Chapitre 42

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Déjà trois jours que la brune était à l'hôpital. Trois jours que Chloé venait la voir tous les après-midi. Trois jours que Beca n'était... plus vraiment là.
Après sa chute, et son violent coup à la tête, la brune n'était plus elle-même. Elle était incapable de marcher, ne sentant plus ses jambes, et toujours aussi incapable de se servir de ses mains. Tout ce qu'elle pouvait faire désormais, c'était parlé. Mais elle ne le faisait pratiquement plus. Son regard était vide de tous sentiments, même pour son épouse. Elle ne le contrôlait pas, car naturellement au fond d'elle, elle aimait toujours sa rousse. Plus que tout. Mais elle n'était plus capable de le lui montrer, ou de lui dire.
Alors quand Chloé entra dans sa chambre ce jour là, la brune posa son regard sur elle. Elle eut envie de lui sourire, mais elle n'y arrivait pas. Son corps ne lui obéissez plus. Elle ne ressentait plus rien. Rien à part la souffrance... il ne lui restait plus beaucoup de temps... quelques jours seulement. Elle avait entendu les médecins le dire à Chloé. Son cerveau marchait toujours, mais il n'arrivait plus à communiquer avec son corps pour le faire obéir... il ne lui restait plus longtemps avant qu'il ne la lâche complètement, et le cœur suivrait aussi vite.
Pourtant la rousse continuait de venir, et elle lui apportait toujours un bouquet de roses. Elle continuait de l'embrasser, même si Beca était désormais incapable de répondre à ses baisers. Elle continuait de la caresser et de la prendre dans ses bras.
 
- Comment tu te sens ? Demanda la rouquine en s'asseyant sur le bord du lit.
 
Aucune réponse, comme toujours. Alors Chloé soupira et se pencha en avant pour embrasser les lèvres de son épouse. Quand elle se remit face à elle, elle lui caressa la joue en souriant.
 
- Je t'aime Beca... Je serai là jusqu'à la fin.
 
Moi aussi je t'aime ma Chloé... mais vas-t-en. Je veux pas que tu me vois comme ça.
 
La pensée... c'était tout ce qui lui restait. Mais à quoi ça servait ? Personne ne pouvait l'entendre. Elle avait beau crier son amour à sa femme, dans sa tête... la rousse ne l'entendrait pas ! Et c'était comme ça depuis cette chute !
 
- Mathys veut que tu rentre à la maison tu sais. Il est mignon, il dort dans ton lit en serrant ton oreiller contre lui. Il dit que maman Beca va bientôt rentrer.
 
Oui, ben j'aimerai bien ! Mais je veux pas qu'il me voit mourir...
 
- Tu veux rentrer Beca ?
 
La brune ouvrit la bouche à cette question, et Chloé se mit à espérer. Beca comprit qu'elle avait assez de force pour parler, mais très peu. Alors elle devait bien choisir ses mots, car elle savait que ça pourrait être les derniers qu'elle dirait à sa femme.
 
- Je... je t'aime...
- Oh bon sang... je t'aime aussi mon ange.
- Mais... on... je veux...
- Tu veux rentrer ?
- Oui... avec... toi...
 
Chloé sourit en laissant tomber des larmes. Elle embrassa le front de sa brune et sortit du lit.
 
- Je vais signer les papiers. Je te ramène. Promis.
 
Je veux pas mourir à l'hôpital.
 
Chloé sortit de la chambre et trouva un médecin rapidement. Il était en pleine conversation avec un confrère, mais elle s'en fichait. Sa femme passait avant tout, même avant la politesse. Alors elle l'attrapa par le bras, et elle le força à la regarder. Elle était déterminée à sortir sa femme de cet endroit.
 
