Chapitre 29

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Je me lève à 10h. Et je suis sur le bord de lit, presque à deux doigts de tomber. Quand je veux me reculer, je me rends compte qu'un poids appuie sur mes côtes, qu'une masse m'empêche de m'éloigner du bord. Je commence à paniquer en imaginant pleins de choses, comme des cocons géants d'araignées, comme dans le Hobbit, des trucs dingues, puis je sens un souffle chatouiller ma nuque. Je respire doucement et ose enfin regarder ce qui oppresse mes côtés : une main. Et je me trouve idiot. Vraiment. Je soulève la main délicatement, puis me retourne et tombe à quelques millimètres du visage de Dylan. Il dort profondément, et je dépose un léger baiser sur ses lèvres. Si léger que ça ne le réveille pas. Puis je le regarde. Et je ne résiste plus : je dessine des traits invisibles sur son visage, effleurant sa joue, son front, ses paupières closes, son nez, qu'il fronce. Puis il se le frotte, d'une façon tellement mignonne que je souris et meurs d'envie de le serrer dans mes bras. Mais je ne veux pas le réveiller. Je ne l'avais jamais vu faire ça, et c'est ADORABLE ! Je me promets de le taquiner à ce sujet à son réveil.

Sauf que je me rendors et quand j'ouvre à nouveau les yeux il n'est plus là. Je sors de ma chambre et entends du bruit dans la salle de bain, ça doit être lui. Je descends en bas, vais dans la cuisine et me fige : Thomas est assis sur une chaise, en train de prendre un petit déjeuner. Thomas. Le gars qui m'a frappé, puis qui est devenu mon ami. Thomas. Quand il me voit il stoppe son geste, la tartine en suspense dans les airs.

-Tyler... qu'es-ce tu fais ici ?

-C'est plutôt qu'es-ce que toi tu fais ici ? Chez moi ?

-Oh non... ça veut dire que tu es le frère de...

Mais avant qu'il ne finisse sa phrase, Dylan arrive à son tour et me saisit par la taille pour m'attirer vers lui. Je n'ai pas le temps de le prévenir que son halène à la menthe -il vient de se laver les dents- me lèche et le visage et que ses lèvres se plaquent aux miennes. Je me dégage et désigne Thomas. Il tourne enfin la tête et là il se décompose. Thomas aussi. La tartine termine son vol, s'écrase sur la table et le plus lourd silence que j'ai jamais vu s'installe. Dylan porte plusieurs émotions sur le visage : surprise, colère, confusion. Thomas lui a clairement peur. Moi...ben je suis sur le cul ; parce que je crois avoir compris pourquoi il est là, enfin surtout pour qui...

-Ah, bonjour tout le monde ! Vous avez fait la connaissance de mon petit copain, Thomas !

Jason débarque et va vite poser un baiser à Thomas, qui nous fixe toujours, avec peur pour Dylan, étonnement pour moi. Jason ne capte rien et va se servir du chocolat en poudre pour le mélanger dans sa tasse. Puis il s'assoit à côté de son... copain.

-Donc Thomas voici Tyler, mon petit frère, et Dy...

-On se connaît.

Le ton de Dylan est froid. Sans appel. Thomas finit par reprendre ses esprits et se lève. Jason nous regarde sans comprendre, mais Thomas ne lui laisse pas le temps de poser de questions, il passe devant nous -en évitant Dylan grâce à un large contour- et s'enfuit.

-C'est quoi le problème ?

-Ben...

Je ne vois pas comment expliquer ça. Mais Dylan s'en charge :

-Il a manipulé Tyler pour l'obliger à m'humilier, puis quand il a voulu arrêté il l'a tabassé. Alors moi aussi, sauf que pour lui ça s'est fini à l'hôpital.

Deux phrases. Simples, claires. Mais avec un gros impact. Je n'ai jamais vu Jason énervé. Le pire emportement auquel j'ai pu assister c'était quand on coupait le réseau internet, y a des années. Jamais depuis. Jamais comme ce qu'il se passe maintenant. Il se lève, saisit sa tasse et la balance par terre. Elle explose avec violence et les éclaboussures de lait au chocolat recouvrent les alentours. Il tape du poing sur la table, puis prend le bol de Thomas, qui subit le même sort que la tasse. Dylan et moi ne bougeons pas. En fait je ne sais pas pourquoi il s'énerve : si c'est parce que Thomas s'est mal comporté, ou parce que Dylan l'a envoyé à l'hosto. Donc je ne dis rien. Une fois toute la vaisselle sur la table brisée, il se tourne vers nous avec une moue de rage :

How To BiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant