Beca sourit et vola un tendre baiser à sa rouquine. Chloé sourit contre ses lèvres et quand elle se remirent face à face, elle aida sa brune à se caler un peu mieux dans ses bras. L'adolescente avait sa tête sur sa poitrine, et la rousse lui caressait doucement les cheveux en descendant ensuite jusqu'en bas du dos. Elle pouvait sentir les frissons qu'elle provoquait à sa petite amie à chaque fois qu'elle faisait ça, et ça la faisait sourire.
- Dis Beca, tu t'es jamais demandé si tu serai la même personne qu'aujourd'hui si tu n'avais jamais été malade ? Euh... attendez, on peut rembobiner ? J'étais pas censée dire ça à voix haute. Merde...
- Oui. Répondit simplement la petite brune.
Chloé était surprise d'avoir une réponse à cette question. Une réponse positive en plus. Elle fronça les sourcils, et Beca se redressa pour la regarder. Elle pouvait voir que son infirmière ne s'attendait pas à ça, et elle lui sourit avant de lui voler un chaste baiser.
- En fait, je me la pose souvent cette question. Avoua la jeune fille.
- Ah... Ah oui ? S'étonna Chloé.
- Bien-sûr. J'aimerai vraiment savoir ce que ça ferait de pas être malade. Mais j'ai bien conscience que ça fait partie de moi. Et pas qu'un peu. Alors je me demande souvent si je serai la même en sachant que j'aurai toute la vie devant moi. Je suis humaine après tout. C'est normal que je me pose des questions, et que je veuille savoir ce que ça fait de pas être malade.
- Pourtant tu en parles jamais.
- Parce que ça sert à rien. Que je me pose des questions ou pas, ça changera pas la réalité. Je suis malade. Et même si je me demande souvent ce que ça ferait de pas l'être, je ne pourrai rien y changer. Avec le temps, j'ai appris à l'accepter. Et tu devrai en faire autant. Sinon tu as pas finis de te torturer l'esprit, crois-moi.
Chloé sourit. Elle avait parfois l'impression que Beca lisait dans ses pensées. C'était à la fois flippant, mais adorable. La brune l'embrassa une dernière fois, et elle s'endormit dans ses bras. La rousse ne tarda pas à en faire autant. Et bientôt, ses ronflements emplirent la pièce...
~~~~~~~~
« Il n'y a que les causes perdues qui méritent qu'on les défende, que les questions sans réponses qu'il est nécessaire de poser. »
≈ Isabelle Sorente ≈
VOUS LISEZ
Gagner contre le temps
FanfictionBeca est atteinte d'une maladie mortelle et rare. Tellement rare qu'elle est considérée comme une maladie dite « orpheline »... Elle vient seulement d'avoir 17 ans, mais elle sait qu'elle ne soufflera hélas jamais ses 18 bougies. À moins d'un miracl...