27 | Guérir

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Maël

— Tu es sûre qu'elle voudra y aller ? je demande à Inès.

— Je lui en avais déjà parlé et elle avait accepté mon aide. Je ne vois pas pourquoi elle ne voudrait pas y aller. Tout ce qu'elle veut c'est guérir.

— Et c'est aussi tout ce que je veux. Seulement, ça fait presque trois jours qu'elle a fait sa crise et elle mange à peine. Elle ne sort presque pas de son lit et elle passe son temps à dormir puisqu'elle est en manque d'énergie.

— Tu ne peux pas savoir à quel point ça me rend triste de la savoir dans cet état, répond Inès en reniflant. J'aimerais tellement qu'elle aille mieux, comme avant que ses crises ne commencent.

— Je sais Inès. On aimerait tous qu'elle aille mieux. J'ai parlé avec sa mère le lendemain de sa crise. Elle aussi n'est pas bien rien que de la savoir dans cet état.

— J'imagine que ça doit être très dur pour elle d'imaginer ce que sa fille vit en ce moment, surtout depuis son agression. Le pire dans toute cette histoire, c'est que Rachel se croit brisée. Elle pense qu'elle ne guérira jamais et je sais que même si elle souhaite au plus profond d'elle guérir, elle est persuadée que ses crises dureront toute sa vie. Si un jour je revois Raphaël, je lui casserai la figure pour tout ce qu'il lui a fait. Et pour ce qu'il nous a fait à tous. Si Rachel souffre, nous souffrons aussi.

J'acquiesce en silence, bien qu'Inès ne peut pas me voir à l'autre bout du téléphone. Sa voix se fait de nouveau entendre à travers l'appareil :
— Tu as pris un rendez-vous pour Rachel ?

— J'ai réussi à en obtenir un demain matin.

— Et tu ne le lui a toujours pas dit ?

— Je vais le faire.

— Alors dépêche-toi, surtout si elle passe son temps à dormir. Et s'il te plait, appelle-moi s'il y a un problème ou si elle a besoin de parler à sa meilleure amie, je serai là.

— Compte sur moi.

Je raccroche et me dirige vers la chambre de Rachel, mon téléphone à la main.

Je toque plusieurs fois mais personne ne répond. Alors que je m'apprêtais à toquer à nouveau, un grognement se fait entendre de l'autre côté de la porte.

J'entre et découvre Rachel blottie sous les couvertures et entourée de toutes ses peluches, en train de lire un livre. Je m'assois à côté d'elle et elle se redresse en voyant mon expression tendue.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demande-t-elle d'une petite voix.

— Je t'ai pris un rendez-vous chez une diététicienne qui fait aussi psychologue, demain matin.

À l'annonce du mot « diététicienne », je peux voir ses yeux se remplir de larmes. Elle essaye de parler mais sa bouche se met à trembler et des larmes coulent le long de ses joues.

— Viens-là, je murmure en l'attirant à moi.

Elle s'assoit sur mes genoux et pose sa tête contre mon torse.

— Je sais que ce n'est pas facile car tu as peur de te confier... mais tu pourrais guérir. Rachel, tu ne resteras pas malade toute ta vie. Un jour, ça ira mieux. Et ce jour pourrait être bien plus proche que tu ne le penses.

Elle ne répond rien.

— Tu veux y aller demain ? je continue.

𝐋'𝐞́𝐭𝐞́ 𝐨𝐮̀ 𝐣𝐞 𝐬𝐮𝐢𝐬 𝐭𝐨𝐦𝐛𝐞́𝐞 𝐚𝐦𝐨𝐮𝐫𝐞𝐮𝐬𝐞 [𝐞𝐧 𝐫𝐞́𝐞́𝐜𝐫𝐢𝐭𝐮𝐫𝐞]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant