Chapitre 22

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   Je me réveille souvent dans la nuit, mais je me rendors presque immédiatement. Vers 8h30 j'ouvre à nouveau les yeux, je me rends que ce qui m'a réveillé c'est Dylan, qui s'habille pour partir avec Derek. Je fais semblant de dormir encore, pour ne pas qu'il ne se sente coupable. Donc je garde les yeux clos, l'air de rien. J'entends du mouvement, mais je ne réagis pas, même quand il me semble que ça se dirige vers moi. Puis un poids se pose à côté de moi. Je suis allongé sur le côté, comme hier, dos au milieu du lit. Le poids est placé sur l'extérieur du lit. Je sens un souffle effleurer ma joue, puis quelque chose se pose tout doucement sur mes lèvres.C'est comme une caresse, ça s'en va beaucoup trop vite. Mais j'ai eu le temps d'identifier la chose, j'ai déjà connu ça, de façon à peine plus légère, à la soirée de fin d'année. Un baiser. Puis des pas s'éloignent vers la porte, je perçois la poignées'abaisser. J'ouvre les yeux, réalisant qui est la seule personne qui peut m'avoir donné ce baiser. Je lance avec la voix cassée :

-Dylan ?

   Le bruit de la poignée s'éteint. J'ai l'impression de me trouver seul,mais il finit par murmurer :

-Tu dormais pas ?

-Non. Tu viens vraiment de...

-Je suis à la bourre, je dois y aller.

   Et il sort en fermant la porte. Je m'assois, le cœur battant. Mes pensées sont dispersées, et pourtant elles tournent toutes autour de lui. Il vient de m'embrasser. OK, pas de panique. Il semble le regretter, vu comme il a fuit la conversation. Mais il l'a fait,en pensant que je dormais, comme si il faisait une bêtise et qu'il ne voulait pas que je le sache. Comme quand on fait une bêtise,quoi ; en général on veut pas que les autres le sachent. C'est bien Tyler. Mon cerveau va au ralenti, j'essaie de me rendormir,mais c'est peine perdue. Je me lève, attends un peu pour entendre si il y des gens debout, si ils sont partis, mais je ne perçois rien.Je m'autorise donc à aller dans la salle à manger, où je suis bien seul. Il est tôt, ma mère se repose avant de reprendre le boulot la semaine prochaine. Je prends un biscuit et un verre d'eau. Je suis calme, mon rythme cardiaque est redevenu normal. J'appréhende maintenant le moment où Dylan reviendra, j'ai peur qu'il m'échappe encore une fois, comme toujours quand on se rapproche. Je ne le laisserai pas faire. Non.

   Ma mère se lève un peu avant midi. Je me suis endormi sur la table, et mon dos me fait mal quand je me relève. Elle se prend un petit-déjeuner, et on discute avant qu'ils ne reviennent. Dylan agit comme si de rien n'était alors je fais pareil. Si on doit discuter,ce ne doit pas être devant mes parents. Je m'étonne d'employer si facilement cette formule ; mes parents ; mais c'est rentré dans mes habitudes je pense. Je n'ai pas encore osé appeler Derek papa mais je vais bientôt essayer. On prépare nos affaires pour le départ, on mange tranquillement dans une bonne ambiance, semblable à chaque repas. Je me demande même si je n'ai pas rêvé le scène de ce matin. Mais quand je vais prendre mon sac dans la chambre et que Dylan y entre à son tour, sa réaction -un arrêt brutal en me voyant et un demi-tour aussi rapide que si j'avais été un raptor-ne laisse aucun doute. J'essaie de prendre un air détaché, mais je ne peux pas cacher ma déception. Je range vite et prends tout avant d'aller me poser sur une chaise dans la cuisine. J'ai presque rien mangé à midi, mais au moins je garde tout.

-Vous êtes prêts ? nous demande Derek en rentrant.

    Il vient d'ouvrir la voiture pour l'aérer et éviter qu'on ai trop chaud au début, avant que la clim se mette en route. La clim en voiture c'est le top, j'aime trop ça, avec presque tout ce que je connais de nouveau depuis qu'on vit chez Derek.

   On monte en voiture, disposés comme à l'allée. Il y a une tension claire entre Dylan et moi, que les adultes ne voient pas ; Derek est trop occupé à essayer de faire comprendre à ma mère l'intérêt de visiter des vestiges comme ceux d'hier, et ma mère tente vainement de lui faire comprendre qu'elle s'en fout. Une demi-heures'écoule, je ne bouge presque pas, c'est à peine si je respire. Un virage mal prit me fait glisser vers Dylan, je m'éloigne le plus vite possible, pour ne pas le gêner, de façon très maladroite. Pas discrète du tout. Il me regarde un peu surprit, mais je n'arrive pas à faire comme si tout allait bien. Je ne sais pas mentir, c'est pas nouveau. Je sens un malaise monter en moi. Il me fixe un moment, puis il me sourit. Timidement, comme une demande de pardon. Alors je monte le coin de mes lèvres  en sourire hésitant, et il baisse les yeux. Je tourne la tête vers la fenêtre,  rassuré. Je ne l'ai peut-être pas perdu après tout.

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