Chapitre 18 : L'évasion

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    Les jours passent depuis le retour de Lucie à la maison. Il semble que ma mère ne puisse se détacher d'elle ne serait-ce qu'un instant. Ses yeux et son esprit sont constamment rivés sur ma petite sœur, et chaque geste, chaque parole sont empreints d'une inquiétude profonde. Je la vois surveiller ses repas, lui administrer les doses d'insuline nécessaires avec une attention minutieuse, et veiller à ce qu'elle reste hydratée en permanence. Je l'entends même la nuit, déambulant dans le couloir.

Je ne peux m'empêcher de ressentir un pincement au cœur en observant leur relation. Je sais que ma mère agit par amour et par souci, mais une part de moi se sent mise de côté. J'ai l'impression d'être reléguée au second plan, une pensée que je m'efforce de refouler, mais qui persiste néanmoins.

Peu importe mes efforts, je me sens invisible, comme si ma présence n'était pas vraiment remarquée. La fatigue prends le dessus, et mon seul moyen de soutien est de la laisser  tranquille. De ne rien demander, de ne pas faire un bruit. D'être invisible.

Lucie fait la sieste. Je m'installe dans le salon avec un livre à la main. J'essaie de me plonger dans les mots imprimés sur les pages, mais mon esprit est ailleurs. La brise légère qui souffle à travers la fenêtre apporte avec elle une mélodie apaisante, mais même cette douceur ne parvient pas à chasser le sentiment de détachement qui grandit en moi.

Ma mère entre dans le salon, le visage fatigué et l'air énervé.

"Inaya, as-tu vu où j'ai mis le lecteur ? J'ai besoin de vérifier la glycémie de Lucie."

"Je crois qu'il est sur la table, là-bas."

"Merci."

Elle prend le lecteur et quitte la pièce, me laissant seule avec mes pensées. Les larmes me montent aux yeux alors que je lutte pour contenir les émotions qui me submergent. Je veux être compréhensive et solidaire, mais il est difficile de ne pas se sentir délaissée.

Le soir tombe. Personne ne m'a adressé la parole. j'ai l'impression qu'elle ne se rend pas compte à quel point j'ai besoin d'elle.

Je prends une profonde inspiration, me préparant mentalement à aborder le sujet délicat avec ma mère.

"Maman, il y a quelque chose que j'aimerais te demander. Est-ce que tu pourrais m'aider à réviser pour mon prochain examen de mathématiques ? J'ai quelques questions auxquelles je ne comprends pas bien les réponses."

Elle me regarde, semblant hésiter un instant. Puis, son visage s'assombrit et elle soupire.

"Je n'ai vraiment pas le temps en ce moment. Tu sais à quel point je suis occupée avec Lucie. Si tu as des problèmes en maths, demande à ton père ou à un camarade de classe."

Mon père... Ce n'est certainement pas lui qui va m'aider avec les études. 

Je sens un nœud se former dans ma gorge, la déception et la tristesse m'envahissant. J'aurais aimé que ma mère me montre ne serait-ce qu'un peu d'attention, mais il semble que Lucie occupe toutes ses pensées.

"D'accord, maman. Je me débrouillerai."

Je quitte la chambre de ma mère, mes pas lourds de déception résonnant dans le couloir. Une fois dans ma propre chambre, je m'effondre sur mon lit, laissant échapper quelques larmes de frustration. Je suis partagée entre ma volonté de soutenir ma mère dans cette période difficile et le besoin de me sentir soutenue en retour.

Avant de me glisser sous les draps, je vais dans le salon où Lady, ma chienne fidèle, est étendue sur son coussin. Son regard chaleureux et sa queue qui remuent joyeusement semblent me dire qu'elle comprend, d'une manière canine, ce que je traverse. Je m'agenouille près d'elle et pose ma tête sur sa fourrure douce, laissant échapper un soupir.

Paraître sans faiblirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant