Chapitre 8

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Le samedi passe lentement, je fais mes fiches pour le bac, c'est le moyen le plus radical pour éloigner mes pensées du le lycée. J'espère que le week-end mettra un terme aux rumeurs sur Dylan, ou au moins que ce sera plus calme lundi. Le samedi soir ma mère me propose d'aller au restaurant, ce que j'accepte à condition de payer ma part. On va juste au snack du coin, faute de moyens pour faire mieux. Ça n'empêche pas qu'on se régale. On repart en passant devant quelques boutiques d'occasion, je souris en la voyant guetter chacune de mes réactions devant les produits. C'est vrai que mon anniversaire est la semaine prochaine. Le bac deux après. Youpi !!!

Je rentre et m'endors d'un coup.

Je rêve cette nuit-là.

Je cours, et des gens sont tout autour de moi. Mila à mon côté, ma mère derrière. Je lui tends la main, mais elle cri et la rate, avant de se faire aspirer par la foule. Je regarde devant moi, et je pile net : je suis seul, face à plein de papiers : le carnet intime de Dylan. Sauf que tout est de mon écriture, je suis Dylan. Le sentiment de tristesse et de malaise que je ressens est terrible, tout comme la haine qui me saisit quand je vois mon reflet dans un miroir. Je m'avance, prêt à y mettre mon poing, mais je me retourne : deux enfants jouent ensemble. Un frisé -moi- et Dylan, avec l'apparence de la photo du carnet -oreilles rouges et tout le reste-. On joue ensemble et apparemment on s'entend super bien. On doit être au primaire, à l'époque où les populaires n'ont pas tout détruit. Au moment où on se lève et qu'on se dit au revoir, je grandis d'un coup, mais Dylan reste un enfant. Je l'engueule, et il commence à pleurer. Puis il grandis aussi, en connard du lycée. Tout le bahut est derrière lui, et ils me dévisagent. Je m'enfuis en courant, mais il n'y a plus de sol. Je tombe et me réveille.

Il est 6 heures du mat. Je me lève, en sueur. On est dimanche, merde ! Je pourrais pas faire la grasse matinée pour une fois ?

Je descends à la cuisine, me serre un verre d'eau. Je repense à mon rêve : c'est vrai que Dylan et moi étions à la même école. Comme tous les gamins on jouait ensemble, puis il est devenu un abruti au collège, et on a été séparé pour de bon. Opposés en tous points. Je souris comme un idiot, seul réveillé dans la maison endormie. J'avais réussi à retrouver ce Dylan cool, mais j'ai tout fait foirer. Mais quel génie je fais ! Je bois et je remonte, pas prêt à dormir. Mon cœur bat toujours vite. Je regrette tellement. Je suis vraiment agité. Puis je gaffe : je m'habille, écoutant mon instinct et pas ma tête. Je ferme à clé et les prends avec moi. Je cours. Jusqu'à la maison de Dylan. Je ne sais pas ce qui me prend, mais je m'accroche à l'image du petit garçon avec qui je jouais, et je j'appréciais. Je traverse la pelouse. Je fais vraiment un truc idiot, il doit être aux alentours des 7 heures du matin. Mais au pire son père me déteste déjà, je n'ai plus grand chose à perdre. Je m'apprête à sonner, mais je me fige. Inutile de réveiller toute la maison, surtout que Dylan risque de ne pas vouloir me laisser entrer. Je dois le mettre devant le fait accompli si je veux avoir une chance.

Je contourne la maison, et repère la fenêtre de la chambre qui m'intéresse. Il y a une sorte de grillage sur le côté : sa chambre se trouve juste au dessus de la mini terrasse, recouverte d'une toiture. Le grillage est recouvert de plantes grimpantes, et il me donne un accès facile au toit. La fenêtre se situe à même pas deux mètres de la bordure. Je devrais y arriver, même à 7 heures du matin.

Je commence à grimper, plaçant mes pieds dans les trous -logique- et m'élevant avec mes bras. Dylan avait raison : je suis nul en sport. Mais je parviens quand même aux tuiles, essoufflé. Je prends le temps de me calmer, puis je me lève doucement. J'ai le vertige. Je me tiens au mur, le toit est épais de deux mètres. J'arrive à la fenêtre non sans peine, mais elle est fermée. Normale, et heureusement le volet n'est pas clos. Je regarde dans la pièce : Dylan dort sur les draps, les bras en étoile. Sur le dos, je vois son ventre se soulever doucement à chacune de ses inspirations, car il est en short de sport. Je toque à la fenêtre, mais pas assez fort. Je recommence, et je manque de me casser la gueule : elle n'est pas fermée, il suffit que je la pousse pour qu'elle s'ouvre. J'hésite : Dylan dort toujours, il n'a rien remarqué. Si je rentre dans la chambre tout seul, il peut mal le prendre, mais si je ne m'impose pas il risque de me fermer la fenêtre au nez. Je me décide, et m'assois doucement sur le rebord. Puis je passe mes jambes dans la pièce. Je saute souplement et atterri sur la moquette, qui amorti le bruit. Je me dirige vers le lit, le cœur battant à fond.

How To BiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant