Chapitre 14

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 Je passe la journée suivante dans l'eau, je rentre le soir avec un beau coup de soleil. Mais je ne regrette rien, la faune et la flore est unique, je tiens à en voir le maximum avant de partir. Derek me parle du tatouage qu'il veut se faire demain : des motifs maoris enchâssés sur son omoplate droite. Ça remonterait jusqu'à son épaule pour finir sur son pectoro. C'est un gros truc, mais c'est typique des traditions locales. Je trouve ça super, je l'encourage, en évitant de penser qu'il va souffrir. Mais j'ai une idée, et si il ne fait pas son tatouage tout tombe à l'eau. Je m'endors tard, pensif. Si j'arrive à faire ce que je veux, je ne pourrais pas oublier ce séjour.

On se rend chez le tatoueur vers 10h heure locale. Le gars semble reconnaître Derek, ça ne doivent pas être tous les clients qui demandent un tatouage comme lui l'avait fait. Derek retire son T-shirt, il est bien foutu, légèrement musclé. Mais Dylan est mieux, bien mieux. Argh, faut pas que j'y pense. Mais trop tard : je le revois quand il était nu devant moi et qu'il avait prit sa douche, sans pression. Le tatoueur et Derek discutent un moment puis il passe les dessins au crayon. Derek semble satisfait, et ça commence. Le bruit de la machine ne me plaît déjà pas du tout. Alors quand l'aiguille pique et que le sang commence à couler, j'ai peur de tourner de l'œil. Je préfère regarder les magasines où pleins de tatouages sont proposés. J'ai le temps de regarder chacun au moins deux fois avant que le tatouage se termine. Derek n'a pas crié, ni pleuré, rien. Je pense que je n'en dirais pas autant. Maintenant il faut que je lance :

- Je peux en faire un aussi ?

J'évite de regarder l'épaule rougie de Derek, où le sang coule encore un peu. Le tatoueur hoche la tête d'un air entendu et commence déjà à préparer un nouveau matériel. Mais Derek secoue la tête et me regarde de travers. Je hausse les épaules :

- Ben tu en fais un, moi aussi ? Maman ne dira rien, elle aimera de toutes façons. Et puis c'est mon corps, non ?

- Tu es encore mineur, ça peut te coûter chère.

- Je suis avec toi, un adulte, ça passe ?

- Justement, si y a un soucis je suis dans la merde.

À ces mots le tatoueur se retourne violemment. Il fronce les sourcils et fait les gros yeux. Il a le physique des tahitiens, avec une bonne carrure, ça le rend impressionnant.

- Moi ? Je ferais une erreur ? Après 30 ans de métier ? Si y a quoi que ce soit, j'en serais le seul responsable, croyez-moi.

Il a parlé avec un accent prononcé qui me fait sourire. Derek ne sait plus où se mettre. Il me regarde, puis le gars. Il hésite.

- Ce ne sera pas quelque chose de gros, juste un souvenir. Ça me permettra de marquer mes résolutions, à mon âge c'est important.

Le tatoueur hoche la tête. Il nous montre son bras gauche, qui est entièrement tatoué, tout comme le droit.

- Pour mes 16 ans, j'ai fait mon bras droit, pour signifier mon passage à l'âge adulte. Et le gauche pour me rappeler de ne plus jamais parler à ma femme, c'est une traîtresse.

On hausse les sourcils, mais Derek est vaincu. Il hoche la tête et je m'assoie sur la chaise, le cœur battant. J'explique au mec ce que je voudrais : un bracelet discret avec des motifs tahitiens, large de 2 centimètres, autour de mon poignet gauche. Il hoche la tête et me présente quelques types de motifs. Je choisis les plus minces. Il me dessine au crayon ce que ça donnera. J'adore. Je sens la sueur couler dans mon dos. Il fait chaud, et le stress n'aide pas. Je suis terrifié face à une prise de sang, et je vais me faire transpercer la peau par des centaines de piqûres d'aiguilles à la seconde. Parfois je demande comment ça marche dans ma tête.

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