𝐋'𝐞́𝐭𝐞́ 𝐨𝐮̀ 𝐣𝐞 𝐬𝐮𝐢𝐬 𝐭𝐨𝐦𝐛𝐞́𝐞 𝐚𝐦𝐨𝐮𝐫𝐞𝐮𝐬𝐞 [𝐞𝐧 𝐫𝐞́𝐞́𝐜𝐫𝐢𝐭𝐮𝐫𝐞]

29 | Réussir

Six mois plus tard

— Un peu stressée ?

— Et pas qu'un peu.

— C'est normal, essaye juste de contrôler ton stress.

— Facile à dire, tu n'as pas l'air de stresser le moins du monde !

— C'est totalement faux, j'essaye juste de ne pas le montrer !

— Ah ah ah... ça ne m'aide pas du tout, je rétorque en faisant semblant de rire.

— Ça va aller, tu vas voir.

— C'est juste pénible mais de toute façon, on n'a pas le choix. C'est le diplôme à ne pas rater, et j'ai bossé comme une malade jours et nuits depuis plus de deux mois.

Ça devrait le faire, oui, ça va le faire ! pensais-je pour m'encourager.

— Bonne chance bébé, souffle Maël avant de m'embrasser.

— Bonne chance à toi aussi.

On se sépare et il s'éloigne pour rejoindre sa salle qui est à l'opposé de la mienne. Je déteste les examens, mais le bac est très important pour mes futures études, et le passer signifie également la fin des cours et la fin du lycée.

J'aurai dix-huit ans dans quelques semaines, ce qui veut dire que je serai considérée comme une adulte. Pourtant, je suis loin d'en être une. Je suis loin d'être aussi responsable que ma mère et je ne suis pas capable de m'occuper de moi.

Mes crises d'hyperphagie continuent de diminuer depuis que je suis suivie par Linda, mais elles n'ont pas encore disparues. Je ressens encore ce vide et ce besoin insatiable de manger pour le combler. Pourtant, je sais  pertinemment que la nourriture ne pourra jamais le combler. Tout cela n'est qu'une impression, Linda me l'a parfaitement expliqué.

Je décide enfin à me diriger vers la cour. Dès qu'Inès m'aperçoit, elle court presque pour venir m'enlacer.

— Bonne chance ma belle !

— Bonne chance à toi aussi !

— Tiens je t'ai apporté ton donut préféré, un thé froid au cas où et...

— Merci, je murmure en la prenant dans mes bras.

— Et c'est pas tout ! Je t'ai aussi pris un de mes pulls avec mon parfum pour que tu ne te sentes pas seule !

Je ris et elle me tend mon donut avant de me donner un petit sac, dans lequel elle a mis tout ce qu'elle m'a apporté pour les épreuves.

— Bon, on ferait bien d'y aller. Je préfère être en avance, ça fait déjà ça en moins niveau stress !

— Tu as raison, allons-y.

Nous nous dirigeons vers nos salles qui se situent dans le même couloir.

— On se revoit juste après ?

— Oui bien sûr.

— Bisous ma belle, lance-t-elle en rentrant dans sa salle.

J'esquisse un faible sourire sachant que je suis seule maintenant et me dirige vers ma salle à mon tour. Je m'installe à ma table et commence à sortir mes affaires, y compris celles que Inès m'a apporté. Puis, je vais déposer mon sac au fond de la salle et reviens m'assoir à ma place. Je ferme les yeux, inspire et retiens ma respiration avant d'expirer lentement. Je fais le vide dans ma tête et essaye d'évacuer le stress.

Rachel, dis-toi qu'il y a quelques mois tu ne voulais même plus vivre. Dis-toi que tu n'avais plus rien à perdre et que tu avais perdu le contrôle de ta vie. Mais maintenant tu l'as récupéré. Tu vas passer et réussir ton bac, tu emménageras avec Maël et tu iras faire tes études à l'université et les choses seront telles que tu voulaient qu'elles le soient. Tu es la seule à pouvoir décider de ce que tu veux pour toi. Ces épreuves ne sont rien comparé à ce que tu as pu traverser. Tu en es capable, souffle la petite voix dans ma tête.