« Bravo, Lucile ! », « C'est génial ce que tu fais ! », « On est à fond derrière toi ! ». Ce genre de commentaires, j'en recevais régulièrement sous mes publications qui témoignaient de mes actions mises en place pour plus de respect de l'environnement.
Ce soir, je venais de publier la photo de tous les sacs poubelle que nous avions rempli de déchets et résidus plastiques si nocifs pour les différentes espèces animales. J'en étais particulièrement fière car, cette fois, le nombre de participants avait été vertigineux. D'habitude pas plus d'une dizaine, les habitués avaient été choqués de voir une cinquantaine d'adolescents des environs s'agréger à notre petit groupe d'irréductibles. J'avais été ravie bien sûr mais j'espérais que cet engouement subit ne retombe pas comme un soufflet passé quelque temps. Car je n'étais pas dupe. Mes amies et même Carlos et Mylène avaient sonné de la trompette et du cor au lycée pour rameuter du monde et faire cesser les bassesses de Valentin.
Très vite, plusieurs de mes followers commentèrent, y allant de leur anecdote sympa sur la collecte et de leur encouragement pour que le mouvement continu. Un sourire illumina mes traits. Ça me réchauffait le cœur.
Après un coup d'œil à l'heure affichée sur mon écran, je bondis de mon bureau sur lequel s'étalaient cahiers et fiches de révision. En un temps record, je fus apprêtée d'une robe noire évasée, les cheveux attachés en queue de cheval et légèrement maquillée d'une touche de rose par-ci et d'un trait d'eyeliner par-là. Ne me restait plus qu'à chausser la paire d'escarpins noirs que j'avais acheté sur les conseils avisés de Camille.
Ni une ni deux, j'ouvris la nouvelle porte de ma chambre – comme prévu, on avait remplacé l'ancienne durant les vacances de la Toussaint. Après avoir bataillé contre l'étroitesse de l'obscur placard à chaussures, je mis la main sur mes escarpins et les enfilai. Ce soir, je sortais faire la fête. Marianne, une amie de Joséphine, m'avait invitée à son anniversaire à la demande de cette dernière. Passe-droit, passe-droit ! chantonna ma petite voix sans que je prête l'oreille à ses sarcasmes.
Un coup de klaxon claironna à l'extérieur de la maison. Ce devait être Camille et son père. Elle m'avait proposé de passer me chercher malgré le petit détour que cela impliquait ; Nolwenn et Joséphine étaient déjà là-bas. Alors, je saluai la cantonade dans un cri surexcité et m'expédiai dehors.
Le froid humide de novembre sévissait, rajoutant du lugubre à la nuit tombée depuis plusieurs heures. Je frissonnai en resserrant les pans de mon manteau autour de moi tout en marchant avec précaution dans l'allée de graviers. Peu coutumière des chaussures à talons, je pestais tant et plus sur mon idée saugrenue de m'en acheter une paire. Épater la galerie, peut-être ? persifla ma conscience. Je levai les yeux au ciel mais ne rétorquai rien, trop concentrée à ne pas me tordre une cheville.
Sur la route, je débattis avec Camille de l'intérêt d'une de ses expérimentations chimiques dans le laboratoire conçu chez ses parents à sa demande expresse. Son père mit son grain de sel. Chercheur dans le domaine de la chimie, ses commentaires étaient toujours éclairés et agrémentés d'exemples parlants. Le sujet nous occupa tout le trajet.
Enfin, nous mîmes pied à terre et nous remerciâmes notre conducteur. Tandis qu'il faisait demi-tour, je levai les yeux sur l'impressionnante villa campagnarde de trois étages dressée au milieu d'un grand jardin ceint de hautes haies. Au travers des fenêtres, je devinais une foule en train de danser sur des airs actuels.
Prenant une inspiration, je raffermis ma prise sur le sac en toile que je serrais contre moi et suivis Camille jusqu'à la porte d'entrée. Nous n'eûmes pas à attendre bien longtemps et lorsque notre hôte apparut nous lui souhaitâmes un joyeux anniversaire en chœur.
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La Nostalgie de l'horizon marin
RomanceLeurs familles sont amies. Ils se détestent. La guerre couve entre eux. Lucile vous dirait que Mathieu est un insupportable enquiquineur qui ne mérite que mépris. Mathieu vous affirmerait qu'il n'aime rien tant qu'asticoter cette incorrigible peste...