26 | Hyperphagie

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Je me réveille en sursautant, le visage mouillé de mes larmes. Ma tête tourne et j'ai du mal à distinguer les contours de la pièce. Je cligne des yeux plusieurs fois et ma vision change complètement. Au lieu d'être sur une route jonchée de morceaux de verre, je suis dans mon lit, à côté de Maël.

C'est la troisième fois que je revis mon agression dans un cauchemar depuis ma sortie de l'hôpital. Sauf que cette fois-ci, Maël n'était pas là pour arrêter mon agresseur, et il a continué ce qu'il avait commencé.

Je tire la couverture et m'extirpe du lit sans réveiller Maël. Je sors de la pièce et me dirige vers le salon. J'ouvre la baie vitrée qui donne sur la piscine et aussitôt, l'air frais de la nuit vient fouetter mon visage. Je m'appuie contre un mur et me mets à observer la lune dans le ciel.

Il n'y a pas un bruit, tout est calme. Seule la lune éclaire suffisamment pour que je puisse distinguer ce qui m'entoure. Comme cette nuit-là. Il n'y avait personne, pas un bruit : tout était calme et désert. La lune éclairait suffisamment la nuit pour que je puisse distinguer son visage, son sourire démoniaque et ses pupilles dilatées.

J'essaye de chasser cette image de ma tête mais je n'y arrive pas. De nouvelles larmes perlent au coin de mes yeux et une boule se forme dans ma gorge. C'est comme si je prenais conscience de ce qui m'était vraiment arrivé. Comme si je venais juste de réaliser ce qui aurait pu se passer si Maël n'était pas arrivé à temps.

Je pense que j'ai essayé de rester forte devant lui alors que je me sentais anéantie de l'intérieur. Peut-être que j'essayais de lui cacher ma souffrance car je ne voulais pas qu'il se sente coupable. Cette souffrance, je l'ai refoulée et je me suis menti à moi-même, en me répétant comme à tout le monde que j'allais bien.

Mes larmes redoublent d'intensité et je ne peux plus les contrôler maintenant. Je n'essaye même plus de les retenir et les laisse couler. J'évacue toutes les émotions négatives que j'ai pu accumuler depuis mon réveil à l'hôpital. Toutes les émotions que je me suis efforcée d'enfouir à l'intérieur de moi, alors que je savais que tôt ou tard, ces émotions ressortiraient et que si je continuais de les dissimuler, elles finiraient par me consumer de l'intérieur.

Doucement, je sens deux bras entourer ma taille et Maël appuie sa tête contre mon dos. Je me retourne et il me prend dans ses bras. Il me soulève et je passe mes jambes autour de sa taille. Je me colle à son corps et enfouis la tête dans son cou. Son odeur m'apaise et je continue à la renifler, comme une enfant reniflant son doudou.

— Tu as encore fait un cauchemar ? demande-t-il d'une voix calme.

Je plonge mes yeux mouillés de larmes dans les siens et hoche légèrement la tête.

— Il ne te fera plus jamais de mal.

— Non, Maël tu ne comprends pas. Il l'a fait cette fois. Il m'a violée. Et tu n'étais pas là pour l'en empêcher.

— Eh ce n'était qu'un cauchemar, chuchote-t-il. J'étais là pour l'en empêcher. Si je le revois, je terminerai ce que j'ai commencé et je m'assurerai qu'il ne puisse plus jamais refaire du mal à qui que ce soit.

— Tu ferais ça ?

— Évidemment. Je ferai tout pour toi, bébé.

J'esquisse un faible sourire et Maël referme la baie vitrée. Il se dirige vers ma chambre en me serrant toujours contre lui. Il s'allonge dans le lit avec moi dans ses bras. Je colle mon corps au sien et il resserre sa prise autour de moi. Ma tête est collée à son torse et je l'entends respirer, ce qui fait diminuer mon angoisse.

— Bonne nuit, je souffle en fermant les yeux.

— Bonne nuit bébé, répond il en déposant un baiser sur le sommet de mon crâne.

𝐋'𝐞́𝐭𝐞́ 𝐨𝐮̀ 𝐣𝐞 𝐬𝐮𝐢𝐬 𝐭𝐨𝐦𝐛𝐞́𝐞 𝐚𝐦𝐨𝐮𝐫𝐞𝐮𝐬𝐞 [𝐞𝐧 𝐫𝐞́𝐞́𝐜𝐫𝐢𝐭𝐮𝐫𝐞]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant