Chapitre 27

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Le mouvement de recul de Dylan en dit clair sur son envie de parler à Marc. J'avais complètement oublié qu'il travaille à l'hôpital, et qu'en venant ici je courrais le risque de le croiser.

-Dylan.

Le ton est froid, sans amour. Le père juge le fils du regard, ce dernier fait pareil. Puis Dylan fait comme si rien ne s'était passé, et se tourne vers la dame de l'accueil avec un sourire charmant.

-Bonjour, je voudrais savoir si le docteur qui s'occupe des urgences est là s'il vous plaît. C'est mon ami, il s'est fait une entorse il y a une semaine et devait repasser pour un examen de contrôle. Ils'appelle...

-Je m'en charge.

Marc vient de couper Dylan en pleine phrase. La dame de l'accueil ne dit rien, je crois que si elle pouvait disparaître elle le ferait. Dylan la regarde avec insistance, Marc aussi. Elle prend une petite voix en répondant :

-Si le médecin vous prend en charge, je vous serez reconnaissante de le suivre avec votre ami.

Dylan ferme les yeux. La dame a tranché en faveur de Marc. Normal, elle doit vouloir protéger son poste, et se mettre l'un des médecins les plus reconnus du service à dos n'est pas une bonne idée. Moi j'ai soudain peur. Déjà que j'étais pas bien, là j'ai l'impression qu'on va m'arracher le pied. Dylan vient vers moi et m'aide à avancer pendant qu'on suit son père, qui ne m'a même pas lancer un regard. Ça sent trop le règlement de comptes pour moi. Car JE serais sur la table à ME faire examiner.

-Entrez là.

Marc nous invite à entrer dans un petit cabinet, sûrement pas le sien. Je m'assois sur la chaise longue, toute en mousse, où un essuie-tout est déroulé, comme le veut le protocole à chaque nouveau patient. Dylan se place sur le bord de la chaise en face du bureau tandis que son père me regarde fixement. Je comprends alors que je dois défaire ma chaussure, enlever la chaussette pour que ça commence. Une fois ma cheville dégagée, Marc s'agenouille devant moi et saisit mon pied avec force. Je retiens une grimace. Il me fait mal. Il est brusque, tourne dans tous les sens sans s'occuper de mes sensations. Je finis par lâcher un hoquet de douleur, et il me lance un regard agacé.

-La douleur est permanente depuis que vous êtes tombé ?

Cette question est lourde de sous-entendus, il doit avoir compris comment je me suis fait ça. Avec l'indication de temps qu'a donné Dylan, il doit surtout avoir comprit où. Il resserre sa prise, mais je tiens bon.

-Non, je me suis refait mal hier, en voulant courir.

-Il faut être idiot pour essayer de courir avec ça.

-Probablement, mais vous ne pouvez pas savoir ce qu'il s'est passé, vous n'étiez pas là que je sache.

Il me fusille du regard et continu son examen de tortionnaire. Puis il souffle et me regarde à nouveau, à mon grand déplaisir.

-D'ici demain ça ne devrait plus être douloureux. Enfin pas autant qu'aujourd'hui. Continuez à mettre de bandages bien serrés, évitez de vous appuyer sur le membre blessé, et dans une semaine, ou deux si vous refaites l'imbécile, vous serez rétabli.

-Merci Monsieur.

Il me met un nouveau bandage. Très serré, je ne sens plus de circulation dans mon pied. Quand je fais la remarque il dit qu'il faut au moins ça pour guérir. Il continue, je souffre. Ce type veut me tuer le pied !

-Arrête.

Dylan se lève quand mon pied vire au blanc vitreux. Son père le regarde avec défi. Mais il l'ignore, s'agenouille à ses côtés et enlève tout ce qui vient d'être fait. Je soupire de soulagement quand je sens le sang affluer à nouveau. Maintenant je suis sûr que je déteste Marc au moins autant que lui me déteste. Dylan prend un autre bandage et recommence, bien moins serré, même si ça reste douloureux. Je comprends que ça doit l'être un minimum pour l'efficacité. Dylan est rapide, il doit avoir vu son père le faire plusieurs fois. D'ailleurs quand je regarde ce dernier, je jurerais voir de la fierté dans ses yeux, quand il observe Dylan. Mais dès qu'il remarque que je le vois, il reprend une mine sévère. J'ignore et regarde à nouveau celui qui est à mes pieds. Il termine et se relève. Il sort son porte monnaie mais son père lève une main.

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