Ce que je vois ne laisse aucun doute : je suis dans la chambre de Dylan. Rangée, propre, presque trop. Aucune photo, des draps neutres, un bureau sans aucun papier en bordel dessus. Incroyable; il vit bien ici ? Mais c'est quoi ce mec ? Un maniaque. L'idée me fait rire, mais je comprends que c'est impossible devant un détail. Un panier, assez grand pour contenir un gros chien, posé au coin à côté du lit. Des nombreux jouets pour chiot sont dispersés tout autour, à peine mordillé. Maintenant que je regarde de plus prêt, il n'y a aucun poil dans le panier, ou sur la moquette. Bizarre. C'est peut-être un maniaque finalement.
- Hey, qu'es ce que tu fous là ?
Je sursaute et me retourne vivement. Dylan se tient dans l'encadrement de la porte, l'air furibond.
- Pour qui tu prends, Frisette ? Sors d'ici tout de suite !
Il doit y avoir quelque chose qui le gêne pour qu'il réagisse aussi violemment. Non pas que ce ne soit pas son habitude avec moi, mais là c'est différent. Il y a comme... une sensation de malaise que se dégage de lui. Je tente de le déstabiliser :
- Pourquoi ?
- T'es dans ma chambre, tête de pioche ! C'est privé, alors tu dégages !
C'est sûr, il a un problème.
- Pourquoi ? D'habitude t'es plutôt fier de montrer ce que tu as, et de le comparer avec tout ce que les autres n'ont pas et n'auront jamais.
- Ta gueule mouton, vires de là maintenant.
Il est vulnérable, et je sens que je dois tenter le tout pour le tout.
- Il n'y a rien que tu voudrais me faire regretter ? Pas ce beau lit, ou cet ordinateur qui doit coûter tous mes meubles réunis, ou cet équipement de basket meilleur que pour les pros ? Ou ce panier adorable pour un chien parfaitement dressé par tes soins ?
Son expression change soudain, il vire au rouge betterave, il semble sur le point de me réduire en compote, je me dis que j'ai peut-être été trop loin, même si je ne vois pas comment. Puis aussi brusquement que c'est venu, il perd ses couleurs et baisse les yeux sur le sol d'un air abattu. Si abattu que j'en aurais presque de la peine, si ce n'était pas Dylan. Je me retrouve comme un imbécile, à avoir le gars le plus populaire du lycée devant moi, sans défense et sans pote autour. Si je veux me venger pour mes années de souffrances et d'humiliation, c'est maintenant ou jamais. Mais avant que je ne puisse trouver une remarque cinglante et blessante, Dylan reprend la parole d'une voix que je ne lui avais jamais entendue. Lointaine... triste.
- Tu es le premier à avoir trouvé la clé.
- Quoi ?
- La clé, sous la photo de Mako.
- Mako ?
Il souffle, agacé. C'est vrai que je ne me montre pas très malin sur ce coup-là. Je tente de rectifier le tir :
- Le petit labrador ?
- Ouais.
- C'est son panier, là ? je demande en désignant la caisse en plastique renforcée d'un gros coussin.
- Oui. Il avait trois mois. Il aurait du avoir deux ans aujourd'hui.
Une boule commence à se former dans ma gorge tandis que je comprends ce qui va venir. Et qui ne vient pas, d'ailleurs. Je me décide à poser la question :
- Que lui est-il arrivé ?
Dylan sursaute, comme si il avait oublié que j'étais là. Je ne l'ai jamais vu aussi absent. Il est shooté ou quoi ?

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How To Bi
Roman d'amourJe suis grand, brun, yeux bleus, peau légèrement bronzée. Beau gosse. Tout le monde m'aime. Non, je déconne, je suis de taille banale, cheveux bouclés, yeux verts. Et je suis le gars que tout le lycée torture. Mais je le vis bien. Enfin avant qu'el...