Chapitre 11

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Beca se tenait toujours au milieu de la chambre du bébé. Un garçon. Si on en croyait les couleurs et le prénom en lettres de bois sur les portes de l'armoire. Un petit garçon nommé Mathys. Alors elle regarda sa rouquine qui n'avait toujours pas bougée de l'encadrement de la porte, comme si elle n'osait pas entrer dans la pièce. Ce fut donc la brune qui s'approcha d'elle et qui lui essuya ses larmes d'un geste tendre.
 
- Chlo... Il est où ton fils ? Demanda Beca.
- Pas là. Répondit simplement la rouquine.
- Oui, ça je le voit bien. Mais il est où ?
- Beca... j'ai pas envie d'en parler.
- S'te-plaît princesse... Euh... quoi ?
- Princesse ? Pourquoi elle m'appelle comme ça d'un coup ?
- C'est sortit tout seul. Mais parles-moi, s'te-plaît.
 
Chloé soupira, c'était quelque chose dont elle n'aimait pas parler. Mais elle aimait Beca, et elle sentait qu'elle pouvait lui faire confiance depuis le premier jour. Elle l'attira dans le salon et la força à s'asseoir sur le canapé. Elle se dirigea ensuite vers un meuble qu'elle fermait toujours à clé. Elle l'ouvrit et en sortit un album photo. Elle revint s'asseoir près de sa petite amie, et la brune alla se blottir contre elle, posant sa tête sur son épaule. Chloé souffla un coup et lui embrassa le sommet du crâne, avant d'ouvrir l'album sur la première page. La seule photo de cette page représentait la rouquine à la maternité. L'épuisement se lisait sur son visage. Mais le bonheur à l'état pur était présent lui aussi. Elle tenait précieusement son bébé dans ses bras et le regardait alors qu'il serrait fermement le doigt de sa mère dans son petit poing de nouveau né.
 
- Il est né il y a 6 ans et 2 mois et demi. Il s'appelle Mathys, et c'est mon p'tit trésor.
- Il est toujours en vie au moins hein ? S'assura la petite brune.
- Oui. T'en fais pas il est toujours vivant.
- Alors pourquoi il est plus avec sa mère ? J'y comprends rien là.
- Parce que son père l'a prit. On s'est séparés cinq mois après sa naissance. Je me suis battue comme une folle pour avoir la garde de Mathys. Mais à cette époque, toute la volonté et tout l'amour du monde ne suffisait pas. J'avais beau aimé mon fils de tout mon être et être prête à donner ma vie pour lui, c'était pas suffisant pour le juge. Il voyait surtout que son père avait l'argent, la grande maison, et tous les moyens nécessaire pour s'occuper de lui. Alors que je n'avais qu'un studio minable et que je venais tout juste d'entrer à la fac. J'avais un p'tit job d'étudiante, qui me permettait à peine de payer mon loyer tous les mois... Alors Mathys est partit vivre avec son père en Europe. J'avais que 19 ans alors que Bryan en avait déjà 23. Il était adulte, venait d'une famille richissime, et avait un avenir d'assuré depuis sa naissance. Alors autant dire qu'en vrai, je n'avais jamais eu la moindre chance.
- Oh... je suis désolée princesse. Fit Beca d'une petite voix car elle ne savait pas quoi dire d'autre.
- Il est à Londres maintenant. J'imagine qu'il vit bien là-bas. Enfin... j'espère.
- Mais pourquoi c'est une chambre de bébé s'il a plus de 6 ans ?
- Parce que... Bryan vivait encore ici et il respectait ses engagements. Dès que j'ai eu les moyens d'accueillir mon fils, je devais avoir sa garde un week-end sur deux, et la moitié des vacances scolaire pour quand il serait à l'école. J'avais l'appartement depuis un mois quand j'ai pu commencer à avoir sa garde. Mathys avait déjà un peu plus d'un an. D'où la chambre de bébé. Mais avant qu'il n'atteigne l'âge de 2 ans, Bryan est partit vivre à Londres en emportant Mathys avec lui. Je l'ai jamais revu, et je n'ai jamais osé touché à la chambre que j'avais aménagée pour lui à l'époque. Comme c'était encore qu'un bébé, ça n'a jamais bougé. Parce que j'arrivais même pas à entrer dans la pièce sans me mettre à pleurer.
 
