Nous sommes parfois confrontés à des dates marquantes alors que nous aimerions les oublier. C'est le cas de Julian. Tant bien que mal, il essaye d'avancer dans la vie, mais tout lui rappelle ce fameux 3 juin où tout a basculé. Vivre avec des traumat...
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Louis a continué de m'appeler, la sonnerie de The Cranberries n'arrêtait pas de retentir alors que mes pas me menaient à mon appartement. J'ai répondu à aucun de ses appels, parce qu'il aurait compris à ma voix que quelque chose n'allait pas. Et pour cause... Julian m'a embrassé ! J'ai encore la sensation d'avoir ses lèvres sur les miennes, même après l'avoir quitté. Je lui ai rendu son baiser, putain. Comment la soirée a pu nous échapper à un tel point ? Il a suffi de seulement six minutes et vingt-huit secondes pour que tout dérape, pour qu'un câlin pour se dire au revoir glisse vers une tout autre forme d'affection. Un besoin de sentir l'autre près de lui, comme si on s'appartenait tous les deux. Oui, parce que c'est le sentiment que j'ai eu lorsque Julian m'a fait reculer contre le mur, qu'il s'est approché de moi à tel point que plus aucune distance n'existait entre nous au point de m'embrasser de façon si intense que mon cerveau n'était plus en état de réfléchir. Six minutes et vingt-huit secondes, c'est la durée de Nothing Else Matters, c'est le temps qu'il nous aura fallu pour céder à cette pulsion qui devenait de plus en plus présente, à chaque fois que nous entendons cette chanson.
J'entre dans l'appartement et trouve Louis devant la télévision à regarder la chaine d'informations. Je ne sais pas comment il fait pour passer tout son temps devant, c'est vraiment déprimant. Je tente de ne rien laisser paraitre quand il se lève pour venir vers moi pour me saluer, mais c'est plus fort que moi. Quand il s'approche plus pour prendre possession de mes lèvres, je tourne légèrement la tête pour que ses lèvres viennent percuter ma joue, et non les miennes. Je ne peux pas le laisser m'embrasser alors qu'un autre homme était en train de le faire, il y a même pas une heure.
— J'ai besoin de prendre une douche. La journée a été longue et il a fait chaud aujourd'hui.
C'est la première excuse qui a pu sortir de ma bouche pour pouvoir me tenir à l'écart de mon petit-ami. J'ai besoin de me retrouver seule, pour pouvoir réfléchir correctement au merdier dans lequel je me trouve. Je sais que si je reste avec lui, Louis finira par tenter une nouvelle fois de m'embrasser et je ne peux pas le lui permettre. Pas dans mon état actuel, pas alors que la culpabilité est déjà en train de commencer à me ronger de l'intérieur.
J'ouvre le robinet et laisse l'eau couler sur mon corps après m'être déshabillée dans la salle de bain. J'ai fermé la porte à clé derrière moi, pour éviter que Louis me rejoigne. Je ne supporterais vraiment pas qu'il me touche après ce que j'ai fait. Je dépose du savon dans la paume de ma main et laisse mes mains parcourir mon corps, avant de me perdre une nouvelle fois dans mes pensées. Je suis de nouveau dans le salon de Julian, alors qu'il se met à chanter les paroles de Nothing Else Matters dans un murmure qui me fait frissonner. Il m'entraine vers l'arrière, me retrouvant soudainement bloquée contre un mur alors que mes doigts se retrouvent une fois encore à caresser sa nuque tandis qu'il pose ses mains sur mes joues pour combler cet infime espace entre nous, faisant entrer nos lèvres en collision pour la première fois. On ne peut plus se retenir, la tentation était bien trop présente et Julian aura été le premier à céder. Je suis incapable de le repousser. J'en avais tout autant envie, c'est d'ailleurs pour cette raison que je lui ai rendu son baiser, avant de laisser sa langue s'immiscer dans ma bouche, pour venir taquiner la mienne. Mon index vient glisser sur mes lèvres, alors que le baiser que nous avons échangé est en train de reprendre place dans mon esprit. Je repense à l'intensité du début, avant de terminer en douceur laissant éclater nos sentiments comme s'ils étaient sur un même pied d'égalité. Il ne me faut que quelques secondes avant de me connecter à la réalité et d'éclater en sanglot alors que l'eau qui continue de couler couvre mes pleurs. Je m'en veux d'avoir cédé à la tentation, mais je m'en veux encore plus d'avoir aimé ce baiser.
