Chapitre 20

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La journée commence mal : Dylan et moi devons prendre le bus ensemble, il ne s'est pas réveillé assez tôt pour m'éviter. Ce qu'il regrette clairement, vu comme il souffle et lève les yeux en l'air. Il marche vite devant moi, pour être sûr que je ne le rattraperai pas. Mon cœur est lourd. Max hante mon esprit, et la situation avec Dylan me blesse. Je n'ai pas réussi à manger ce matin, et c'est pour moi un signe clair : je ne contrôle plus rien, le petit-déjeuner est le moment que je préfère,vraiment, j'y pensais le soir avant de me coucher. Maintenant je me demande si je pourrai avaler quelque chose sans le ressortir. Et le pire est que tout se passe dans ma tête : quand ça va bien,j'arrive à vomir seulement une fois par jour. Quand ça se complique c'est tout le temps. Le problème est donc mental, mais je ne sais pas comment le résoudre. Alors je laisse aller, et je me concentre sur les cours. Je suis content de ne plus avoir maths, ça me fait un soucis en moins. Tout comme la physique-chimie.

Le menu de midi s'annonce affreux : c'est la journée du goût. Ils vont encore mettre du miel dans la viande et de l'ananas sur les pommes de terre. Immonde. Je préfère m'acheter un sandwich que je mange sur le banc. Mila me manque, j'ai hâte qu'elle sorte. Thomas me rejoint juste lorsque je termine de manger, il est tout heureux.Des cernes soulignent ses yeux mais ça ne semble pas l'atteindre. Je me demande ce qu'il lui est arrivé, depuis un moment il a l'air d'oublier ses soucis, et la joie l'anime. Et comme à chaque fois qu'il est heureux, il parle de Stars Wars. Et je stress en imaginant qu'il découvre que je n'ai jamais vu ces films. Mais il est trop dans son délire. Impressionnant. Il doit m'égaler avec le Seigneur des Anneaux. Malheureusement -ou pas- la sonnerie retentit pour nous rappeler qu'on doit aller en cours. J'y vais à reculons, surtout que je viens de me souvenir que je finis à 18h.

L'aprem passe lentement. Tellement lentement ! J'ai cru décéder au moins trois fois dans mon dernier cours. Mais dès que je sors les idées noires me reviennent en pleine face. Je me sens incapable de prendre le bus avec pleins de gens -mon côté asociale n'est toujours pas parti-, donc je commence à marcher. Oui, sérieusement,une bonne heure m'attend avant que je rentre, mais je vais marcher.Je laisse mon esprit dériver, et j'ignore mon portable qui sonne au moins 5 fois.

Je finis pas décrocher juste avant d'arriver à la maison : c'est ma mère.

-Tu es où ?

-J'arrive, je suis rentré à pieds.

-J'avais compris, oui.

-Alors pourquoi tu ne fais que m'appeler depuis tout à l'heure ?Pourquoi tu t'inquiètes ?

- Ce n'est pas moi, c'est ton ami.

-Mon ami ?

Je cherche dans ma tête qui pourrait se faire du soucis pour moi, ce n'est pas la première fois que je rentre à pieds après les cours.Paolo ? Martine ? Ma mère doit comprendre ma confusion, car elle finit par ajouter :

-Dylan. Il me pose pleins de questions depuis le moment où tu aurais dû franchir la porte si tu avais pris le bus. C'est-à-dire...longtemps.

Je reste sans voix.

-Bon, si tu rentres on va se voir, c'est inutile que je gaspille mon crédit.

Et elle raccroche. Je me dis parfois que ma mère est spéciale.

J'arrive effectivement une minute plus tard. Je remonte l'allée où sont garées les voitures, et en entrant dans le hall je vois Dylan descendre les escaliers. On se croise et il m'ignore royalement. Mais je ne peux pas me taire :

-Alors comme ça tu t'inquiètes pour moi ?

Il se fige à la sortie de la maison, puis se tourne vers moi. Il doit aller en soirée, il porte une chemise manches remontées grise et un jean noir. Ses cheveux ont un peu de gel. Ses yeux me fixent froidement, comme si je venais de l'insulter. Je ne bouge pas, et il dit finalement :

How To BiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant