Mon cœur fait un léger sursaut, comme si une décharge d'électricité parcourait mon être. La voix de mon père, rarement entendue ces dernières semaines, crée un mélange complexe d'émotions en moi.
"Bonjour papa," réponds-je d'une voix douce, mais je sens déjà une pointe d'appréhension monter en moi.
"Inaya, il faut qu'on parle sérieusement, je ne peux pas ignorer le fait que tu ne m'appelles pas aussi souvent que tu ne le devrais," déclare-t-il d'un ton plus tranchant que d'habitude.
Et voilà, pas même un "comment-vas tu ?" ou bien "tu m'as manqué ma fille..."
Ses mots résonnent dans l'air, me frappant comme une accusation voilée. J'entends dans sa voix un soupçon de frustration.
"Papa, je suis désolée. C'est ma faute... Mais tu pourrais aussi m'appeler de temps en temps," ma voix tremble légèrement.
Un silence pesant suit ma remarque, remplissant l'espace entre nous d'une tension palpable. Je sens que nous sommes tous les deux sur la défensive, chacun attendant l'autre pour prendre l'initiative.
"Écoutes, je comprends que tu sois occupée avec l'école et tout ça. Mais ça me ferait plaisir de te voir plus souvent, de savoir comment tu vas."
Ha ba enfin... mieux vaut tard que jamais.
J'acquiesce silencieusement, me rendant compte qu'il a aussi ses propres préoccupations et besoins émotionnels. Même si sa manière de s'exprimer peut être abrupte, je peux sentir que ses intentions sont sincères.
"Je vais faire un effort, papa. Et je viendrai te voir ce week-end, d'accord ? "
L'attente de sa réponse semble durer une éternité, jusqu'à ce qu'il réponde finalement d'un ton plus léger, presque rassuré.
"C'est une bonne idée. Ça me ferait plaisir de te revoir."
Nous nous apprêtons à raccrocher, quand une lueur d'appréhension chatouille le coin de mon esprit.
"Au revoir, papa," dis-je finalement, mes mots portant à la fois un sentiment de promesse et de mystère.
"Prend soin de toi, ma fille."
Laissant le téléphone glisser de mes doigts, je ressens une étrange combinaison d'émotions. D'un côté, il y a ce sentiment d'avoir fait quelque chose de bien, d'avoir répondu à l'appel de mon père. De l'autre côté, je me demande si ce week-end va vraiment être différent, si nos interactions vont changer réellement. Une part de moi a l'impression que nous sommes sur le point de franchir une nouvelle étape, mais je ne sais pas encore ce que cela signifiera exactement. Une touche de suspense persiste dans l'air, une anticipation pour ce qui va suivre.
Argenteuil... Le nom évoque des rues étroites et labyrinthiques, des ombres se glissant dans les recoins, des murmures secrets qui se mêlent à l'air. Mon père habite là-bas, dans une réalité que je préfère généralement éviter.
C'est une petite maison rose, m'a-t-il dit. Mais ce n'est pas la couleur qui me rend inquiète, c'est l'environnement, le quartier mal famé où elle se trouve. Des personnes étranges, principalement des hommes, errent dans les rues, appuyés contre les murs, leurs regards fixes, dévisageant chaque passant. Ils semblent figés dans le temps, des ombres de la vie réelle dans un milieu défavorisé.
Argenteuil est une ville aux multiples facettes, un tableau vivant d'oppositions. À chaque coin de rue, une nouvelle odeur s'élève, une symphonie discordante de relents qui se mêlent au grondement sourd de la circulation incessante. Les voitures filent dans les rues principales, leur gaz d'échappement ajoutant une couche de pollution supplémentaire à l'atmosphère. Les rues elles-mêmes sont comme des artères bétonnées, dépourvues de toute trace de verdure. La nature semble avoir été reléguée aux marges de la ville, éclipsée par la domination du béton et du bitume. Les bâtiments se dressent avec une certaine arrogance, chacun racontant une histoire différente de la vie urbaine qui s'écoule dans leurs veines.
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Paraître sans faiblir
Novela JuvenilAu cœur des tourments de l'âme d'Inaya, une mélodie de dualité se joue, tissant les fils de sa vie en une toile complexe de croyances opposées et d'amours contrariés. A dix-sept ans, elle navigue dans un monde de contradictions, portant les poids si...