Mais Chloé avait du mal à retenir ses larmes plus longtemps. Elle éclata en sanglot et Beca la serra dans ses bras. Elle n'osait même pas imaginer ce que la rousse devait ressentir. De savoir son fils, à des milliers de kilomètres d'elle, carrément sur un autre continent, et qui grandissait sans rien savoir de sa maman. Sans savoir que quelque part dans le monde, une femme le pleurait, et rêvait de pouvoir le revoir ne serais-ce qu'une minute pour le serrer dans ses bras. Pour l'embrasser et pour sentir son odeur. Ne serais-ce que pour être sûre qu'il allait bien...
 
- Dans cet album, la moitié des pages sont vides, mais ce sont les seules photos que j'ai de lui. De sa naissance, à ses 5 mois. Les deux seuls week-ends où je l'ai eu à l'appartement, j'ai pas pensé à prendre. J'étais tellement heureuse de le retrouver que je profitais du temps avec lui, sans prendre le temps de le photographier. Je pensais que j'aurais d'autre fois pour le faire. Mais non... Si j'avais su je... J'aurais passé mon temps à le photographier.
- Je... je peux regarder ?
- Vas-y... je te l'ai donné pour ça.
 
Beca tourna alors lentement les pages de l'album. Une par une, prenant le temps de regarder les photos du bébé. Quand Chloé apparaissait sur les photos aussi, on voyait qu'elle était vraiment heureuse. Elle avait son fils, alors qui ne le serait pas ? En arrivant à la dernière page, elle ferma l'album et le donna à Chloé. Elle le prit, mais le posa aussitôt sur le côté. Comme si elle était incapable de le tenir trop longtemps, peut-être parce que pour elle, il était bien trop lourd.
 
- Il te ressemble. Un p'tit roux.
- Il me ressemblait. Je sais pas si c'est encore le cas maintenant. Avoua la rousse.
- Je suis sûre que oui moi. Je suis sûre qu'en ce moment, dans les rues de Londres, il y a un petit rouquin qui te ressemble. Et qui rêve de connaître sa maman et de la serrer dans ses bras. De l'entendre lui dire « je t'aime »...
- Je donnerais tout pour pouvoir lui dire.
- Tu as le nom de son père ?
- Euh... Bryan Robert Durand. Pourquoi ?
- Tu rêves de revoir Mathys non ?
- Oui mais...
 
Beca la coupa en mettant sa main sur sa bouche et lui sourit. Elle lui fit un clin d'œil, pour lui inspirer confiance. Elle retira sa main et sortit son téléphone de sa poche. Elle appela quelqu'un mais Chloé n'eut pas le temps de voir qui. Elle était totalement perdue.
 
- Bonjour Oncle Parker. Je te dérange pas ? Demanda la brune d'un coup.
- Beca ! Ça me fait plaisir de t'entendre ! Tu vas bien ?
- Oui et toi ? Je vais bien grâce à ma super infirmière.
- Très bien. Dis-moi, tu voulais quelque chose ?
- Si ça t'embête pas...
- Je ferais n'importe quoi pour ma filleule Beca. Dis-moi pourquoi tu appel.
- Tu es toujours à Londres ?
 
Chloé ouvrit grand les yeux en entendant le nom de la ville.
 
Oh non ! Je rêves là c'est ça ?
 
- Oui... Pour encore deux ou trois mois. Pourquoi ?
- Parce que j'aurais besoin que tu me rende un service. À Londres y'a un homme qui s'appelle Bryan Robert Durand. Et...
- Tu connais Bryan ?
- Euh... pas personnellement. Toi oui ?
- C'est un ami. Si on parle du PDG du journal le plus lu d'Angleterre.
- Euh... Beca se tourna vers la rouquine. Il tient un journal Bryan ou pas ?
 
La rousse hocha la tête.
 
- Oui c'est lui. Répondit la brune à son oncle.
- Qu'est-ce que tu lui veux ?
- Il a un fils du nom de Mathys non ? Si je me trompe pas, il devrait être roux. Et il a eu 6 ans y'a pas longtemps.
- OK... Comment tu sais ça ?
- C'est bien lui alors ? Me suis pas trompée ?
- Oui parfaitement. Bryan et Jenna ont un fils en effet.
- Jenna ?
- Sa femme. La belle-mère de Mathys.
- Euh... Tonton... j'ai sa mère à côté de moi actuellement.
- Oh bon sang ! Beca... Tu appelles pour rendre Mathys à sa mère ?
- Oui.
- Mais je peux pas faire ça.
- S'te-plaît...
- Non... même si je le voulais, je pourrais pas. Ça... ça fait un mois que le petit Mathys a disparu un soir à l'hôtel. Et l'enquête ne donne rien.
 
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« Tu n'es plus là où tu étais, mais tu es partout où je suis. »
 
≈ Victor Hugo ≈

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