- Beca Mitchell-Beale. Elle sort aujourd'hui. Fit-elle comme si elle le lui ordonné.
- Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée.
- Ah non. Vous ne me ferez pas croire ça. Chez elle, il y a sa famille, et il y a tout ce qu'il faut pour calmer sa douleur. On sait tous qu'il ne lui reste plus que quelques jours. Ici ou chez elle, le résultat sera le même. Alors vous allez me laisser la ramener ! Qu'elle puisse être auprès de sa famille quand ça arrivera !
 
Il soupira... elle avait raison, mais il préférait pouvoir la surveiller.
 
- Je suis infirmière ! Et c'est ma femme ! Alors je m'en occuperai ! Mais laissez-moi la ramener chez nous... je vous en prie...
 
La rouquine éclata en larmes. Sa femme était en train de mourir bon sang ! Elle le savait que ça arriverait, mais là... il ne lui restait plus que quelques jours ! Elle n'était pas prête pour lui dire au revoir ! Non... elle n'était pas prête !
Elle tomba à genoux et le médecin se baissa pour la prendre dans ses bras. Elle ne le connaissait pas, mais le laissa faire. Toute étreinte réconfortante était la bienvenue dans ce genre de situation.
 
- Ramenez votre femme chez vous... et profitez aussi bien que possible du temps qu'il vous reste.
- Merci docteur. Merci de tout cœur...
 
Quatre jours plus tard
 
Chloé était en train de donner un bain à sa petite femme. Depuis que Beca était de retour, son état s'était amélioré. Enfin... moralement seulement. Car physiquement, c'était toujours une catastrophe, Beca ne mangeait même plus, car elle vomissait tout de suite autrement. Mais sa lueur dans ses yeux était de retour, elle parlait plus, toujours peu, mais moins rarement. Et elle souriait à Chloé dès qu'elle le pouvait.
 
- Le bain te convient ? La température est bonne ? S'inquiéta Chloé.
- Hum hum... C'est parfait ma Chloé t'en fais pas.
- Tu sais... je donnerai n'importe quoi pour te rejoindre dans l'eau là. Taquina la rousse.
 
Beca sourit et regarda sa femme. Sa lueur dans les yeux en disait long, son sourire aussi.
 
- Viens... Pria la brune.
- Mon ange, je suis pas sûre que...
- Viens.
 
Chloé soupira et finit par se relever. Elle se déshabilla sous les yeux de sa femme, et la rejoignit dans l'eau, se plaçant derrière elle pour la tenir dans ses bras. Quand elle vit Beca poser sa tête sur sa poitrine et fermer les yeux en souriant, elle comprit qu'elle était bien installée.
 
Je crois que je serai toujours incapable de lui dire non...
 
Chloé se souvint que sa femme adorait qu'on lui touche les cheveux, alors elle se mit à les caresser et à jouer avec. Elle les enrouler autour de ses doigts, doucement, et les dérouler ensuite. Elle fut heureuse d'entendre un soupir sortir de la bouche de Beca. Un soupir de contentement. Et son sourire s'agrandit légèrement.
 
- Je t'aime Chlo...
- Moi aussi je t'aime Bec's. Mais chut. Économise tes forces. Pria la rousse.
 
C'était con, mais Chloé en avait besoin. C'était comme si elle était sûre que si Beca ne parlait pas, elle aurait plus de forces, et vivrait plus longtemps. C'était complètement faux bien-sûr, au fond elle le savait très bien. Mais la rouquine avait besoin de s'accrocher à quelque chose. À ce tout petit espoir que... peut-être que Beca pourrait rester un peu plus longtemps près d'elle. Même si elle ne gagnait qu'une heure.
 
Je t'aime Chloé. Je t'aimerai toujours... mais pardonnes-moi je t'en prie... J'ai trop mal... et j'arrive même pas à te le dire pour que tu me donne la morphine qui me soulagerai... alors pardonnes-moi mais... je crois que c'est l'heure...
 
Beca s'endormit dans le bain, sans s'en rendre compte...
 
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« Hélas ! L'heure que tu regardes est peut-être celle de ta mort. »
 
≈ Anonyme ≈

Gagner contre le temps Où les histoires vivent. Découvrez maintenant