Chapitre 4

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La journée s'annonce longue : je finis peut-être tôt, mais exceptionnellement j'ai deux heures de sport ce matin, où je ne pourrais pas éviter Dylan et sa bande. Car il a fallu que le prof d'EPS -différent du coach-, profite de l'absence de l'enseignent de français pour placer son cours pendant les deux heures. Je décide de me changer dans les toilettes et de planquer mon sac dans la cour, pour éviter les vestiaires. Je suis donc un des premiers sur le terrain. Aujourd'hui c'est handball, et j'imagine déjà les grosses brutes de la classe balancer la balle comme si leur vie en dépendait, en défigurant deux ou trois personnes au passage si possible. Cette idée me rappelle les événements de la veille. Au même moment, Dylan arrive sur le terrain, et commence à courir pour faire l'échauffement. Presque immédiatement les autres le suivent, et je me mets au fond, le plus discrètement dont je suis capable.

Puis vient le temps de faire les équipes. Je me mets en retrait là aussi ; je suis toujours choisi en dernier, après la fille qui n'arrive pas à faire trois mètres sans s'étouffer. Les chefs d'équipe sont Dylan -quelle surprise!-pour les bleus, Scott pour les rouges, Greg pour les verts et Mathieu pour les jaunes. Dylan s'apprête à choisir en premier, comme à son habitude, mais Scott le coupe.

- Stefan !

Stefan le rejoint, hésitant. Tout le monde reste bouche bée. Ce n'était jamais arrivé que quelqu'un prenne la parole avant Dylan. C'est comme si la terre tournait dans le mauvais sens.

- Y a un problème ? demande Scott, innocemment.

- C'était mon tour, fait remarquer Dylan.

- C'est moi le capitaine, je pensais que je pouvais me permettre ce privilège.

- Personne t'y a autorisé, que je sache ?

- Tu crois que j'en ai besoin ? Avec ta gueule tu ferais d'aller mieux te cacher, tu vas faire peur aux secondes.

- Espèce de fils de...

- Assez ! Je vais faire les équipes moi-même, puisque vous n'en êtes pas capables !

Le prof vient se placer entre les deux garçons, qui s'étaient rapprochés d'une manière peu engageante. Dylan serre les points, Scott le défie du regard. Une tension palpable s'est installée sur le terrain, je n'imagine pas à quoi vont ressembler les matchs. Le prof nous disperse en équipes de 6, sans s'occuper si nous sommes répartis de façon équilibrée. Je me retrouve avec Dylan. Il reste à l'écart, ruminant encore contre Scott. J'entends les autres parler de sa « gueule », comme l'avait dit le nouveau capitaine. En effet, il fait peur à voir : sa œil droit est quasi entièrement fermé et vire au beurre noir, sa pommette a doublé de volume. Son nez est enflé au niveau du milieu, avec une teinte rosée, et sa lèvre du bas affiche un belle entaille. Voilà mon œuvre.

Des cernes énormes soulignent ses yeux. On dirait que lui aussi n'a pas eu une nuit facile. Comme si il avait senti mon regard sur lui, il se tourne et me regarde. Je détourne immédiatement les yeux, l'air de rien.

Les équipes se réunissent, et mettent leur tactiques au point.

- Je m'occupe de Scott, annonce directement Dylan. Vous prendrez quelqu'un aussi, et si cette personne n'est pas à votre niveau changez avec un autre tout de suite. Toi, tu seras en défense, toi dans les cages, et vous deux vous me suivrez en attaque. Comprit ?

Tout le monde hoche la tête.

- Et moi ?

Je n'ai reçu aucune instruction.

- Toi, tu emmerdes autant que possible ceux de l'équipe adversaire. Mais faire chier le monde, ça te connais, tu devrais y arriver.

Les autres rigolent et vont prendre leurs positions. Moi, j'ai envie de taper Dylan. Comme d'habitude. Je me place à la limite de la ligne de milieu de terrain, prêts à gêner dès le signal de départ. Nos adversaires sont les jaunes.

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